D'où vous vient cette passion pour la musique et notamment le rock ?
Didier Céré. - Ayant des racines basco–béarnaises, j'ai été élevé dans ces valeurs de respect des traditions et de partage. Chez nous, ça chantait dans tous les repas à l'époque. Le Rock m'est venu quand mon cousin militaire en Allemagne m'a offert un 45 tours d'Elvis, lorsque j'avais 13 ans, j'ai tout de suite adhéré et j'ai commencé à acheter des disques des pionniers du rock'n'roll, Elvis, Gene Vincent, Eddie Cochran, Bill Haley, Vince Taylor puis ensuite Gary Glitter, The Sweet, Ten Years after, Slade , Deep Purple... J'ai d'ailleurs commencé à jouer avec des camarades de classe, on reprenait les hits des années 1970's. Mais ce n’est qu’après l'armée que j'ai vraiment débuté la scène et j’ai créé mon premier groupe avec mon petit frère Serge à la batterie, REBELS, pour faire du rockabilly. Il y a eu ensuite ABILENE. A cette époque, je trainais avec des bikers palois et j'ai découvert le Southern rock Point Blank, Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchet, Outlaws, mais aussi la wave californienne Eagles, Buffalo Springfield, Poco avec de superbes harmonies vocales. On pourrait écrire un bouquin sur toutes les frasques et les péripéties d'ABILENE, c'était un super groupe. On s'est d'ailleurs retrouvé il y a cinq ans avec les anciens (Daniel Quenard, Jean Pierre Medou et Jean Mi Calleja) pour remonter le band, faire quelques scènes et enfin un album (Take no prisoners Rock'n'Roll 2020), un superbe album de guitares, brut de décoffrage. Enfin vint Bootleggers.
Quels souvenirs avez-vous de ces quarante années de scène avec les Bootleggers ? Comment le groupe est né ?
D.C.- Ce groupe est totalement le fruit du hasard après le split d'Abilene, Pascal Diozede nous a booké pour un événement d'une grande firme automobile qui recherchait un band country. On n’avait jamais joué de country, on a monté en quelques jours un répertoire fourre-tout de standards Hank Williams, Johnny Cash et du cajun pour animer ces soirées privées. C'est comme ça que le groupe a démarré. Avec les Bootleggers j'ai beaucoup de souvenirs, des bons et des moins bons... Je me retourne et j'ai déjà 66 ans, tout ça est passé tellement vite ! On a fait des scènes fabuleuses et des openings dont on n’aurait jamais rêvé, participé aux plus gros festivals, voyagé... On a eu la chance et l'honneur d’être en première partie de Johnny Hallyday, ZZ Top, Toto, Dick Rivers, Moon Martin, Billy Joe Shaver, Dale Watson, Hugues Auffray, Rosie Flores, Stacie Collins, Charlie Mc Coy, Taj Mahal, Cucky Peterson... et partagé quelques plateaux télé avec Emmylou Harris ou encore Claude Nougaro.
Bien sûr il y a eu des relations privilégiées, des liens qui se sont noués. J'ai des souvenirs énormes avec Johnny, un Monsieur qui m'a touché, beaucoup appris, quelqu'un d'abordable, de généreux autant musicalement qu'humainement. Dick Rivers aussi avec qui nous avons joué à Condom et Disney, les deux avaient cette force et fragilité propre aux grands. Mr Hugues Auffray, qui était venu nous rejoindre sur scène à Mirande, toujours actif à 95 ans, nous étions invités par Christian Seguret, son guitariste, à ses 90 ans à Soreze en 2019, plus de trois heures de concert et il est resté deux heures supplémentaires pour divers hommages, remises de distinctions et photos avec ses fans. Quelle longévité ! Quelle classe pour le Bob Dylan français.
Le Texas est important pour vous et le groupe...
D.C.- C'est exact. Ҫa a été un virage dans ma carrière, car ça m'a permis d'avoir une autre vue sur la production, sur le métier, une autre vision du partage avec des artistes pourtant de renom qui n'hésitaient pas à venir mettre leur sensibilité et couleur musicale sur nos albums. J'y ai beaucoup appris et j'y ai des amitiés vraies et sincères, le groupe Point Blank que j'écoutais quand j'avais 18-20 ans et avec qui j'étais devenu très proche, Rusty, John O, Phillip, Larry... J'y ai connu Danni Leigh, Dale Watson, James Intveld, Two Tons of Steel, Ray Benson & Asleep at the Wheel, Redd Volkaert « le Telemaster », Van Wilks, Floyd Domino, Michael Ballew, Paula Nelson ( fille de Willie ). Buddy Whittington, un autre grand du blues, un gars pour qui l'amitié n'est pas qu'un mot, une personne très sincère. Jerry Tubb, le Maître du mastering, qui finalise tous nos albums désormais, nous les humbles rockers béarnais, alors qu'il masterise tous les grands de cette planète... Bref j'aime le Texas où je retrouve beaucoup de valeurs de mes racines, et où la mixité musicale a crée des sonorités et des styles spécifiques à cet état. Austin, c'est Music City.
Quand on pense au rock'n'roll, on pense tout de suite aux USA et aux multiples références américaines. Pourquoi avez-vous décidé de chanter en français ?
D.C.- Oui le rock'n'roll, c'est bien sûr un style de vie, de musique, une culture, les bécanes, les voitures types Américaines, une manière de se vêtir... Je crois que j'ai toujours été plus rocker que countryman, c'est ce qui faisait d'ailleurs la richesse quelque part de Bootleggers. Nous avons chanté pendant pas mal d'années en anglais approximatif avec le band, mon passage Texas m'aurait fait gommer ce défaut (rires) et un jour ma pauvre maman, qui nous a quittés il y a peu, m'a dit « c'est très bien de faire des disques, mais on ne comprend rien à ce que tu racontes, chantes en français ». Je pense que la langue de Voltaire, même si la mienne est plus proche d'Audiard, peut être tout aussi musicale. Pendant la pandémie de Covid-19, j'ai produit deux albums avec des compositions et des reprises en français. Je sais qu'avec ce virage les « puristes de bacs à sable » me taxeront de variétochard, mais ce n'est pas grave : je suis mon instinct et je pense qu'un large public appréciera nos nouveaux titres. Et puis d'autres l'ont fait avant nous. Même si je m'inspire des rythmes outre-Atlantique, je suis français et puis un petit coup de pouce à notre langue qui est malmenée à la radio par certaines « stars » du moment que nous imposent les majors ne fera pas de mal dans ce paysage radiophonique qui manque cruellement de rock'n'roll.
Pouvez-vous m'en dire plus sur votre nouvel album ?
D.C.- Il y aura un hommage car il y a pas mal de compos aussi dans l'album à nos trois rockers favoris : Johnny Hallyday, Dick Rivers et Eddy Mitchell, avec des thèmes comme la vie façon rock'n'roll, les rockers, les bécanes, des roadtrips dans les états du Sud profond et un mélange de Texas Blues, de Boogie, de rockabilly ou gros rock made in USA à la façon de Springsteen ou autres Gary Us Bonds. Il y aura bien entendu des guests de luxe : Buddy Whittington (John Mayall), Floyd Domino (Asleep at the wheel), Jean Yves Lozac'h (Eddy Mitchell) et quelques autres surprises... Tout ça 200% en français. Le Projet numéro un est de clore le budget pour ce nouvel album sur Ulule. Les débuts sont timides, mais si cette collecte ne fonctionne pas, je me mettrais en chasse pour trouver les moyens de produire ce projet, cet album doit se faire et il se fera. C'est l'album d'une carrière! Après on va se remettre très vite au travail, pour créer de nouveaux titres et monter un nouveau show.
Quelles sont vos prochaines dates de concerts ?
D.C.-J'y travaille. Le 04 avril, nous serons à la salle Isabelle Sandy à Foix, le 05 avril à la salle Daniel Balavoine à Mourenx et le 14 juillet au New Country Rock Festival de Mirande. Toutes les nouvelles dates seront mises à jour sur notre site internet.
Propos recueillis par Noémie Besnard
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire