Dans le paysage économique landais, certaines PME cultivent un terreau fertile d’emplois, d’innovations et de valeurs locales. C’est le cas de Champiland, entreprise familiale installée à Herm depuis 1986, dont le savoir-faire mycicole s’impose aujourd’hui comme une référence nationale. De la forêt aux chambres froides, cette société spécialisée dans la culture et la transformation de champignons trace son sillon avec rigueur, passion et sens du territoire.
Avec ses 125 salariés et un chiffre d’affaires atteignant 31 millions d’euros en 2023, Champiland ne cesse de se développer. Pleurotes, shiitakés, morilles, girolles, cèpes ou encore chanterelles des Landes : chaque année, près de 6 000 tonnes de champignons quittent les vingt serres du site avant d’être transformées, conditionnées, surgelées ou séchées sur place. Le champignon pousse ici au rythme de la modernisation des outils industriels, mais toujours en conservant un ancrage local assumé et revendiqué.
Un froid stratégique pour une croissance bien tempérée
Sur le site de production, le ballet des ouvriers ne laisse aucun doute : un chantier d’envergure est en cours à l’arrière des bâtiments. D’ici l’été, une chambre froide de grande capacité sortira de terre. Elle permettra de simplifier les process logistiques et surtout de doubler la capacité de conditionnement des produits surgelés, qui représentent à eux seuls 60 % du chiffre d’affaires.
Pour Yann Goavec, directeur général de Champiland, il s’agit là de l’un des investissements les plus significatifs de ces dernières années. Et ce n’est pas le seul. Près de 3,5 millions d’euros ont été injectés sur le site entre 2021 et 2024, avec en ligne de mire le développement de nouvelles capacités de tri pour les champignons séchés et la diversification des débouchés.
Un soutien qui s’est aussi concrétisé sur le plan institutionnel, puisque le Département des Landes a participé à hauteur de 69 250 € à cet investissement immobilier industriel. Présent sur place pour constater l’avancée des travaux, Cyril Gayssot, conseiller départemental, co-fondateur de FMS et FMS2i, et PDG du Golf de Moliets, assume fièrement un "SAV – Service Après Vote" : « SAV – Service Après Vote : soutenir ceux qui créent ! Après avoir voté en session départementale un soutien de 69 250 € à l’investissement immobilier industriel de Champiland, nous étions à Herm pour constater la réalisation concrète des engagements : 1,38 M€ investis dans l’outil industriel, relocalisation d’activités, 10 emplois créés, capacité de production doublée et une entreprise engagée dans la transition énergétique et l’insertion professionnelle. »
Historiquement fournisseur de marques distributeurs – dont Bonduelle, maison mère depuis quelques années – Champiland amorce une montée en gamme stratégique. Le partenariat lancé en 2023 avec les centres Leclerc a permis un référencement régional de ses produits surgelés sous sa propre marque. L’ambition désormais clairement affichée est d’étendre la notoriété de Champiland à l’échelle nationale.
Les arguments ne manquent pas : Nutri-Score A, certifications "Fruits et Légumes de France", agriculture biologique certifiée par Ecocert, et transformation 100 % locale. À la croisée des circuits courts et des standards de qualité, Champiland entend séduire aussi bien les professionnels de la restauration collective que les consommateurs en quête de transparence et de goût.
Un modèle durable
Champiland ne cultive pas que des champignons : elle entretient aussi une relation de proximité avec son territoire. L’entreprise recrute majoritairement dans les Landes, favorise les partenariats avec des acteurs régionaux et développe une politique RH axée sur la fidélisation et l’insertion. Sur place, une boutique en circuit court permet aux habitants de découvrir l’étendue de la gamme en vente directe, tandis que des projets pédagogiques sont menés en lien avec des écoles hôtelières ou des structures de formation.
Sur le plan environnemental, l’entreprise limite au maximum son empreinte carbone. Cela passe par une logistique maîtrisée, un recours à des énergies optimisées, des circuits courts privilégiés, mais aussi une réflexion permanente sur la réduction des déchets et la limitation des pertes alimentaires. Les substrats de culture font eux aussi l’objet d’expérimentations en interne, dans une logique d’innovation écologique continue.
« Champiland, c’est l’exemple d’une PME landaise à fort ancrage territorial, à la fois agile et responsable », souligne Cyril Gayssot. Et d’ajouter : « Le Département des Landes agit, suit et accompagne sur le terrain. »
Innovation, insertion et relocalisation : tout un écosystème
Le développement de Champiland repose également sur une croissance maîtrisée de son activité agricole. Le site de Herm voit ses cultures s’intensifier d’année en année, en cohérence avec les ambitions commerciales. Les pleurotes et shiitakés cultivés sur place gagnent en volume, tandis que d’autres variétés sont achetées en Europe avant d’être transformées localement. Toute la chaîne, de la récolte au tri, est assurée en interne, garantissant qualité, fraîcheur et traçabilité.
Ce choix de verticalisation favorise la création d’emplois qualifiés. Yann Goavec ne cache pas sa fierté : sur les cinq dernières années, l’entreprise a doublé son chiffre d’affaires… et son personnel. Une dynamique rendue possible par l’appui stratégique du groupe Bonduelle, mais aussi par une volonté farouche de pérenniser l’emploi local. Objectif : maximiser les CDI, fidéliser les salariés, et continuer à faire pousser du lien humain autour des cultures fongiques.
La nouvelle chambre froide ne sera pas un simple frigo géant : elle incarne une nouvelle étape dans la modernisation de l’outil industriel de Champiland. En doublant la capacité de conditionnement, l’entreprise se donne les moyens de répondre à une demande croissante. Elle s’ouvre aussi de nouvelles perspectives logistiques pour mieux irriguer le marché français.
En parallèle, le développement de l’activité "champignons séchés" laisse entrevoir d’autres opportunités. Produits à longue conservation, faciles à stocker et riches en saveurs, les champignons secs séduisent une clientèle de plus en plus large. Là encore, l’outil industriel évolue pour accompagner cette diversification, avec à la clé de nouvelles embauches.
L’innovation en souterrain, la réussite en surface
Loin de se reposer sur ses lauriers – ou sur ses mycéliums –, Champiland regarde l’avenir avec lucidité et ambition. Recherche sur les substrats, automatisation des process, robotique agricole… l’entreprise investit aussi dans l’innovation. Elle prépare dès aujourd’hui les solutions de demain pour garantir une production responsable, compétitive et résiliente.
Et si l’agriculture de demain devait conjuguer tradition, technologie et territoire, Champiland aurait déjà une longueur d’avance… bien au-delà de ses serres.
Sébastien Soumagnas
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