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La famille de Lur Saluces, une saga au double ancrage historique

Philippe et Charlotte de Lur Saluces ouvrent de nouvelles pages dans le Sauternais et dans les Landes, avec des valeurs profondément imprégnées par cet enracinement et une volonté d’excellence.
La famille de Lur Saluces, une saga au double ancrage historique
L’aventure entrepreneurial a démarré il y a 5 siècles avec les forges d’Uza et le Château d’Yquem. Elle se poursuit désormais avec pas moins de 9 activités autour du tourisme, de la gastronomie, de l’agriculture, de la forêt et, bien entendu, du Sauternes. Rencontre avec Charlotte de Lur Saluces…
Charlotte et Philippe de Lur Saluces

Dans quel esprit développez-vous ce double ancrage ?

Charlotte de Lur Saluces – La famille est présente sur les Landes et la Gironde depuis le XVe siècle. A chaque génération, s’est exprimée la volonté d’avoir la meilleure attitude pour ces deux territoires où la famille a des attaches historiques, avec la volonté d’entretenir une dynamique en se renouvelant en permanence. Chaque génération apporte ainsi des évolutions dans le développement, sans être exclusivement attachée à des activités spécifiques. L’idée est de toujours trouver la meilleure pertinence possible par rapport au territoire, avec une grande faculté d’adaptation.
 
Et plus spécifiquement dans les Landes ?

Ch. de L.-S. - La forge d’Uza a fermé en 1981, le domaine s’est progressivement renouvelé pour maintenir une activité dans le village, orientée vers le tourisme et la gastronomie : tourisme vert avec des gîtes et de plein air avec le camping de Contis, mais aussi restauration et production d’asperges bio. On nous demande souvent : pourquoi avoir développé des restaurants à Uza ? L’idée est de continuer à faire vivre le village. Aujourd’hui, l’école a disparu, il n’y a plus que 196 habitants… Nous voulons avant tout continuer à protéger et développer cette commune à laquelle la famille est très attachée.
 
Qu’entendez-vous par protéger le patrimoine ?

Ch. de L.-S. – C’est une volonté clairement affirmée. Quand on voit la menace de disparition du cinéma à Contis, on mesure les risques engendrés par la pression immobilière. Cette salle est une institution qui fait totalement partie de la station. Nous ne sommes pas dans cette logique. On ne cherche pas à tout prix à vendre des terrains et des biens, on veut au maximum garder le patrimoine et le protéger. Bien sûr, l’entreprise doit gagner de l’argent, mais notre priorité, c’est de s’inscrire dans le temps long.

Vous avez ouvert des gîtes ?

Ch. de L.-S. – Déjà quatre, en rénovant des bâtiments. La famille a ainsi investi 1,5 million d’euros sur ces différents sites situés entre Uza et Contis. Au lieu de tout raser et de reconstruire, ce qui aurait été moins coûteux, nous avons choisi de les restaurer en privilégiant la qualité, en préservant l’identité et l’esprit de ces maisons landaises. Ces hébergements sont très complémentaires et ont vocation à pouvoir être ouverts à l’année. Nos valeurs familiales, c’est de conserver le patrimoine dans les Landes comme dans le Sauternais.

Domaine d'Uza

Des logements aussi ?

Ch. de L.-S. – Oui. Le groupe a également investi pour pouvoir assurer l’hébergement de tous ses collaborateurs et pour proposer des solutions à ceux qui viennent pendant la saison estivale. Nous avons aussi un projet important de constructions sur Contis pour répondre aux besoins de ceux qui viennent travailler au camping, mais aussi pour apporter une solution aux saisonniers de la station. C’est dans l’ADN du groupe, et on fait la même chose en Gironde où les problèmes de logement sont aussi très compliqués.
 
Combien de collaborateurs ?

Ch. de L.-S. - Le groupe familial emploie en permanence une cinquantaine de personnes réparties sur ses différentes activités : viticole (château Fargues), agricole (asperges bio blanches), la restauration (La Table du Marensin et la Forge à Uza, le restaurant du camping à Contis), sylvicole (forêts landaises et girondines), touristique et locative (gîtes). Dans les Landes, les effectifs sont renforcés par une centaine de saisonniers, en moyenne, pendant la période estivale. Cela fait beaucoup de monde à loger !
 
Votre vision de l’entreprise familiale ?

Ch. de L.-S. – Le défi est d’abord de préserver ce qui fait la force d’une telle entreprise. Nous devons être très accessibles pour nos collaborateurs, ouverts largement sur l’extérieur, tout en nous appuyant sur des valeurs solides. Nous avons lancé une démarche RSE, avec l’aide de la CCI et de Landes Attractivité, pour viser l’obtention d’un label. Ça nous aide à progresser, à nous améliorer dans de nombreux domaines en privilégiant une approche responsable et la dimension humaine.
 
Comment se fait la transmission ?

Ch. de L.-S. – Assurer la continuité au fil des génération est essentielle. Le père de Philippe, Alexandre de Lur Saluces, a été mis au pied du mur, quand il s’est retrouvé dans l’obligation de reprendre l’entreprise en 1968, au décès de son oncle. Aussi, il n’a pas voulu reproduire la même chose avec son fils. C’est ainsi que mon mari a travaillé plus de 10 ans à ses côtés. Il est important qu’il n’y ait pas de rupture lors d’une succession, tant pour le personnel que pour les partenaires.

Qu’est-ce qui vous a amené à vous lancer dans les asperges ?

Ch. de L.-S. – Avec les tempêtes qui ont dévasté la forêt landaise, nous avons cherché une nouvelle diversification en replantant des terres qui étaient historiquement agricoles. L’asperge est particulièrement bien adaptée au sol. Cette production s’inscrivait bien dans l’esprit du domaine : quand on plante des arbres, c’est pour l’avenir ; pareil pour les asperges.
 
Pourquoi l’asperge bio ?

Ch. de L.-S. – D’abord, parce que nous essayons toujours de chercher l’excellence. Ce n’est pas un produit commun et nous sommes précurseurs au niveau du bio. Cela nous permet d’avoir une position intéressante, dans un marché avec des prix un peu plus élevés et surtout plus stables. Nous travaillons avec un consultant, Mathieu Gabin qui est aussi un producteur d’asperges reconnu. Il suit le domaine avec deux de nos salariés qui sont présents toute l’année.
 
Satisfaits ?

Ch. de L.-S. – Plutôt. Nos asperges sont particulièrement tendres et goûteuses. L’aspergeraie du Domaine d’Uza a été distinguée par le Collège culinaire de France, dès 2016, avec la reconnaissance comme « Producteurs-artisans de qualité ». Nos asperges sont présentes sur de nombreuses grandes tables, notamment chez le chef triplement étoilé Alain Passard, considéré comme le précurseur de la cuisine végétale. Ceci dit, c’est une activité difficile, qui souffre particulièrement de la météo et qui est confrontée au manque de main d’œuvre.
 
Les restaurants d’Uza visent aussi la qualité…

Ch. de L.-S. – Nous avons deux restaurants et une épicerie fine. Distingué par le Gault & Millau et le Guide Michelin, La Table du Marensin privilégie le manger local, avec des produits du terroir, en favorisant les circuits courts, l’agriculture raisonnée et en suivant le cycle des saisons… Le chef Iliès Besançon joue la carte de l’audace et de l’innovation. Juste à côté, le restaurant-épicerie, La Forge, est ouvert toute l’année, au bord du lac. Là aussi, et comme avec le Château de Fargues et l’aspergeraie, nous recherchons l’excellence par respect pour les consommateurs qui nous font confiance dans les différentes activités du groupe. C’est important au niveau du personnel qui s’implique très fortement pour porter le meilleur.

La Table du Marensin

Même chose pour le camping de Contis ?

Ch. de L.-S. – Lous Seurrots existe depuis 70 ans et on essaye de l’améliorer en permanence, avec des aménagements de grande qualité. En 2023, nous avons investi 500.000 euros. C’est ainsi que nous avons réussi à décrocher un classement 5 étoiles, puis à le conserver. C’est une réussite dont nous sommes fiers. Sous la direction de Thomas Porquet, nous poursuivons la très belle aventure de cet hôtel de plein air qui s’étend sur 15 hectares le long du courant, dans un environnement exceptionnel. Il offre un parc de 346 habitats locatifs, dont 119 premium. Nous faisons constamment évoluer ce village, en tenant compte des remarques des clients.
 
Personnellement, vous aviez une expérience de ces activités ?

Ch. de L.-S. – J’avais travaillé dans la publicité et le marketing pendant 15 ans. Maintenant, je suis en charge de la communication du Groupe. Beaucoup plus sur le terrain, je m’investis dans des projets variés comme l’ouverture des gites ou la mise en place de la RSE. On s’adapte, mais il y a des choses qui restent. Je viens dans les Landes au moins deux fois par semaine. C’est aussi une affaire de passion. Mon beau-père, comme mon mari, ont toujours été des personnes passionnées avec une grande capacité à transmettre cette passion. Cela a un impact positif auprès de nos collaborateurs qui voient que ça bouge, que nous sommes à l’écoute des opportunités et qu’il y a des résultats.
 
Vous êtes résolument tournés vers l’avenir ?

Ch. de L.-S. – Notre stratégie s’inscrit sur le long terme par la nature même de nos activités mais aussi par conviction. Dans la vigne comme dans la forêt, on travaille pour l’avenir, pour les générations futures. Au Château de Fargues, la famille a investi en faisant un pari fort sur le long terme : le vin de Sauternes, c’est l’avenir ! Même chose pour les gîtes, on les restaure dans la qualité pour les faire vivre longtemps. Nous sommes aussi très attachés au domaine forestier landais qui s’étend sur plusieurs centaines d’hectares. La forêt, c’est la terre, c’est le temps long.
 
Quelles sont vos relations avec les collectivités ?

Ch. de L.-S. – Bien entendu, nous discutons avec les élus sur beaucoup de sujets. Par exemple, pour le projet de construction de logements à Contis, on s’est rapproché du maire pour voir comment travailler ensemble. Notre volonté est de développer des initiatives positives pour notre groupe, mais aussi pour le territoire. Nous collaborons ainsi avec les communes et la communauté de communes. Pour autant, on ne se mêle pas de politique. On a déjà suffisamment de choses à faire.

Château de Fargues

Et avec la CCI des Landes ?

Ch. de L.-S. – On travaille beaucoup avec la Chambre de commerce et d’industrie qui prend de nombreuses initiatives pour accompagner les entreprises. Ils nous apportent beaucoup de conseils et proposent de multiples formations particulièrement utiles. Nous avons été sélectionnés pour les Trophées des entreprises des Landes. Avec la CCI, nous avons rencontré de nombreux entrepreneurs qui développent des projets très intéressants et qui ont la volonté, comme nous, de participer à dynamiser le département.
 
D’autres projets ?

Ch. de L.-S. – Nous en avons toujours, mais nous avançons pas à pas. On ne peut pas tout faire en même temps. Nous réfléchissons sur l’aménagement d’un bâtiment, classé, de l’ancienne forge d’Uza. Il pourrait devenir un lieu d’exposition ou avoir une autre destination contribuant à dynamiser et valoriser le village. Dans le même esprit, nous souhaitons faire revivre la salle des fêtes. Chaque fois, on prend le temps de réfléchir pour essayer de tomber juste.
 
Pour finir, vos valeurs essentielles ?

Ch. de L.-S. – Des valeurs profondément ancrées dans la terre. Il ne s’agit pas de simples mots, d’une coquille vide… Nous mettons au premier plan le respect de la terre et de l’environnement par conviction et naturellement pas pour répondre à une mode. Les vignes sont cultivées de manière raisonnée, les asperges sont en bio et nous avons un véritable amour de la forêt. On retrouve cet ADN dans toutes les activités du groupe parce qu’il y a un véritable enracinement de la famille dans ces territoires et terroirs : 550 ans d’implication montrent à quel point nous y sommes attachés.
 
Informations sur le Domaine d’Uza, cliquez ici
 
Domaine Lous Seurrots
 
Informations sur le Château de Fargues, c’est ici

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