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GENS D'ICILa laine des Pyrénées de nouveau valorisée

Arrière-petite-fille de berger, Muriel Morot a grandi entre le Pays basque et le Béarn. Elle y est revenue pour construire un projet de revalorisation de la laine de brebis.
La laine des Pyrénées est une alternative naturelle et éco-responsable à la ouate de polyester.
Traille a intégré la pépinière d’entreprises du Générateur d’Activités d’Arkinova à Anglet au mois de mai 2022.

Diplômée d’un master en marketing, Muriel Morot a travaillé pendant sept ans dans un cabinet de conseil du secteur de l’aéronautique avant d’opérer une première reconversion pour intégrer un restaurant parisien.

En août 2019, c’est en visitant la cabane d’un berger monté en estive à Arette et en discutant avec lui qu’elle apprend le sort réservé à la laine de brebis lors la tonte annuelle et du coût que cela représentait pour les professionnels.

« Quel gâchis ! Le sujet m’est resté à l’esprit et j’ai commencé à me renseigner sur mon temps libre. Je me suis aperçue que ce problème n’était pas seulement lié au Sud-Ouest, mais à toute la France. Les choses se sont accélérées quand, au bout d’un mois, le berger m’a annoncé qu’il allait procéder à la tonte : pour aller plus loin, j’ai décidé de lui acheter sa laine et de commencer les essais », raconte l’entrepreneuse de 38 ans.

Muriel Morot amorce donc une seconde reconversion professionnelle et s’installe il y a deux ans à Bayonne. Elle se rapproche alors du Centre Européen des Textiles Innovants (CETI), un laboratoire spécialiste du non tissé, pour explorer toutes les pistes d’utilisation de cette laine. Après un an d’étude, elle parvient à créer une matière naturelle capable de se substituer aux matières synthétiques provenant du pétrole.

J’ai voulu faire un petit clin d’œil à mon histoire familiale.

Quant au nom de son entreprise, Muriel Morot en a un tout trouvé : « Traille est mon nom de famille maternel et fait référence au chemin laissé par les animaux dans la montagne quand ils montent paître sur les hauteurs. Mes arrière-grands-parents étaient bergers, et ce depuis plusieurs générations, j’ai voulu faire un petit clin d’œil à mon histoire familiale ».

Grâce à son innovation, l’entreprise basque a remporté le Trophée Bio Eco 2021 et un prix du fond de dotation Albert Marie (Eram). Elle a également reçu une bourse de la part de la Communauté d’Agglomération Pays basque pour s’installer à Arkinova.

Une matière naturelle aux multiples atouts

« La laine est une matière magique ! Elle est thermorégulatrice, isolante, antibactérienne, biodégradable, renouvelable, elle capte les odeurs, elle est hydrophobe, mais aussi capable d’absorber un gros volume d’eau sans sensation d’humidité. En bref, elle a de nombreux atouts qui ne demandent qu’à être remis en avant ».

La laine possède de très nombreuses applications (sport, textile, ameublement…).

« La laine possède ainsi de très nombreuses applications (sport, textile, ameublement…). Traille travaille d’ailleurs sur une trentaine de prototypes et une centaine des marques nous ont déjà contactés. On collabore notamment avec Jacod , Arrosia et les Tissages Moutet », précise Muriel.

Afin de revaloriser cette ressource naturelle encore trop souvent considérée comme un déchet, Muriel Morot compte sur les bergers de la coopérative basque Amatik (implantée à Ainharp). Pour le moment, elle récupère la laine de 14 des 50 membres en couvrant les frais de tonte.

Celle-ci est ensuite lavée dans le nord de l’Espagne. « Il n’existe qu’un seul lavoir de laine semi-industriel en France. Il est situé dans le Gévaudan et son carnet de commandes est très rempli. Cette alternative est plus proche, et donc moins polluante », précise l’entrepreneuse.

Puis vient l’étape du peignage pour enlever les petits végétaux encore pris dans la laine. Si cette étape a lieu à Tourcoing, Muriel Morot espère rapidement la rapatrier dans le Sud-Ouest.

La laine est finalement thermoliée : elle est mélangée avec de l’amidon de maïs, biosourcé et compostable. La nappe de laine est passée au four où le PLA, en fondant, va lier les fibres de laine entre elles, solidifiant la matière sans en altérer le gonflant.

Traille souhaite également mener des études sur la laine de races rustiques et le bioplastique pour étendre ses activités. En voilà une BÊÊÊlle aventure !

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