En dépit des intempéries du printemps et de prévisions de récolte en baisse sur le kiwi vert, les perspectives commerciales du fruit vitaminé restent plus qu’encourageantes. On fait le point avec Patrick Piquin, directeur de la Scaap Kiwifruits de France, et Fabien Bec, responsable technique en charge des nouvelles variétés.
Chacun son tour. La récolte du mini-kiwi « Nergi », qui avait commencé en août dans les Landes, le Gers et les Pyrénées-Atlantiques, est désormais terminée. Autour de 350 tonnes de cette variété devraient être vendues prochainement, en bonne partie à l’export. « La commercialisation devrait durer 2 mois et demi, jusqu’au mois de novembre », explique Patrick Piquin, directeur de la Scaap Kiwifruits de France.
L’heure est désormais à la récolte des kiwis jaunes, lancée la semaine dernière. La commercialisation sera au plus tôt lancée mi-novembre : « Il faut une période d’affinage du fruit, de façon à ce qu’il puisse ensuite exprimer tout son parfum et toute sa saveur », commente le dirigeant. On le sait : la variété, goûtue et sucrée, est de plus en plus prisée des consommateurs.
Les exploitants de la Scaap prévoient cette année d’en récolter un total de 1.000 tonnes, contre seulement 300 l’an dernier. « Nous avons pour objectif de planter 100 hectares supplémentaires dans les 3 ans qui viennent », précise Patrick Piquin.
Le kiwi français a la cote…
Quant au bon vieux kiwi vert, qui demeure naturellement le produit-phare, la récolte commencera entre fin octobre et début novembre, avec une prévision en baisse, à 8.000 tonnes. Les pertes liées aux intempéries et inondations du printemps sont évaluées par la coopérative à 1.200 tonnes. Car en effet, comme tous les ans depuis 2017, la pluviométrie aura en 2020 été largement supérieure à la moyenne des 30 dernières années, et les inondations importantes subies précédemment ont fait souffrir les systèmes racinaires.
À l’arrivée, en cumulant toutes les variétés, les kiwiculteurs de la Scaap récolteront entre 9.000 et 10.000 tonnes cette année. De fait, même en ajoutant les productions des coopératives lotoises, drômoise et corse également commercialisées par Primland, les quantités vendues seront sans doute moindres cette année. L’an dernier, 20.000 tonnes de kiwis avaient été récoltées, pour un chiffre d’affaires record de 46 millions d’euros (c’était 32 millions sur la saison 2018-2019).
Fort heureusement, les perspectives commerciales restent quant à elles excellentes. La production sera une fois de plus écoulée sans trop de problème, les Français étant toujours aussi friands du fruit vitaminé, qui plus est lorsqu’il est produit localement. Et nos kiwis fonctionnent également très bien à l’étranger, en particulier en Allemagne et dans les pays du nord de l’Europe.
On notera de plus qu’au-delà du label et de l’IGP « Kiwi de l’Adour », le bio progresse aussi : « Nous étions à 5% de la production l’an dernier, ce sera plutôt 7% cette année. Nous avons pour objectif d’atteindre 10%, objectif évidemment révisable si la consommation continue à se développer », détaille Patrick Piquin. De nombreuses procédures de conversion étant récentes ou en cours, cet objectif pourrait être atteint dans les deux à 3 années qui viennent.
Quand le kiwi d’ici voit rouge…
Si les quantités cueillies seront moindres en 2020, la qualité, elle, sera très probablement au rendez-vous, « que ce soit en termes de calibre, d’arômes ou de goût ». Les pluies de septembre ont été bénéfiques pour le kiwi vert, après deux mois d’été chauds et ensoleillés qui ont rendu les sols secs et fait mûrir le fruit un peu plus vite que d’habitude. Il n’aura d’ailleurs échappé à personne que la cueillette des kiwis Nergi et jaunes a commencé plus tôt qu’à l’accoutumée.
Plus loin, une nouvelle vedette devrait faire son apparition sur les étals dans les années qui viennent : le kiwi rouge ! Une expérimentation est en cours. Trois hectares ont déjà été plantés sur 3 exploitations soigneusement sélectionnées, à Aire-sur-l’Adour (40), Ségos (32) et Verdun-sur-Garonne (82).
« Ces expérimentations autour d’une nouvelle variété sont toujours un travail de longue haleine. Il faut compter 5 ans entre la naissance de la plante et l’obtention des premiers fruits, puis encore 5 années d’observation pour s’assurer d’un niveau de qualité constant à chaque récolte », expose Fabien Bec, responsable technique de la Scaap en charge des nouvelles variétés.
Le travail autour de la culture du kiwi rouge, qui pousse naturellement en Chine, a été initié là-bas il y a une vingtaine d’années. En France, la variété a commencé à faire parler d’elle au milieu des années 2000. Le fait de lancer une telle expérimentation nécessite en lui-même une assez profonde réflexion préalable : on rappelle qu’une plantation de kiwi représente en moyenne un investissement de 50.000 euros par nouvel hectare de verger. Outre le potentiel du fruit auprès des consommateurs et l’assurance d’une qualité constante du produit, il faut aussi que cette production soit compatible avec les contraintes techniques et organisationnelles de l’exploitant.
Bientôt sur les étals…
« L’Italie est un peu en avance sur le sujet. Là-bas, la phase d’évaluation est déjà terminée et les résultats sont encourageants », commente Fabien Bec. Ici, « les premiers fruits devraient être récoltés dans 2 ou 3 ans, avec la perspective, si tout va bien, de les voir débarquer sur les étals de primeurs ou dans les rayons spécialisés de supermarchés ». Sravni.ru Bref, il faut du temps pour faire passer tous les examens nécessaires à cette nouvelle variété, évaluer son adaptation au climat de l’Adour, puis la faire prospérer comme ses consœurs.
Outre la couleur, premier levier d’identification de cette variété, « le plus impressionnant reste sa saveur. C’est un kiwi exceptionnel qui, davantage que les autres variétés, se rapproche des fruits exotiques des milieux tropicaux. On est finalement assez éloigné du kiwi vert traditionnel en termes de goût ». Un produit qui aura donc nécessité de longues années de travail mais qui, au-delà des mordus, « devrait permettre d’aller chercher de nouveaux consommateurs ».
Au final, ce kiwi rouge de l’Adour aura toutes les chances de connaître la même ascension fulgurante que ses cousins jaunes (ou miniatures) dans l’Hexagone. C’est bien connu, les Français aiment les fruits rouges… On attend de goûter à celui-ci avec impatience. Mais on ne doute pas que ce kiwi « sanguin » ne manquera pas de caractère !
Plus d’informations sur le site internet, cliquez ici
Photos : Primland
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