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1500 COUPS DE POUCEUne ado de 17 ans à la rescousse de l’exploitation familiale

Camille, future agricultrice passionnée, et son père Jean-François Van Daële, lancent un appel vibrant à la solidarité pour sauver l’exploitation familiale, fruit de trois générations de travail acharné.
Jean-François Van Daële et sa fille Camille
Ferme Estamoulié DR
Elève au lycée agricole de Montardon, elle a lancé une cagnotte pour sauver la ferme d’Estamoulié avec l’espoir de reprendre un jour ce patrimoine rural bâti à la force du poignet.
La ferme d’Estamoulie traverse aujourd’hui une crise sans précédent
Estamoulié DR

À Mazerolles, au cœur des Landes, la ferme d’Estamoulie traverse aujourd’hui une crise sans précédent. Une bataille se joue, à savoir celle pour la survie d’une exploitation agricole, portée à bout de bras par Jean-François Van Daële, 53 ans, et désormais épaulée par sa fille Camille, 17 ans.

À force de tempêtes, de coups du sort et de factures empilées, Jean-François en est arrivé là : 75 000 euros de dettes qui étranglent l’exploitation. Un blocage devenu total depuis que la coopérative de matériel agricole de Mazerolles (la Cuma) a suspendu l’accès aux engins, faute de paiement. Plus de semis possibles sans herses ni semoirs. Plus d’épandage sans pailleuse. Bref, une ferme immobilisée.

La ferme d’Estamoulie est née en 1965, grâce au courage d’un fils de métayer qui, à force de travail et de sacrifices, bâtit sa propre exploitation. Son fils, Jean-François Van Daële, en a repris les rênes en 1994, en diversifiant les activités : élevage de Blondes d’Aquitaine et de Limousines, grandes cultures, mais aussi volailles Label Rouge, dans un souci constant de qualité et de respect du vivant.

Une accumulation d’épreuves

À 17 ans, Camille porte fièrement l’héritage de son grand-père. « Je m’appelle Camille, j’ai 17 ans, et je porte le prénom de mon grand-père, en son hommage. » Actuellement élève au lycée agricole de Pau Montardon, elle rêve de s’installer sur l’exploitation familiale dès l’obtention de son diplôme.

Malheureusement, les dernières décennies n’ont pas épargné la ferme. « Mon père a traversé de nombreuses épreuves qui ont durement fragilisé l’exploitation. Il a dû faire face au décès de ses parents, puis à un divorce, qui l’ont contraint à assumer seul la gestion de la ferme, tout en élevant ses deux filles. »

Les aléas climatiques à répétition, ainsi que les dégâts causés par les sangliers et les palombes, ont compromis les récoltes sur plusieurs hectares. À ces difficultés s’ajoutent plusieurs crises sanitaires majeures.

« La grippe aviaire a empêché tout élevage de volailles, puis deux virus ont touché les ruminants, la maladie de la langue bleue (FCO) et la maladie hémorragique épizootique (MHE), et nous ont interdit la vente de nos veaux et vaches. » Ces coups durs ont entraîné des retards de trésorerie, mettant la ferme dans une situation critique. « Aujourd’hui, nous sommes dans une impasse. » Camille, elle, refuse de baisser les bras. Son rêve : reprendre la ferme à la fin de ses études.

Lycéenne agricole à Montardon, elle connaît déjà la dureté du métier. Quand elle n’est pas en cours, elle trime aux côtés de son père, qu’il pleuve ou qu’il vente. Nettoyer les cabanes, pailler les étables, nourrir les bêtes : ici, il n’y a pas de "petites mains", seulement des bras volontaires.

Son projet pour Estamoulié ? Relancer deux activités porteuses, à savoir la production d’asperges en vente directe et développer un élevage de poules pondeuses. Mais pour cela, la ferme doit tenir debout encore trois ans. Trois longues années de suspense.

Une cagnotte pour un patrimoine vivant

Camille veut développer la production d’asperges en vente directe et développer un élevage de poules pondeuses
Ferme Estamoulié DR

Face à l’urgence, la famille a décidé de lancer une cagnotte solidaire. L’objectif immédiat : régler 50 000 euros de factures impayées auprès de la CUMA, indispensables pour pouvoir remettre en culture les terres.

« Si nous ne parvenons pas à régler rapidement les factures de la CUMA, les conséquences seront dramatiques. Sans ce règlement, nous ne pourrons pas procéder à la mise en culture des terres. » Et Camille d’ajouter, avec émotion : « Ce serait la fin d’une histoire familiale construite avec patience, courage et détermination depuis trois générations. »

Dans les champs, rien n’est joué tant que la moisson n’est pas rentrée. Jean-François a déposé un dossier "Agriculteur en difficulté" auprès de la Chambre d’agriculture des Landes. Avec l’espoir d’obtenir aides et rééchelonnements.

Malgré les difficultés, la ferme d’Estamoulie continue d’être rythmée par la vie animale et les petits miracles du quotidien. Jean-François partage avec émotion : « Depuis qu’on a lancé la cagnotte, on a reçu énormément de soutien, de partages, de messages adorables. Franchement, ça nous touche beaucoup et ça nous fait un bien fou. [...] Depuis les premiers jours de la cagnotte jusqu’à aujourd’hui, plusieurs veaux et vêles sont nés. Voir une mère lécher son petit pour la première fois, entendre le premier souffle, c’est toujours bouleversant. Ces moments-là nous remplissent de force et de sens. »

Au fil des jours, chaque message, chaque don, chaque pensée redonne un peu d'espoir à la famille. « Grâce à vous, on se sent moins seuls dans cette aventure. Vous êtes là, à nos côtés, et ça fait toute la différence. On avance grâce à vous, pas à pas. Et on ne lâche rien. »

COUP DE POUCE

La ferme d’Estamoulié est une histoire vivante, une mémoire rurale bâtie génération après génération, à la sueur et au courage. Aujourd’hui, ce patrimoine est menacé, suspendu à l’élan de solidarité de ceux qui croient encore aux histoires de transmission, de passion, de respect du vivant.

Camille, 17 ans, porte cette ferme dans son cœur comme on porte un héritage précieux. En lançant cette cagnotte, elle n’a pas seulement tendu la main pour sauver l’exploitation de son père : elle a ouvert une fenêtre sur l’avenir d’une agriculture familiale, humaine, enracinée. A ce titre, Jean-François et Camille méritent vraiment un coup de pouce de notre part. Comment ? N'hésitez pas à partager cet article autour de vous et dans les réseaux sociaux pour aider la ferme d'Estamoulié à continuer de vivre.

Votre don, qu’il soit modeste ou plus conséquent, peut devenir une graine d’espoir semée dans la terre de Mazerolles. Une graine qui permettra à Estamoulié de surmonter cette passe difficile, d’envisager demain avec moins d’angoisse, plus d’énergie. Parce que derrière chaque poulailler réparé, chaque veau élevé, chaque asperge récoltée, il y a une famille, une passion, une promesse.

Camille conclut son appel avec une sincérité touchante : « Si vous souhaitez soutenir un projet agricole familial, porteur de sens, ancré dans le respect de la nature et des valeurs rurales, chaque geste, même symbolique, compte énormément. Un immense merci pour votre solidarité, votre soutien, et pour faire vivre avec nous l’histoire de la ferme d’Estamoulié. »


Sébastien Soumagnas

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