Alpha Chitin, qui compte actuellement une vingtaine de collaborateurs, prévoit de tripler ses effectifs d’ici fin 2024. Avec la nouvelle usine, l’entreprise devrait recruter 200 personnes supplémentaires à l’horizon 2025.
La startup se positionne entre agriculture et chimie. Elle a mis au point un procédé très innovant pour extraire la chitosan à partir de carapaces de minuscules crevettes (krill), de larves d'insectes et d'un champignon (mycélium). 100% de ses chitines sont extraites de ses propres bio-ressources. « Nous maitrisons ainsi toute la chaine de production jusqu’au chitosane final ».
L’usine de Lacq, qui peut s’étendre sur 1,2 ha, comprendra notamment une unité pour l’élevage des larves et la production de mycélium, un bâtiment d’extraction et de purification, un laboratoire de recherche et des bureaux.
Une molécule aux propriétés remarquables …
Alpha Chitin veut s’imposer comme le producteur référence en Europe, avec le chitosan aux multiples applications médicales, pharmaceutiques ou dans les cosmétiques, et même le traitement de l’eau… La production de cette molécule représente un enjeu mondial, dans un marché contrôlé à 90% par la Chine.
Krill, le mini crustacé, est pêché dans l’Antarctique. Il est réputé pour son huile riche en oméga-3. L’usine de Lacq sera alimentée par des pêcheurs norvégiens. Le chitosane extrait servira par exemple à réaliser du tissu humain biocompatible.
La molécule, aux propriétés anti-oxydantes, antibactériennes et antifongiques, permettra également la fabrication de lentilles cornéennes. Elle sera également utilisée pour la fabrication de pansements hémostatiques d’urgence, de prothèses cardiovasculaires ou de prothèses contre l’arthrose. Et ce n’est pas tout. Elle entre dans des traitements de régénération des nerfs et contre le cholestérol, ou encore dans le domaine orthopédique.
Le chitosane vise aussi les produits de beauté anti-âge et la fabrication de crèmes, de rouges à lèvres et de lotions. Il aura certainement des débouchés majeurs au niveau des soins capillaires, en permettant de former un film élastique sur les cheveux, renforçant la fibre capillaire. Ses propriétés antibactériennes seront précieuses pour la fabrication de soins buccaux.
La molécule pourra être très utile pour le traitement de l’eau, comme agent coagulant pour les composés organiques et inorganiques, et pour lier les métaux lourds toxiques présents dans les eaux usées industrielles.
Un marché de niche qui explose…
La première usine qui va entrer en service en début d’année, a été conçu pour produire 240 tonnes de Chitosane par an. Or, Alpha Chitin annonce un carnet de commande déjà saturé, correspondant à plus de 3 ans de production. Selon Philippe Crochard, le marché mondial devrait dépasser 280.000 tonnes d’ici 5 ans.
D’où la volonté, de l’entreprise grenobloise de lancer d’ores-et-déjà la conception d’une méga usine de 25.000 m2 pour répondre à la demande. Il est envisagé un investissement de plus de 250 millions d’euros, soutenu par l’État, dans le cadre du plan France 2030.
L’implantation d’Alpha Chitin sur le bassin de Lacq est accompagnée par Chemparc, la Communauté de communes de Lacq-Orthez (CCLO), la Région Nouvelle Aquitaine, TotalEnergies Développement régional et la Sobegi.
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