Réuni en assemblée générale à Saint-Pierre-du-Mont, ce mardi 3 décembre, le groupe landais a annoncé 25 millions d’euros de pertes pour l’exercice clos en juin dernier, après deux années consécutives dans le vert.
Il faut dire que les conditions n’ont pas été franchement idéales au cours de l’exercice. Maïsadour a été pénalisé par une panoplie de facteurs plus ou moins inattendus. Récolte de céréales 2018 limitée par les aléas climatiques (alors que la récolte de maïs vient encore de subir les effets des précipitations d’octobre), retournement des ventes de semences en Ukraine, hausse des prix de l’alimentation animale, filière canard gras toujours sous tension, effets pervers de la loi Egalim pour l’équilibre des relations commerciales dans les secteurs agricole et alimentaire, impact de la crise des gilets jaunes : on peut dire que l’année n’a pas été de tout repos… Il s’agissait donc surtout de limiter la casse pendant cette année de transition.
La filière canard gras en difficulté…
Le canard gras, en particulier, n’a pas été à la fête. Malgré le redimensionnement de l’activité suite aux crises aviaires qui ont émaillé les années 2015 à 2017 (le nombre d’animaux est passé de 9 à 6 millions), le marché du foie gras resterait « en surproduction », dixit le DG Philippe Carré. Là-dessus, il faut d’abord dire que les premiers effets de la loi Egalim, votée à l’automne 2018 et limitant drastiquement les ventes promotionnelles en GMS, se seraient déjà fait sentir : les ventes de foie gras auraient reculé de 16% à Pâques, tandis que les commandes prévues pour les fêtes à venir seraient en diminution « de 10 à 30% ».
La reconquête des clients perdus suite auxdites crises aviaires resterait problématique, en particulier sur des produits comme le magret, un peu moins incontournable que le foie gras. Ces difficultés se sont déjà soldées par les fermetures de conserveries à Dax et dans le Tarn-et-Garonne, ainsi que par la transformation de l’abattoir de Mugron en station de biosécurité. Bref, le pôle gastronomie, qui représente un peu moins du tiers de l’activité de Maïsadour, n’a pas été à la fête.
Pour autant, la coopérative aux 5.000 adhérents et aux 5.500 salariés n’a pas que des raisons de faire grise mine. Elle prévoit d’ailleurs que mise à part cette filière canard gras, ses autres activités retrouveront toutes le chemin de la croissance pour l’exercice en cours.
Des relais de croissance bien identifiés…
Et surtout, le groupe est conscient des enjeux actuels et a déjà engagé une vaste transformation, travaillant à exploiter au mieux les nouveaux relais de croissance. Une mutation nécessaire qui commence à payer dans certains domaines. Du côté des semences, un programme génétique de développement de maïs tropical a été lancé au Mexique, et une filiale semences devrait être créée en Côte d’Ivoire. Malgré le retournement ukrainien, le marché des semences resterait relativement dynamique en Europe de l’Ouest. La coopérative mise en outre sur le bio, les maïs spéciaux, le colza pour la filière érucique, le soja et les fruits rouges.
Autre sujet de satisfaction, un décollage des gammes bio en nutrition animale aurait cours en France et à l’international. La création d’une co-entreprise est annoncée en Espagne. On peut également évoquer le travail de Maïsadour sur une aquaculture qualitative capable de concurrencer celle de pays fatalement plus compétitifs en termes de prix.
Du côté de la distribution, et en particulier pour ses volailles, la coopérative mise sur la RHF (restauration hors foyer), l’international (notamment en Allemagne) et surtout le circuit court, via les bouchers charcutiers ou ses magasins « En direct de nos producteurs », en majorité ruraux et locaux (Saint-Pierre-du-Mont, Aire-sur-l’Adour, Saint-Sever, Fleurance, etc.), mais aussi urbains (Cannes, Paris). Ce dernier canal de distribution pourrait s’étendre sous la forme de franchises.
Vers une agriculture plus juste et respectueuse…
Au-delà, Maïsadour cherche à s’adapter aux autres attentes des consommateurs. Alors que sa marque Delpeyrat va lancer un foie gras sans nitrites, ses volailles auraient été sélectionnées par la marque consommateur « C’est qui le patron ? » (qui cherche à rémunérer les producteurs au prix le plus juste). De même, Fermiers du Sud-Ouest (fruit né en 2010 de l’alliance entre Maïsadour et Galliance, pôle volaille de Terrena) a travaillé avec la marque distributeur de Casino à la mise en place d’une gamme de poulets plus respectueuse du bien-être animal.
Enfin, la coopérative poursuit sa démarche d’évolution vers une production à haute valeur environnementale, à travers Be Api et sa filiale R&D Défisol, qui sous la houlette d’InVivo se proposent d’organiser la transition vers une agriculture de précision.
Même si Maïsadour n’a pas vécu l’année du siècle, la transformation du groupe est donc largement initiée. De quoi, on l’espère, favoriser un rééquilibrage pour les prochains exercices.
Plus d’informations sur maisadour.com
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire