« Le programme Pangea représente bien l’esprit pionnier et la quête constante de l’excellence que l’on retrouve dans notre groupe. En 2008, nous inaugurions la plus grosse machine à calcul et le troisième plus puissant calculateur de France. Le premier qui appartenait à une entreprise privée », retrace Jérôme Poncet, le directeur du CSTJF.
En 2013, TotalEnergies intégrait Pangea, son premier supercalculateur industriel (ou HPC, pour high performance computing), développé par le Centre scientifique et technique Jean Féger à Pau (CSTJF). Pour simplifier, un supercalculateur est un assemblage de plusieurs ordinateurs agissant collectivement pour effectuer des calculs très complexes, de manière exceptionnellement rapide et pouvant traiter d’énormes quantités de données.
Grâce à Pangea III, à sa puissance de calcul et aux algorithmes qui permettent de transformer les données de terrain en images exploitables, TotalEnergies a pu repousser les limites de l’exploration et améliorer la qualité de l’imagerie sismique sur les zones géologiques complexes. La Compagnie a aussi développé une réelle expertise dans le domaine du calcul haute performance.
Depuis, trois générations de ce supercalculateur ont permis d’aller toujours plus loin dans la modélisation et la simulation, deux axes indispensables au développement de ses activités.
Un supercalculateur hybride et moins énergivore
Début 2024, Pangea est entré dans une nouvelle ère avec la quatrième version du supercalculateur, qui allie puissance de calcul et efficacité énergétique.
Inauguré seulement la semaine dernière, Pangea IV représente en effet une avancée majeure par rapport à son prédécesseur : cette nouvelle version calcule, 24h sur 24, deux fois plus rapidement que sa version précédente, atteignant un niveau sans précédent pour un supercalculateur commercial.
Au-delà de sa capacité de calcul impressionnante, la particularité de Pangea IV réside dans sa dimension hybride. Ainsi, contrairement à ses prédécesseurs, ce supercalculateur est composé d’une machine physique et d’un accès à des capacités de calcul dans le cloud via une machine dédiée : Pangea@Cloud. Cette dualité permet de maximiser la puissance de calcul tout en réduisant la consommation d'énergie. Pangea IV consomme ainsi 87% d’électricité en moins que Pangea II.
Si le cloud permet de bénéficier de mises à jour régulières et de rester à la pointe de la technologie en matière de super calcul, les équipes techniques ont prêté une attention particulière aux données transférées sur celui-ci, pour des raisons de confidentialité et de cybersécurité.
« Avec Pangea IV, nous ne sommes plus dans la course effrénée à la puissance. Nous avons changé de cap pour donner naissance à une solution hybride nous permettant de tirer le meilleur de la technologie physique et celle du cloud », souligne Jérôme Poncet.
Toutes les activités du groupe concernées
Pangea IV permet ainsi aux chercheurs d’optimiser l’emplacement des parcs éoliens et des forages gaz et pétroles, grâce à des simulations, avec une précision et une résolution sans équivalent.
« Ce nouveau système a été conçu pour répondre aux besoins de TotalEnergies sur la période 2024-2028. Sont concernés les calculs en géosciences bien sûr, mais aussi la simulation du CO₂ pour les projets de captage et de stockage géologique, les calculs de réduction du méthane, et les simulations de flux de vent pour la conception de parcs éoliens, sur les biocarburants et sur les polymères. En fait, toutes les thématiques sur lesquelles travaille désormais la R&D de TotalEnergies », expose Jean-Baptiste Richard, responsable du département Scientific Computing de TotalEnergies.
En parallèle de programme Pangea, la Compagnie multiénergies participe à l’élaboration du supercalculateur européen Exascale, conçu pour être le premier supercalculateur d'Europe à franchir le seuil d'un exaflop, ce qui correspond à un quintillion (1 suivi de 18 zéros) d'opérations par seconde.
« L’évolution dans ce domaine est aujourd’hui encore plus rapide que dans les années précédentes. L’innovation est un enjeu majeur qui nous permettra de conserver notre indépendance en tant que puissance de calcul », assure Emmanuelle Brechet, directrice Data Tech au CSTJF.
Noémie Besnard
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