Rejointes par Mélanie Méau, diplômée ingénieur agronome depuis l’an dernier, elles ont décidé de partir avec les moyens du bord à la rencontre de paysans souhaitant s’exprimer, afin de relayer leurs messages et leur offrir une meilleure visibilité.
Le projet est né lors du premier confinement, incitant Mathilde et Brune à rejoindre leurs proches, loin de la grande ville. Mathilde se retrouve alors totalement immergée dans le quotidien de son compagnon, éleveur dans le Gers, et ses amis, qu’elle percevait peut-être un peu différemment depuis ses salles de cours.
« Pour compenser l’annulation du Salon de l’Agriculture, des reportages étaient programmés à la télévision. Je suis tombée sur “Nous, paysans”, que j’ai vraiment apprécié. Le soir, nous en avons discuté à table, et je me suis rendu compte que l’on en savait en fait très peu sur le monde agricole. J’ai appelé les filles en leur disant qu’il fallait qu’on fasse quelque chose, nous qui sommes à la fois étudiantes en agronomie et proches des paysans, qu’il fallait avec nos propres moyens sensibiliser les gens à travers notre action, même si elle devait être minime » explique la jeune femme.
« L’image donnée par la plupart des médias est de plus en plus stigmatisée. On a trop tendance à avoir une idée sur l’agriculture en général, alors qu’il existe de multiples secteurs et que les métiers y sont totalement différents. Les problématiques ne sont pas non plus les mêmes selon la localisation des exploitants » poursuit Mélanie.
L’idée de donner directement la parole à ces paysans, connaissant mieux que quiconque la réalité du terrain, est alors lancée par le biais d’une petite vidéo postée sur une page Facebook créée pour l’occasion pendant le confinement. Et les résultats ne se font pas attendre.
« Nous y avons expliqué notre démarche, et très vite, des agriculteurs se sont manifestés, directement ou sur conseils de leurs connaissances » reprend Mathilde. « Nous avons pris contact avec eux pour décider d’une rencontre directement sur leur exploitation. Nous sommes alors parties, avec nos moyens et sur notre temps libre, pour discuter, prendre des notes, des photos, les filmer et réaliser une vidéo de quelques minutes les laissant s’exprimer. Souvent, on pose juste une question, et ça part tout seul parce qu’ils ont beaucoup de choses à dire. Avant de publier sur nos réseaux sociaux, on leur envoie le fruit de notre travail pour qu’ils le valident ».
Ils sont aujourd’hui une dizaine, jeunes pour la plupart et moins jeunes aussi, installés dans le Gers, les Hautes-Pyrénées ou les Pyrénées-Atlantiques, à parler sans détour et avec leur cœur de leur quotidien, leurs espoirs, leurs angoisses, rétablissant ainsi une vérité souvent trop éloignée de ce que peut imaginer le quidam.
« Récemment nous avons reçu des demandes pour la reprise d’exploitation, qui est une vraie problématique aujourd’hui. Nous réfléchissons à la rédaction d’un article sur le sujet. Notre objectif aujourd’hui, c’est de faire connaître “Gueules de Paysans” et pouvoir partir à la rencontre d’autres personnes, sur d’autres départements. On y passe beaucoup de temps, ce n’est pas lucratif, mais le plus important pour nous c’est de leur donner de la voix, de les aider à être plus entendus et écoutés. Et pourquoi pas, plus tard, avoir des personnes dans la même synergie que nous pour aller encore plus loin en France ?… ».
Marielle Fourcade
COUPS DE POUCE
Pour aider Mathilde, Mélanie, Brune et Amanda à porter haut et fort leurs Gueules de Paysans, rendez-vous sur leurs pages Facebook, Instagram ou LinkedIn pour relayer leur initiative et les encourager dans leur démarche.
On peut aussi en informer un ami, un voisin, une connaissance, qui aimerait s’exprimer à son tour sous la caméra d’Amanda, encouragé par l'écoute bienveillante et l’enthousiasme communicatif de nos jeunes étudiantes.
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