En obtenant le label Engagé RSE – niveau Exemplaire, la coopérative agricole landaise franchit une étape majeure dans son engagement sociétal. Attribuée par l’AFNOR sur la base de la norme ISO 26000, cette reconnaissance – la plus élevée dans l’échelle des labellisations – reste encore peu fréquente dans le paysage agricole. Une manière de rappeler que durabilité, rentabilité et ancrage territorial peuvent pousser dans le même rang.
Et pour Daniel Peyraube, président de Maïsadour, c’est avant tout une réussite collective : « Cette distinction vient reconnaître le travail collectif mené au sein du Groupe et l’engagement de tous : adhérents, salariés et partenaires. Elle conforte l’idée qu’un modèle coopératif ancré dans les territoires est une réponse pertinente aux défis de la transition agricole et alimentaire d’aujourd’hui et de demain, en faveur du développement durable. »
AMBiTiON 2030 : un sillon creusé sur le long terme
Cette labellisation vient cueillir les fruits d’un engagement enraciné depuis plus de quinze ans, structuré aujourd’hui sous la bannière de la stratégie AMBiTiON 2030. Déployée en 2023, cette feuille de route irrigue l’ensemble des activités du Groupe, de la fourche à la fourchette, avec pour engrais une vision transversale et opérationnelle de la RSE.
Quatre grands piliers structurent cette approche : l’agroécologie et l’environnement, la structuration de filières à valeur ajoutée, la qualité de vie au travail, et l’ancrage territorial. Quatre sillons bien tracés, au sein desquels la coopérative fait croître des pratiques concrètes, mesurables et évaluées.
Côté environnement, Maïsadour s’est attaqué au défi de la décarbonation avec une trajectoire ambitieuse : réduire de 58 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2045, en cohérence avec la Stratégie Nationale Bas Carbone. Un bilan carbone structuré a été mis en place sur les scopes 1, 2 et 3, complété par la certification ISO 50 001 pour la performance énergétique.
Mais la transition verte passe aussi par la terre : formations en agriculture régénératrice, plantation de haies, agroforesterie, ou encore installation de ruches illustrent un retour aux fondamentaux vivants. Les équipes montent en compétence, les agriculteurs s’impliquent : une dynamique qui transforme les pratiques agricoles à la racine.
Une entreprise qui cultive l’humain
Le deuxième pilier de la stratégie, celui des filières à valeur ajoutée, permet à Maïsadour de tisser des parcours agricoles durables, du champ à l’assiette. De nouvelles productions comme le miel, le soja ou le kiwi enrichissent la biodiversité économique de la coopérative, tandis que des dispositifs accompagnent la transmission des exploitations et le déploiement de pratiques responsables.
L’ensemble repose sur une politique d’achats durables, une démarche Clean Label en agroalimentaire, et une lutte contre le gaspillage. Pour mieux synchroniser l’offre et la demande, un nouveau processus S&OP a également été mis en place, preuve que la durabilité se joue aussi dans l’anticipation logistique.
Maïsadour n’oublie pas ses salariés dans la moisson. Le troisième pilier de sa stratégie RSE mise sur une entreprise attractive, où la santé, la sécurité et la qualité de vie au travail sont des priorités au même titre que la rentabilité.
Un plan long terme a été déployé pour prévenir les risques psychosociaux, promouvoir l’égalité professionnelle et intégrer le handicap. En parallèle, les collaborateurs sont sensibilisés à des enjeux de santé via la semaine QVCT, Octobre Rose, ou encore des journées de don du sang. Un baromètre social mené fin 2024 permettra d’enraciner encore davantage ces engagements.
Territoire et transitions
Le quatrième pilier, profondément coopératif, se joue au niveau des territoires. Maïsadour multiplie les partenariats avec les institutions, ONG, collectivités et organise des temps forts comme La Ferme du Futur, véritable vitrine de la transition agroécologique locale.
Des programmes d’ambassadeurs RSE, une accessibilité digitale renforcée, des échanges constants avec les parties prenantes : autant d’actions qui traduisent une volonté de co-construire l’avenir avec celles et ceux qui font vivre les territoires.
Et comme le résume Christelle Forzy, directrice QHSE et Développement Durable du Groupe : « La stratégie RSE du Groupe ne se limite pas à une déclaration d’intention : elle se traduit par des actions concrètes qui impactent directement les pratiques agricoles, industrielles et managériales. [...] Le changement de pratiques ne peut s’opérer qu’avec une approche globale et progressive, en embarquant l’ensemble des acteurs. C’est cette vision qui guide AMBiTiON 2030. »
Financer l’avenir au rythme du durable
Autre signe fort : le crédit syndiqué Développement Durable signé en 2023 par Maïsadour, adossé à trois indicateurs RSE. Ce Sustainability Linked Loan, en lien direct avec AMBiTiON 2030, prévoit une modulation des conditions financières selon trois critères :
l’évolution du bilan carbone sur les scopes 1, 2 et 3
l’atteinte de 100 000 ha en agriculture régénératrice en 2025, puis 169 000 ha en 2028
le taux de fréquence des accidents du travail, pour ancrer la prévention au cœur de la performance.
Ce montage financier inédit pour une coopérative agricole donne une valeur tangible à l’engagement RSE. Ici, la rentabilité rime avec responsabilité.
Le label Engagé RSE – niveau Exemplaire n’est pas une ligne d’arrivée mais bien un jalon dans une démarche d’amélioration continue. Tous les dix-huit mois, un suivi est prévu, et la notation sera entièrement réévaluée d’ici trois ans.
Les prochains chantiers sont déjà dans les tuyaux : préservation de l’eau, biodiversité, sécurité au travail, mais aussi meilleure collecte des données extra-financières, dans le cadre du nouveau règlement CSRD.
Et pour Christophe Bonno, directeur général de Maïsadour, cette stratégie est tout sauf un pari à court terme : « Ce label niveau Exemplaire illustre la solidité de la démarche RSE de Maïsadour qui renforce notre stratégie AMBiTiON 2030. [...] Notre secteur doit prendre sa part et démontrer que le modèle coopératif, agricole, répond aux enjeux d’aujourd’hui et de demain. »
De la parcelle aux politiques RH, de l’écoconception à la santé au travail, Maïsadour montre qu’une coopérative peut être à la pointe du développement durable sans renier son modèle. Le label obtenu vient certes couronner un travail de fond, mais il surtout signe une dynamique collective, enracinée dans le réel, orientée vers demain en mettant l'humain et la planète au cœur du système.
Sébastien Soumagnas
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