Pays Basque Industries-Euskal Industriak (PBI-EI), association fondée en 2020, née de la volonté de huit industriels du Pays Basque de fédérer leurs efforts pour améliorer la compétitivité de l'industrie basque, a présenté le 19 septembre dernier son nouveau projet baptisé « Iparla ».
A l'occasion de sa plénière 2024 au sein de l'usine Cetia, Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle Aquitaine, et Sylvie Durruty, vice-présidente Développement économique et innovation de l'Agglomération Pays Basque, étaient présents.
Georges Maregiano, directeur national KPMG France en charge des ETI et des sociétés familiales, a souligné la force de ce réseau : « À l'invitation de Pays Basque Industries, ils étaient 140 à avoir participé à la plénière annuelle de ce réseau, qui fédère, après seulement 4 ans d'existence, 60 industriels basques, actifs dans 15 filières différentes (de l'agroalimentaire à l'aéronautique, en passant par le textile et le BTP !) ». La thématique centrale de la soirée s'est focalisée sur la gestion durable des plastiques industriels.
Le projet Iparla incarne une réponse puissante à cette problématique : transformer les déchets en ressources. Cette approche territoriale permet aux entreprises du Pays Basque de réutiliser leurs plastiques industriels grâce à un système de collecte et de transformation très novateur.
Comme l’explique Georges Maregiano, « ce territoire basque incarne à lui seul les partis pris que nous défendons dans notre étude "(Ré)industrialisation : le facteur ETI" (Entreprise de taille intermédiaire) : le pas de tir de notre (ré)industrialisation, ce sont les villes petites et moyennes, disposant d'un écosystème, bien décidées à travailler ensemble : entreprises, collectivités territoriales, services de l'État, enseignement supérieur... Et ce soir-là, ils étaient tous réunis ! ». Ainsi, Iparla contribue à la réindustrialisation verte de la région.
Un modèle d'économie circulaire des plastiques industriels
C'est donc dans cet esprit de coopération qu'est né le projet Iparlaa (Industriako plastikoen arraerabilera, revalorisation du plastique industriel), un projet phare lancé en mars 2024.
L'association PBI, par l'intermédiaire de son délégué général Thibault Hourquebie, s'est félicitée de cette démarche vertueuse : « Notre association s’est donné comme objectif de cartographier les déchets plastiques des industriels basque, et de caractériser les gisements. En parallèle, cette base de donnée est exploitée pour trouver des porteurs de projets ou industriels en recherche de plastique recyclé local. » Cette initiative territoriale, pilotée par PBI-EI, vise à répondre à une problématique majeure : la gestion et la revalorisation des déchets plastiques industriels.
En France, seulement 23% des plastiques industriels sont actuellement recyclés, un chiffre encore éloigné des objectifs européens de 50% d'ici 2025. Ce projet entend inverser cette tendance au niveau local, en proposant une alternative concrète à l'enfouissement et à l'incinération des déchets plastiques issus des usines du Pays Basque.
Iparla rassemble 34 acteurs industriels locaux, allant des startups aux ETI, tous confrontés à la même difficulté : malgré la volonté de réduire leur empreinte environnementale, ces entreprises produisent des volumes de déchets plastiques insuffisants pour attirer les recycleurs, rendant difficile la mise en place de filières de collecte et de traitement adaptées. C’est là que le consortium Iparla, fondé par quatre entreprises locales (Agec, EBL Polyesthère, Sokoa et Somocap), intervient.
Résultat concret pour cet écosystème basque, rappelle Georges Maregiano : « iIs viennent de lancer ce projet inédit, et pourtant plein de bon sens, de recyclage de leurs plastiques industriels. Ils ont passé 6 mois à les cartographier, afin de pouvoir les collecter par typologie, puis les revaloriser en nouvelles pièces, ré-intégrer dans la chaîne de production d'industriels locaux. Circularité et production 100% Pays Basque ! ».
Cartographier, identifier et fabriquer
Le premier volet du projet Iparla consiste donc en une « cartographie et identification des déchets plastiques » afin de recenser les volumes disponibles sur le territoire et d’optimiser leur réutilisation. Ce processus permettra non seulement d'accroître l'efficacité du recyclage local, mais aussi de stimuler l’économie circulaire en formant les plasturgistes locaux à la transformation des MPR.
En parallèle, l'initiative vise à inciter les entreprises du territoire à passer commande de pièces fabriquées à partir de ces plastiques recyclés, stimulant ainsi une dynamique industrielle locale.
Le second volet, intitulé « économie circulaire 100% Pays Basque », se concentre sur la fabrication de produits en MPR au sein même du territoire basque. Deux pièces pilotes sont actuellement en phase de validation (photo ci-dessus) : un support de poire pour chaise, produit par Somocap pour le compte de l'ETI Sokoa, et des pièces de verrouillage pour composteurs, fabriquées par EBL pour la PME Agec.
En offrant des solutions concrètes et locales, Iparla démontre qu'il est possible de concilier développement industriel et transition environnementale.
Ce modèle d'économie circulaire des plastiques industriels a déjà su attirer un soutien significatif, notamment de la part de la Région Nouvelle-Aquitaine, de la Communauté d’Agglomération du Pays Basque, ainsi que de la Sous-préfecture de Bayonne. Thibault Hourquebie précise : « Une candidature a été déposée sur l'Appel à Projet Ormat de l'Ademe, dont le but est de soutenir les projets de recyclage des matières. Nous saurons très prochainement si Iparla est lauréat... ».
Si cette candidature est retenue, cela permettra d'accélérer considérablement le développement de l’initiative, en renforçant l’économie circulaire locale.
Les ETI, pilier essentiel pour la réindustrialisation des territoires
Parallèlement à cette dynamique de développement durable, les ETI jouent un rôle central dans la réindustrialisation du tissu économique français, en particulier dans les villes de taille moyenne. Selon une étude récente publiée par KPMG en partenariat avec le METI, les ETI sont le moteur de la réindustrialisation, avec une part importante d’entre elles situées en dehors de la région parisienne.
Ces entreprises, souvent bien ancrées localement, sont capables d’agir rapidement et efficacement grâce à leur flexibilité et leur connaissance du territoire.
L’étude montre que les ETI ont su anticiper et contourner les nombreux obstacles rencontrés par les grands groupes, notamment en matière de foncier et de gestion administrative.
En anticipant les besoins fonciers et en renforçant leurs relations avec les pouvoirs publics locaux, les ETI ont pu développer des projets industriels sur des surfaces maîtrisables, évitant ainsi les contraintes liées aux grandes zones industrielles. De plus, leur capacité à s’inscrire dans une dynamique de proximité avec leurs partenaires et leur écosystème local leur permet de se positionner en leaders de la transformation industrielle, intégrant des processus de production automatisés et respectueux de l'environnement.
Les ETI se distinguent également par leur engagement en faveur de la décarbonation. Pour elles, la transition écologique est non seulement un impératif, mais aussi une opportunité pour renforcer leur compétitivité. Les nouveaux sites de production, conçus dans une optique de réduction des émissions de CO2, intègrent des technologies avancées de gestion des énergies, de récupération de chaleur et d’optimisation des processus industriels.
Le facteur humain est un autre élément clé de cette réussite. Les ETI, par leur ancrage territorial, offrent souvent des conditions de travail attractives, favorisant la fidélisation des talents locaux. Elles misent sur la formation continue et le partage de la valeur via l’actionnariat salarié, renforçant ainsi leur attractivité auprès des jeunes générations, en quête de sens et de responsabilité sociale.
C’est donc à travers des initiatives comme le projet Iparla et grâce au rôle central des ETI que le Pays basque illustre parfaitement la manière dont un territoire peut concilier développement industriel et transition écologique.
La réindustrialisation de la France, portée par des entreprises agiles et ancrées localement, montre que la croissance économique peut aller de pair avec le respect de l’environnement et l'engagement sociétal.
Sébastien Soumagnas
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