« L’activité semblait repartir dans notre département rural, cela apportait un peu d’air et d’optimisme chez les entrepreneurs. Le problème avec cette quatrième crise, c’est qu’elle a un impact beaucoup plus rapide que la covid. Entre les hausses importantes des matériaux qui s’installent dans la durée, sans que l’on sache jusqu’à quand, et les projets qui repartent dans les cartons parce que les enveloppes explosent, les possibilités de trouver des solutions sont encore plus complexes » explique Pierre Duplaa, président de la Fédération départementale du BTP 65, à la tête d’une entreprise familiale de génie climatique basée à Lourdes.
Bois, PVC, aluminium… la courbe des prix est à la verticale aujourd’hui, poussant certains fabricants à stopper leur production. La pénurie touche déjà plusieurs produits. À cette problématique, vient s’ajouter la hausse vertigineuse des prix des carburants. « Cela complique également nos difficultés à recruter, car nous sommes dans un département rural, et qui dit rural dit déplacements pour aller travailler ».
Alors, que faire pour sortir de ce qui semble être une impasse ? « À court terme, il faut bloquer les prix du gasoil. Il faut savoir par exemple qu’une pelle consomme 300 litres par jour sur une activité complète. La durée de remboursement des prêts garantis par l’État, qui est actuellement de 5 ans, doit quant à elle passer à 7, voire 10 ans, sans que les entreprises soient pénalisées par une baisse de notation bancaire. C’est la pérennité même de nos entreprises qui est en jeu » poursuit le président de la fédération départementale.
D’autant que le secteur du BTP, qui nécessite beaucoup de main d’œuvre, d’investissements, et d’importants coûts sécuritaires, a des marges très faibles, d’environ 1,5%. Mais pas question pour autant d’être “sous perfusion”.
« Nous avons besoin d’être accompagnés et valorisés, pour gagner notre vie et investir. Il faut donner une image moins désuète de la profession. Les salaires sont attractifs, mais on ne met pas assez en avant notre technicité, le fait que le travail a bien changé par rapport à autrefois. C’est pour cela que l’on communique à la télévision et sur les réseaux sociaux, pour sensibiliser les jeunes. Nous avons créé sur les Hautes-Pyrénées un partenariat avec Pôle Emploi, et un conseiller intervient deux fois par semaine pour faire du sourcing, mettre en place des formations… »
« Il y a énormément d’entreprises à reprendre dans la région, mais peu de candidats. Nous sommes un service public primordial pour la population, qui a été laissé à l’abandon pendant des années. Et dans ce climat d’inquiétude, il faut qu’on arrive à fournir du travail, à le valoriser, et à relancer la machine pour éviter qu’elle ne s’enraye… ».
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