Pionniers. De prime abord, c'est un mot qui sonne comme une promesse d’exploration, d’ouverture et de prise de risque. Depuis deux ans, c’est aussi le nom d’un programme d’open innovation porté par Le Connecteur à Biarritz, Hub unique sur le territoire qui encourage l’épanouissement et favorise la réussite. L’objectif ? Provoquer la rencontre entre étudiants, entreprises locales et experts pour co-construire des solutions concrètes, en réponse à des problématiques réelles.
Pour cette deuxième promotion, le programme a pris de l’ampleur, élargissant le panel d’écoles partenaires, enrichissant l’expérience avec des masterclass, des temps en présentiel et même l’introduction d’un avatar IA. Un changement de braquet salué par les participants, à commencer par Carla Leplus et Frédéric Pecastaing, dirigeants de Wonder Cleaner, entreprise de nettoyage industriel, Matteo Da Silva, étudiant entrepreneur dans l’âme, et Vanessa Pretotto, représentante du programme.
L’intelligence collective comme moteur
« L’intelligence collective, c’est l’idée que chacun, avec son vécu, son parcours et ses compétences, a quelque chose à apporter », pose d’emblée Vanessa Pretotto. « Ce n’est pas une addition de talents, mais une mise en commun pour créer ensemble quelque chose de plus grand. » Chez Pionniers, cette vision prend une forme très concrète : des équipes pluridisciplinaires, mêlant étudiants en ingénierie, design, école de commerce ou développement IT, accompagnées par des experts métiers et trois managers de projets.
L’entreprise Wonder Cleaner, qui a rejoint le programme cette année, est venue chercher « un regard neuf sur son métier », confie le directeur général Frédéric Pecastaing. « Le nettoyage industriel, c’est un secteur essentiel, mais pas toujours très “sexy”. On avait envie de sortir de notre routine, de se confronter à des idées nouvelles, voire disruptives. »
Un changement de méthode… et de regard
Cette collaboration entre générations et disciplines a été l’un des points forts du programme. « Avec mon équipe, on a trouvé notre rythme très rapidement », explique Matteo Da Silva. « On se voyait chaque semaine avec l’entreprise, on avançait, on testait des idées. Ce format nous permettait de vraiment construire en co-conception. »
Même enthousiasme du côté de Wonder Cleaner. « Les étudiants ont été incroyablement réactifs », souligne Carla Leplus, PDG du Groupe « Ils ont vite saisi nos enjeux, ils ont apporté des idées fraîches, mais aussi su nous recadrer quand on s’éparpillait. C’était un vrai échange, avec un respect mutuel très fort. »
À la clé, une solution innovante, « potentiellement industrialisable », selon les dirigeants, qui envisagent de poursuivre la collaboration post-programme. « On se revoit fin mai pour explorer les possibilités de financement. Ce serait dommage de ne pas pousser cette idée plus loin. »
Autre nouveauté de cette promotion : l’intégration d’un avatar d’intelligence artificielle. Un outil pensé pour alléger la charge cognitive des étudiants, mais qui s’est révélé bien plus que cela. « L’IA nous aidait à transcrire nos échanges, à structurer nos idées, mais aussi à aller plus loin dans la réflexion », raconte Matteo. « On pouvait tester des analogies, explorer des pistes auxquelles on n’aurait pas pensé seuls. »
Vanessa Pretotto abonde : « L’IA a été un accélérateur, pas un substitut. Certains étudiants avaient des réticences au départ, mais une fois qu’ils comprenaient que c’était un levier de créativité et non une béquille, cela a vraiment décuplé les possibilités. »
Un apprentissage mutuel
Si les étudiants ont appris à structurer une idée, à la confronter au réel, à coopérer avec des profils différents du leur, les entreprises, elles, ont gagné en fraîcheur, en énergie et en perspectives. « Ils nous ont dit qu’on travaillait en mode préhistorique ! » plaisante Frédéric. « Mais c’était dit avec bienveillance. Et ils avaient raison. Grâce à eux, on a pu imaginer une autre manière de faire, plus agile, plus moderne. »
Carla Leplus renchérit : « À 50 ans, on a parfois l’impression d’avoir fait le tour. Mais eux, ils nous ont apporté un second souffle. C’est une jeunesse communicative, un espoir renouvelé. »
Et du côté des étudiants, l’enrichissement est tout aussi palpable. « J’ai découvert une autre façon de travailler en équipe », explique Matteo. « Dans mes expériences précédentes, j’étais avec des gens qui pensaient comme moi. Là, il a fallu s’adapter, écouter, trouver des compromis. C’est une vraie école de la vie. »
Au fil des mois, Pionniers est passé du statut de concept à celui de marque. Avec trois piliers fondateurs : “Cultive ta différence”, “Deviens la référence”, “Reste affamé”. Des mots qui traduisent bien l’esprit du programme, à la fois inclusif, exigeant et tourné vers l’avenir.
Et cette année, l’équipe du Connecteur a mis les petits plats dans les grands avec un « trade show » public pour conclure l’expérience, un jury mêlant figures locales et jeunes entrepreneurs, comme Olivier Neys (président du Medef Pays Basque) ou encore Jules Simiand-Brocherie (jeune entrepreneur étudiant), des masterclass hebdomadaires... « On voulait montrer que l’innovation, ce n’est pas réservé à quelques-uns », explique Vanessa. « C’est un processus collectif, vivant, ancré dans le réel. »
Une innovation locale
Cette vision de « local innovation » est au cœur de la démarche. Pas question de plaquer des méthodes toutes faites sur les PME du territoire. « Ce qu’on propose, c’est un pas de côté », dit Vanessa. « Beaucoup d’entreprises n’ont pas les moyens d’avoir un service R&D. Pionniers, c’est une manière pour elles d’explorer des pistes, pour pouvoir innover. »
Et ça fonctionne. « Les entreprises ont joué le jeu, elles se sont ouvertes, elles ont partagé », observe Vanessa. « À la fin, il y avait une vraie émulation. Les projets se répondaient, les idées circulaient, les bonnes pratiques se transmettaient. tout le monde est ressorti, je pense, avec quelque chose de grandi et de différent. »
Et s’il fallait résumer Pionniers en une phrase ? Matteo n’hésite pas : « C’est une expérience humaine, avec plein de rebondissements, comme l’entrepreneuriat. » Une immersion qui donne à voir l’envers du décor, les doutes, les tâtonnements… mais aussi l’enthousiasme, la persévérance et la magie de la collaboration.
Du côté de l'organisation, elle se projette déjà sur la prochaine promotion. Vanessa nous confie : « on va retravailler nos formats, on va changer aussi le séquençage du programme. On adorerait l'année prochaine avoir des entreprises en agriculture... » Beaucoup d'idées sur lesquelles travailler tout en gardant toujours le territoire en socle.
Sébastien Soumagnas
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