Cela concerne le service de Soins Médicaux et de Réadaptation (SMR) mention système nerveux du CHCB, qui prend en soins des patients cérébrolésés (traumatisés crâniens et AVC sévères).
Ce service comprend une unité d'hospitalisation, un Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés cérébro-lésés (S.A.M.S.A.H.) et un Hôpital de Jour. Ce dernier accueille notamment des patients pour leur rééducation ou qui viennent recevoir des soins techniques invasifs.
« Les personnes atteintes d’un trouble neurologique central (atteinte du cerveau) sont souvent sujettes à des paralysies, associées à des contractions involontaires de certains muscles. Ces contractions involontaires [NDLR : appelées aussi « spasticité »] sont à l’origine de raideurs, voire de déformation des membres qui handicapent le mouvement. Elles provoquent également des douleurs chroniques. Pour soulager ces personnes, nous réalisons des injections de toxine botulique, directement dans les muscles, au contact du nerf, tous les trois mois. Nous pouvons piquer jusqu’à 20 sites musculaires différents par séance. Cela permet de réduire la stimulation nerveuse dans la zone et de détendre ainsi les muscles. On pique un peu « à l'aveugle », pour atteindre le tissu musculaire. On vérifie ensuite qu'il s'agisse bien du muscle ciblé en envoyant un léger courant électrique qui déclenche la contraction », explique le Dr Julien Tujague, chef de ce service.
Ces interventions durent entre 30 minutes et une heure. Elles peuvent être anxiogènes et douloureuses pour les patients à bien des égards : environnement médical aseptisé, utilisation d’aiguilles, qui ajoutent de la douleur ponctuelle à la douleur chronique... Ils sont aussi plus anxieux à l’idée d’avoir mal, donc plus tendus lors de l’intervention, ce qui ne facilite pas les gestes médicaux. De plus, la machine d’électromyographie (qui enregistre l'activité électrique qui accompagne la contraction musculaire) fait un bruit assez désagréable, ce qui les incommode également.
« Il y a quelques années, un infirmier formé à l’hypnose venait parfois pour soulager les patients lors de nos gestes techniques. Nous pouvons également donner des puissants antalgiques ou du gaz pour aider le patient à se détendre », précise le chef de service.
Pour réduire l’anxiété et s’évader…
À la recherche d’une solution plus immersive et d’une approche moins médicalisée, le Dr Tujague a entendu parler de l’utilisation de casques de réalité virtuelle. Il découvre ainsi le logiciel d’hypnose médicale HypnoVR : un casque de VR (réalité virtuelle) et un casque audio sont reliés à une tablette par wifi. Le patient a le choix entre neuf univers différents (forêt, montagne, monde sous-marin, cosmos, plage…), la voix d’un homme ou d’une femme (pour le discours hypnotique) et différentes musiques d’ambiances.
Le praticien choisit par la suite le programme à lancer, en fonction des gestes qu’il va réaliser. Durant les injections, le spécialiste peut aussi communiquer avec le patient, en écrivant sur la tablette un message qui s’affichera directement sur l’écran du casque de réalité virtuelle.
Grâce au Fonds de dotation Santé Navarre Côte Basque, le service du Dr Tujague loue depuis juin dernier, et pour un an, cet outil innovant. « Une dizaine de patients réceptifs à l’hypnose ont déjà pu le tester et les retours sont déjà très bons : certains ressortent avec le sourire et un patient s’est même endormi pendant une séance. J’exerce depuis de nombreuses années et c’est la première fois que je vois mes patients aussi détendus lors de ce type d’intervention », assure le spécialiste.
Il poursuit : « iIs sont moins anxieux, plus détendus musculairement, ce qui facilite les injections. Ça devient une parenthèse, un moment agréable, plus que bienvenu pour ces patients qui souffrent à la fois au quotidien et lors de ces séances, répétées plusieurs fois dans l’année. Je suis moi-même plus détendu lors de ces interventions et mes gestes sont donc plus précis et plus rapides. Enfin, l’utilisation de ce dispositif permet d’alléger les médications, on évite donc les effets indésirables que l’on peut avoir avec certains antalgiques, comme la somnolence ou les nausées par exemple ».
Le chef du service de neuro-rééducation souhaite désormais acheter ce matériel, pour un usage plus pérenne et étendu à d’autres types d’activités de sa spécialité, comme la rééducation motrice lorsqu’elle ne nécessite pas que le patient soit actif (mobilisations, étirements). Pour cela, il lui manquerait la somme de 2.400 euros, pour un investissement total de 5.400 euros.
Noémie Besnard
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