Depuis 2021, année où le domaine est reconnu en Haute Valeur Environnementale 3, c’est au tour de leur fils Jean et Lili, son épouse, de s'investir avec passion aux côtés de Fabrice Saramon, œnologue qui travaille depuis 22 ans au Château Arton, pour révéler toujours plus l’essence de la terre haut-armagnacaise, en limitant l’intervention artificielle de l’homme afin d’exprimer le terroir le plus fidèlement possible.
« Nous sommes tous les trois la deuxième génération, et nous avons considéré que la meilleure contribution pour sublimer la Gascogne et notre terroir était de convertir l’intégralité du vignoble en bio et biodynamie. Jean est ingénieur dans le développement durable, donc ce choix était une évidence. Nous avons néanmoins bénéficié de conseils et d’accompagnement d’experts en biodynamie » souligne Lili.
Quatre ans après les débuts de la conversion des 88 hectares du domaine, tout le vignoble est certifié bio, y compris les parcelles dédiées aux vins IGP Côtes de Gascogne (soit la moitié de la production) à partir du millésime 2024.
Les sols y ont été régénérés grâce à la plantation de haies et d'arbres en suivant les courbes de niveaux pour inscrire la vigne dans un écosystème naturel et y dynamiser la vie. Le maintien d’un couvert végétal entre les ceps afin de décompacter les sols a permis d’augmenter le taux de matière organique nécessaire au bon développement de la vigne, la réalisation de noues a amélioré le ruissellement naturel de l’eau, et seuls des intrants naturels, tels que fumures de poules, prêle, savon noir, miel, etc., ont été utilisés.
Pour autant, la sècheresse en 2022, suivie de la grêle et du mildiou l’année suivante n’ont pas épargné Arton. Face au doute et aux multiples questions, l’équipe a choisi de résister pour continuer à travailler selon ses convictions. Et 2024 vient non seulement sonner le ban des premières vendanges officiellement bio, mais aussi un rendement exceptionnel - meilleur que lorsque que le vignoble était en agriculture conventionnelle - venant s’ajouter au couronnement de tous les efforts accomplis.
Cette réussite sera fêtée le 11 octobre prochain, lorsque l’alambic itinérant de Philippe Gironi viendra prendre ses quartiers au domaine pour lancer la saison de « la flamme » dans la région. Quatre distillations privées permettront aux amateurs et professionnels de découvrir la toute première cuvée bio de Fine Blanche, Blanche Armagnac qui ne vieillit pas en fût.
« Elle sera disponible sur notre site dès le début d’année prochaine, en mars 2025. Les armagnacs bruns bio le seront dans environ 10 ans. Certains fûts seront éliminés de la sélection car ils ne seront pas suffisamment équilibrés dans 6 ans. Ils seront alors assemblés avec d’autres fûts qui ne sont pas bio. Ce n’est qu’autour de l’année 10 que l’on tranche sur les fûts dont l’équilibre naturel est parfait, et qui deviendront des Pièces Uniques. Quant aux fûts parfaits en année 6, et imparfaits en année 10, ils seront assemblés entre eux, et deviendront un millésime. »
Encore un peu de patience donc pour découvrir l’expression la plus fidèle du terroir, la modernité de l’armagnac et le renouveau de la catégorie dans le monde, grâce à l’équipe de Château Arton qui a réussi haut la main son pari de miser sur l’avenir de sa terre et de l’appellation AOC.
Marielle Fourcade
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