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Euralis en route vers un nouveau modèle

Le groupe coopératif de Lescar vise une croissance rentable prenant en compte les enjeux sociétaux. Il prévoit notamment l’arrêt de la vente de produits phytosanitaires d’origine chimique…
EURALIS 0
Los de son assemblée générale, Christian Pèes, président d’Euralis a annoncé une véritable révolution : à partir du 1er janvier 2021, le groupe cessera cette commercialisation.

Le groupe coopératif basé en Béarn compte anticiper la loi EGalim (octobre 2018), « pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable », imposant une séparation des activités de vente et de conseil. Euralis a décidé de faire le choix du conseil.

L'ambition est grande. L'entreprise veut co-construire avec ses coopérateurs, ses salariés et les acteurs du territoire un nouveau modèle agricole, prenant largement en compte le bouleversement des attentes des consommateurs. Cette révolution spectaculaire devra reposer sur un très haut niveau d’innovation et nécessitera des investissements majeurs dans la recherche et le développement.

Christian Pèes ne sous-estime pas les enjeux économiques de cette profonde évolution : « En arrêtant la vente de produits phytosanitaires, nous allons nous priver de marges importantes. C’est une prise de risque majeure, mais indispensable qui impose de trouver d’autres revenus dans les prochaines années ».

« L’environnement agricole et agroalimentaire est en plein bouleversement. La situation économique est difficile, les attentes sociétales nombreuses et parfois contradictoires, la réglementation foisonnante. Notre coopérative doit accompagner ces mutations profondes. Pour cela, nous poursuivons notre transformation. Nous faisons des choix forts qui engagent durablement Euralis », insiste Christian Pèes.

Un groupe en profonde mutation…

Le chiffre d’affaires d’Euralis est en croissance de 2,3% sur les activités jugées stratégiques, dont le recentrage autour de ses activités les plus rentables et le travail sur la maîtrise des frais fixes. Comme plusieurs de ses consœurs, la coopérative a été portée par son pôle semences, qui a progressé de 8,4% grâce à sa « performance génétique » et à l’export, en particulier en Europe de l’Est.

L’international pèse déjà 78% du chiffre d’affaires de ce pôle dynamique, 3ème des 4 pôles contributeurs aux revenus d’Euralis. Ce pôle semences a annoncé récemment le lancement de la construction d’une nouvelle usine russe. Désormais, 4 millions d’hectares sont semés chaque année avec des variétés de maïs, tournesol, colza, soja et sorgho d’Euralis, qui travaille à l’obtention de variétés plus résistantes, moins consommatrices en eau, aux teneurs en protéines optimisées, et surtout nécessitant un emploi plus limité de produits phytosanitaires.

Le groupe coopératif, dans son ensemble, est également bien positionné à l’international (28% du chiffre d’affaires dans 13 pays). Malgré les difficultés du pôle agricole, liées aux cours des céréales et à la morosité des marchés des agrofournitures et du vin de Bordeaux, 60% de la récolte de maïs part ainsi à l’export.

La coopérative continue d’accompagner ses agriculteurs dans les démarches HVE et SAI de responsabilité sociale et environnementale.

Comme les autres coopératives, Euralis se concentre aussi sur la mutation de son pôle alimentaire, rebaptisé « Ateliers Culinaires », et de ses 5 marques. Il s’agit encore une fois de s’adapter aux nouvelles exigences des consommateurs, qui « privilégient de plus en plus les circuits courts et sont très attentifs au contenu de leur assiette », de même qu’ils « demandent plus de traçabilité et apprécient les produits du terroir, sains et savoureux ».

Le dernier exercice aura donc été marqué par plusieurs lancements en phase avec ces exigences, à commencer par celui d’une filière Label Rouge pour le canard Maison Montfort, mise en place avec 30 producteurs d’ici. La marque a aussi lancé son « Tendre Magret » (produit de l’année 2019) et son saucisson de canard, tandis que Qualité Traiteur propose maintenant un cake tranché.

Enfin, l’essor à l’international vaut aussi pour ce pôle : la marque Rougié s’exporte plutôt bien en Asie, avec des ventes en progression de 12%.

La Table des Producteurs en vedette…

La distribution n’est pas en reste et témoigne de la volonté de transformation d’Euralis. Le groupe a ouvert fin mars son premier magasin-restaurant-boucherie de 600 m2, « La Table des Producteurs », à Sainte-Eulalie (33). Le concept existait déjà dans une trentaine de magasins Point Vert dotés de rayons dédiés, dans une logique de circuit court, où sont vendues les productions de plus de 530 agriculteurs, viticulteurs, éleveurs et maraîchers.

Évidemment, la transformation d’un acteur comme Euralis passe aussi par le bio et l’accompagnement des exploitations dans leur conversion. La coopérative compte aujourd’hui 265 coopérateurs en bio, contre 230 sur l’exercice précédent. Le pôle semences vise une augmentation de 50% de ses surfaces en bio : il serait déjà leader en France pour les variétés de tournesol et de soja, avec des parts de marché supérieures à 60%.

La transformation se poursuit donc à de nombreux niveaux chez Euralis. La coopérative aux 12.000 agriculteurs et aux 5.000 salariés aura encore investi 29 millions d’euros en R&D sur l’exercice.

Plus d’informations sur euralis.fr

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