Thierry Cauhapé a rejoint la coopérative Euralis, il y a une vingtaine d’années, après une formation agro. Il a d’abord travaillé sur l’accompagnement des agriculteurs, puis il a progressivement pris en charge les cultures spécialisées : production de légumes d’industrie, semences, fruits et bio… A 43 ans, il est au cœur de la concrétisation du projet Euralis à travers les filières végétales.
Votre mission ?
Thierry Cauhapé - Elle est relativement simple sur le principe, puisqu’il s’agit de faire le lien entre l’amont et l’aval des filières. D’une part, côté agriculteurs, nous animons le réseau de producteurs et nous pilotons les mises en place des plans de production. D’autre part, vers l’aval, nous travaillons à la construction des filières en structurant des contrats de production et en créant des cahiers des charges avec les industriels en lien avec les attentes des consommateurs. L’ensemble des cultures sont produites sous forme contractuelle permettant de sécuriser la mise en marché et la rentabilité des productions pour les agriculteurs et garantir le respect des cahiers des charges pour l’aval.
Quelle organisation ?
Th. C. - Dans mon équipe, je travaille avec 4 responsables d’activité. Ils pilotent la partie opérationnelle pour la mise en place des plans de production et gèrent la bonne fin des contrats de production. Nous constituons l’interface principale entre les besoins des adhérents et ceux de nos partenaires.
Les principales filières ?
Th. C. – Nous travaillons sur 13.000 hectares pour la production de légumes, 10.000 ha pour celle de semences et 5.000 ha pour la filière bio. Concernant les légumes, nous développons des filières nouvelles comme le légume sec, mais la principale production reste celle du maïs doux avec 11.000 hectares sur 23.000 en France, pour laquelle nous sommes donc un acteur majoritaire. On produit également 3.000 hectares de légumes verts.
Les nouvelles cultures ?
Th. C. – Nous avons démarré le développement d’une filière de légumes secs, depuis l’année dernière en collaboration avec un de nos partenaires historiques, Bonduelle. Le projet est ambitieux puisqu’il s’agit de réinternaliser cette production en France, et en particulier dans le Sud-Ouest, avec un partenariat en exclusivité entre la coopérative et Bonduelle. Avant le lancement, nous avons mené à bien une phase d’expérimentation pendant 3 ans. Actuellement, nous avons un millier d’hectares de légumes secs en production (lentilles, pois chiches et haricots secs), avec un objectif de 4 à 5.000 hectares dans les prochaines années.
Les avantages des légumes secs ?
Th. C. – D’abord, cette production concerne l’ensemble des territoires de la coopérative sur le bassin de l’Adour, et jusqu’à Bordeaux et Toulouse. Elle est accessible à l’ensemble des exploitations. Ce sont aussi des cultures qui répondent à nos enjeux en termes de durabilité. Elles répondent au défi de la réduction de l’utilisation des phytosanitaires et des engrais, mais aussi à celui de la diminution de l’utilisation de l’eau. On coche toutes les cases. Cette filière illustre parfaitement l’ensemble des enjeux de la coopérative, en collaboration avec des partenaires qui garantissent la mise en marché de nos productions. Nous répondons bien à une demande de consommation ; nous mettons en production les attentes du marché. Ces cultures permettent également de répondre aux enjeux règlementaires des exploitations de diversification des assolements et permettent une optimisation de la répartition des travaux sur la ferme et une meilleure répartition de la ressource en eau.
Quelle construction ?
Th. C. – Pour les légumes secs, comme pour les autres filières, le premier travail porte sur l’agronomie et le cahier des charges de production, en intégrant l’ensemble des éléments, qui permettent de trouver de la performance. Au-delà de la durabilité, il faut rester productif et avec des productions de qualité. Le cahier des charges doit permettre de renforcer ces deux points. Nos conseillers prennent le relais sur les contrats avec les agriculteurs et ils les accompagnent dans leurs choix.
Des contrats sécurisants pour les agriculteurs…
Th. C. – Oui. Afin d’accompagner le démarrage de cette filière, on travaille sur des systèmes qui permettent de sécuriser le revenu de l’exploitation, avec notamment des forfaits hectares, qui protègent en cas d’aléas agronomiques. Nous nous appuyons sur des observatoires de revenus sur l’ensemble de ces productions. On peut ainsi vérifier le respect de l’engagement vis à vis de l’agriculteur. Sinon, on peut mettre en place des systèmes de correction pour rediscuter avec nos partenaires afin d’aller rechercher de la valeur sur le marché pour la ramener au niveau des exploitations. Il y a donc un suivi permanent avec les partenaires, ce qui permet d’avoir une construction équilibrée des prix. Tout est basé sur la relation de confiance avec nos partenaires, comme avec Bonduelle depuis plus de 40 ans. C’est en partie pour cela qu’aujourd’hui, ils ont fait le choix de l’exclusivité avec Euralis sur les légumes secs.
Des évolutions pour les filières historiques ?
Th. C. – Bien entendu. Ne serait-ce que parce qu’il y a de nouvelles attentes de la part des consommateurs et donc de nos partenaires. Par exemple, pour optimiser l’utilisation de l’eau. Ainsi, nous avons lancé un suivi et un pilotage pour l’irrigation, afin de mieux utiliser l’eau, au bon moment et à la bonne dose, sur chaque parcelle. Nous travaillons également à l’amélioration de la structure des sols pour augmenter leur capacité à stocker de l’eau. Ce sont des sujets bien avancés sur nos filières historiques.
D’autres nouvelles filières ?
Th. C. – Nous développons d’autres cultures types arboriculture, notamment en ce qui concerne la production de kiwis depuis deux ans. Cela permet de diversifier les sources de revenus pour les exploitations, mais aussi de diversifier les productions dans le Sud-Ouest. Pour les grandes cultures, comme le maïs et le soja, on retrouve les mêmes schémas, les mêmes demandes des consommateurs et les mêmes enjeux pour produire de façon plus durable. Idem pour les filières animales. Depuis deux ans, une autre filière est devenue prioritaire, celle de la production d’énergie décarbonée, avec la création de la structure Eurasolis pour le développement du photovoltaïque sur les bâtiments de nos adhérents. Il faut aussi ajouter l’agrivoltaïsme, avec l’utilisation d’ombrières photovoltaïques pour la production de kiwi rouge : un nouveau fruit qui a besoin d’ombre. On peut également citer les projets autour de la méthanisation et des biocarburants. L’objectif est toujours le même : développer de nouvelles cultures et de nouvelles sources de revenus pour les agriculteurs, tout en répondant aux attentes des consommateurs. Enfin, le groupe continue à développer la filière circuit-court avec la Table des Producteurs. Des corners sont ouverts au niveau des magasins Point Vert, avec une mise en marché directe des produits de nos adhérents vers les consommateurs. Tout cela constitue la diversification de la coopérative autour du développement des filières pour toutes les agricultures.
Informations sur le site internet d’Euralis
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