Il avait fallu attendre 5 années pour que soit franchie la barre du million d’euskos en circulation. C’était en 2018. Seulement 3 ans plus tard, c’est celle des 3 millions qui vient d’être dépassée, « confortant l’eusko dans son statut de plus importante monnaie locale d’Europe », vient d’annoncer l’association Euskal Moneta, qui la promeut et revendique aujourd’hui 4.000 adhérents, lesquels peuvent payer quelque 1.200 professionnels du Pays basque français en euskos.
À l’origine de cette progression récente de l’eusko, il y a d’abord la digitalisation. En 2017, l’association avait déjà mis en place les comptes en ligne et son « euskokart » de paiement. Puis l’an dernier, elle a lancé son appli mobile euskopay, qui rencontre un franc succès puisque 1.200 adhérents l’utiliseraient déjà.
« Nous avons développé ces outils numériques pour simplifier et encourager l’usage de la monnaie locale au quotidien, mais cela n’a pas pour but de faire de l’ombre aux billets », expose néanmoins Euskal Moneta, qui s’appuie sur 26 bureaux de change pour faciliter les conversions. Aujourd’hui, près de 150.000 euskos sont chargés chaque mois sur les comptes des adhérents.
On rappelle au passage que l’eusko a été créé dans le but d’encourager l’économie, la culture (et en particulier la langue basque) et les associations locales. Ces dernières perçoivent en effet une part des transactions. Grâce à son dispositif du « don 3% eusko », Euskal Moneta a ainsi distribué cette année plus de 50.500 euros à 61 associations, contre 38.600 l’an dernier.
Locomotive des monnaies locales
À côté de ces fondamentaux, Euskal Moneta continue de proposer de nouveaux services à ses adhérents. À la rentrée, l’association a par exemple lancé son « Eusko Kulturala », un agenda mensuel des sorties culturelles payables en euskos. Les organisateurs d’événements peuvent d’ailleurs prendre contact avec l’association pour annoncer leurs manifestations.
En parallèle, la monnaie alternative basque continue d’étendre son rayonnement. Cet été, elle a par exemple aussi franchi le seuil des 30 mairies adhérentes. Elles sont 33 à ce jour. « Si ces adhésions renforcent la crédibilité de l’eusko aux yeux des habitants et du tissu économique, il faut surtout souligner que l’utilisation de la monnaie locale par les collectivités est l’une des clés qui permettra de booster ses impacts écologiques, solidaires et économiques », indique Euskal Moneta.
L’association avance qu’« une mairie qui développe le paiement de ses factures ou subventions en eusko a un impact direct pour renforcer l’économie et l’emploi de son territoire, car un euro dépensé en eusko, c’est un euro qui continue à circuler localement. Un paiement en monnaie locale génère ainsi 1,25 à 1,55 fois plus de revenus pour le territoire qu’un paiement en euro ».
Pour finir, on ajoutera que du fait de son statut, l’eusko est aussi une locomotive pour les autres monnaies locales. « Plus de 23 monnaies locales de toute la France sont venues se former cette année au Pays basque auprès de l’eusko grâce à un programme proposé par l’Institut des Monnaies Locales (IML), soutenu par la Fondation Charles Léopold Mayer », explique ainsi Euskal Moneta, qui a proposé 3 formations entre juin et septembre.
« Le but de ce projet de formation, menée en partenariat avec le Mouvement SOL, fédération française des monnaies locales, est de favoriser la montée en puissance des monnaies locales pour que ce nouvel outil pour la transition et la résilience des territoires se développe partout en France, puis en Europe ». D’autres formations sont annoncées pour 2022. Parmi les monnaies concernées, outre la « Cigogne » alsacienne et la « Roue » marseillaise, on en compte plusieurs en Adour : la « Sonnante » (Hautes-Pyrénées), la « Plume » (Gers) et la « Tinda » (Béarn).
Bref, l’eusko n’a pas fini de nous surprendre, et ses petites sœurs d’Adour sont prêtes à suivre son exemple.
Plus d’informations sur le site internet d’Euskal Moneta au Pays Basque
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