Son succès repose en grande partie sur la qualité exceptionnelle de son eau. Provenant directement des sources des montagnes environnantes, cette eau fraîche et pure, d'une température constante de 8°C toute l'année, offre un environnement idéal pour la reproduction de la truite.
Forts de leur expérience de plus de 70 ans, les Viviers ont développé un savoir-faire unique dans la sélection et la reproduction de truites arc-en-ciel. Grâce à des techniques rigoureuses et à une attention constante portée au bien-être des poissons, l'exploitation produit chaque année près de 150 millions d'œufs de truite (contre 15 millions en 2009).
Implantée historiquement à Sarrance, l’entreprise a été rachetée par Frédéric Cachelou en 2008. Depuis elle a connu un second souffle et a pu accroître ses activités : le premier site est devenu le lieu de sélection et de production d’œufs ; un deuxième dédié à la production d’œufs a ouvert ses portes à Rébénacq en 2015 ; enfin à Escot, un troisième est consacré à la recherche et au développement, à la sélection génétique et au renouvellement des reproducteurs.
L'entreprise approvisionne aujourd’hui des pisciculteurs dans le monde entier (1/3 de sa production est destinée à la France et les 2/3 à l’export) et participe ainsi au rayonnement de la filière piscicole française.
Afin d’étendre son emprise sur le secteur, elle a identifié de nouvelles opportunités de développement à l’international, avec des pays comme le Pérou, la Chine, l’Asie centrale ou encore l’Inde.
Recherche, développement et innovation...
Mais l’entreprise florissante n’en est pas moins fragilisée par la concurrence étrangère, sa dépendance à l’eau, de plus en plus rare en raison du changement climatique, à la recrudescence de nombreux virus piscicoles et à la fermeture des marchés internationaux.
Soucieux de se perfectionner en permanence, les Viviers investissent activement dans la recherche et le développement. De nombreux programmes sont menés pour améliorer la performance des souches de truites et pour optimiser les techniques d'élevage. Ils consacrent ainsi chaque année pas moins de 150 millions d’euros à la recherche, au développement et à l’innovation.
Les Viviers entendent amplifier leurs partenariats à l’étranger pour créer des centres de multiplication dans des pays à fort potentiel, tels que la Turquie, l’Iran, la Russie, la Chine, le Pérou ou encore la Colombie. Dans l’Hexagone, l’entreprise souhaite entrer dans la cour des grands, en se spécialisant dans la sélection génétique (un secteur actuellement dans les mains des multinationales Hendrix, Benchmark et Wesjohnn) de la truite arc-en-ciel, afin d’alimenter en reproducteurs des filiales de multiplication françaises et étrangères.
Elle compte pour cela sur les financements régionaux, nationaux et européens pour l’innovation et une collaboration avec des structures de recherches, telles que l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) et le soutien du Syndicat des Sélectionneurs avicoles et aquacoles français (SYSAAF).
L’intelligence artificielle entre dans la pisciculture
Lauréat du Plan France 2030, le projet Sélection par Intelligence artificielle pour l’Aquaculture (SEPIAA) vise à développer et utiliser des outils et des modèles d’apprentissage (deep learning et machine learning) pour préparer et engager la transition numérique chez les sélectionneurs aquacoles français.
Pour travailler sur ce projet, un consortium a été créé. Il regroupe l’Inrae, l'Institut français de recherche entièrement dédié à la connaissance de l'océan Ifremer, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), le SYSAAF, cinq entreprises françaises de sélection (dont les Viviers de Sarrance) et une entreprise de production et de transformation.
Les objectifs de SEPIAA sont nombreux : donner la possibilité d’améliorer des critères inaccessibles aujourd’hui (efficacité alimentaire, beauté hédonique des poissons) ; diminuer la pénibilité du travail des opérateurs et le caractère invasif des mesures pour les animaux candidats (mesure des rendements) ; et améliorer le bien-être des animaux d’élevage (meilleures résistances aux maladies).
Pour les Viviers, une meilleure sélection engendre une diminution des coûts de sélection et une réduction des dépenses d’aliments, une augmentation du bien-être animal (moins d’animaux seront sacrifiés) ; mais aussi, une moindre manutention des poissons et une attractivité du métier en réduisant la pénibilité des tâches grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Autres enjeux de taille, et non des moindres, la hausse des températures et la raréfaction de l’eau. Grâce à l’intelligence artificielle, les Viviers pourront mieux préparer les truites aux températures élevées et accroître leur résistance innée à des maladies comme la flavobactérios.
Noémie Besnard
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