Les mots ont toujours guidé sa vie. Avec la liberté comme seul mot d’ordre, Kalune a fait ses débuts dans la musique avec le rap, une étape quasi « obligée » pour cet enfant des années 1990.
Le slameur de 42 ans, qui a passé son enfance entre les Hautes-Pyrénées et le Béarn, utilise la poésie pour supporter et dénoncer les injustices de notre monde, mais aussi montrer la beauté qui s’y cache et susciter l’émerveillement. Après une première expérience avec le groupe Les Gueules de Wab, le parolier se lance en solo sous le pseudo Kalune (un hommage à la bruyère Callune, présente dans les Pyrénées).
Vous vous décrivez comme un « pirate de la poésie ». Qu’est-ce que ça signifie ?
Kalune – Écrire est un besoin, une nécessité pour moi. Je dirais que je fais de la poésie militante en passant parfois par l’émerveillement. Ça me permet surtout de construire un lien direct avec la jeunesse. C’est crucial pour moi, car une génération déconnectée de la nature ne voudra pas la protéger. Je m’inspire de la vie et des rencontres. Il y a de l’amertume dans mes textes, car en décrivant la beauté de ce monde, on ressent l’absurdité de cette société capitaliste responsable de la destruction de la planète.
L’étiquette d’ « artiste militant » est-elle facile à porter ? Vous la revendiquez ?
Kalune – C’est vrai que c’est parfois difficile à porter, car je reçois des messages très virulents. Les idées changent au cours des décennies et le militantisme est multiple. Mais c’est ce que je suis, j’ai besoin de parler de choses qui me révoltent ou qui me donnent de l'espoir.
N’y a-t-il pas quelque chose de paradoxal entre votre métier d’artiste et vos textes sur l’écologie ?
Kalune – C’est vrai, vous avez raison. Les tournées, les tee-shirts, le public qui se déplace pour me voir en concert… Mais la pandémie m’a permis de remettre tout à plat. Mes dates ont été annulées et je n’ai pas rechanté jusqu’à cette année. J’ai toujours refusé d’entrer dans une maison de disque, pour pouvoir produire mes albums de façon indépendante. On a repensé le système et 2024 est une année test. On veut faire les choses plus localement, simplement et de façon plus humaine et artisanale, donc on a prévu uniquement des dates dans le grand sud-ouest.
Kalune sur scène, ça donne quoi ?
Kalune – Ahaha, difficile à dire, et à juger ! Je m’adapte à mon public bien entendu. On passe par beaucoup d’émotions différentes : rire, pleurs, colère, joie, espoir… Mais je ne suis pas à l’aise avec l’image de « guide » qu’on donne parfois aux artistes. C’est difficile pour moi de m’exposer sur scène face au public. Mon but n’est pas la célébrité, mais faire passer des messages vers le changement.
Le 3 août, vous serez en première partie de Féfé, au Théâtre de Verdure. Ce sera votre première fois à l’Été à Pau ?
Kalune – Non, j’y suis venu deux fois, dont la première quand j’avais 20 ans et j’étais déjà en décalage par rapport aux autres rappeurs (rires). Jouer à la maison a une saveur très particulière, car je joue devant mes proches. J’ai plus la pression ! La veille, je serais au Château de Laàs, pour les Transhumances musicales et le 14 août à Navarrenx.
Le grand public vous a connu grâce à votre chanson « Sauce Béarnaise »…
Kalune- Si vous saviez le temps qu’on a mis à tourner le clip ! Comme beaucoup de béarnais, c’est en quittant le « país » que j’ai compris à quel point j’y étais attaché. Je vis à Paris, mais je suis revenu pendant le Covid et j’ai voulu faire un hymne au Béarn. Faire des jeux de mots en traversant les villages, c’est ma vie ! J’ai commencé avec un nom, puis les autres ont suivi. Mais certains petits villages n’ont pas de panneaux, donc il a fallu en trafiquer quelques-uns (rires). Cette chanson, plus légère, m’a permis de toucher un nouveau public.
Un deuxième album est en préparation, pouvez-vous nous en dire plus ?
Kalune - Mon premier album solo, « Amour – entre Résistance et Utopie », est sorti en 2019. Depuis, j’ai pris pas mal de recul. J’ai appris à mixer des textes tristes et des musiques joyeuses et même si le fond reste sensiblement le même, la forme s’est adoucie. Dans ce nouvel album, intitulé « Amour », avec le A d’anarchie, je suis accompagné par Anaïs Laffon au violon, Adrian Waves aux claviers et Landry Verdy à la conception musicale. Je m’autorise l’incohérence : je peux dénoncer des comportements dans une chanson et prôner le pardon universel dans une autre, car mes textes sont les fruits de moments de vie. C’est aussi ça être humain, passer de la colère à l’amour, de la tristesse à l’espoir…
Propos recueillis par Noémie Besnard
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