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La forêt du futur prend racine à Mont-de-Marsan

Face aux tempêtes, sécheresses et incendies qui bouleversent les forêts landaises, des chercheurs testent différentes essences sur une parcelle expérimentale de Mont-de-Marsan.
Le climat met à rude épreuve le plus grand massif forestier d’Europe occidentale
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L'objectif est d'imaginer la forêt du futur et préparer les boisements à affronter les dérèglements climatiques.
Dans le paysage landais, le pin maritime est roi
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La forêt landaise vacille. Depuis les tempêtes de 1999 et 2009 jusqu’aux incendies de ces dernières années, en passant par des sécheresses plus fréquentes, le climat met à rude épreuve le plus grand massif forestier d’Europe occidentale. Pour éviter de voir ce poumon vert s’effondrer, scientifiques et sylviculteurs cherchent des solutions. Sur une parcelle expérimentale de l’arboretum de Mont-de-Marsan, ils testent depuis plus de dix ans différentes essences d’arbres, dans l’espoir d’identifier celles qui résisteront aux bouleversements climatiques et aux catastrophes naturelles.

Au cœur de cette expérimentation, menée par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) et soutenue par la coopérative Alliance Forêts Bois, des dizaines d’espèces ont été mises en culture. Certaines se sont révélées prometteuses, d’autres ont plié sous les assauts du climat. L’objectif est double : préserver la biodiversité forestière et assurer la pérennité du bois en tant que ressource économique.

Le pin maritime, un ancrage solide mais fragile

Dans le paysage landais, le pin maritime est roi. Essentiel à l’économie locale, il couvre l’immense majorité des plantations. Pourtant, le changement climatique et les risques accrus de tempêtes et de maladies menacent son hégémonie. Mais cette domination a un revers : une monoculture trop rigide pourrait fragiliser l’ensemble du massif.

Pour éviter de mettre tous leurs glands dans le même panier, les chercheurs encouragent la diversification. L’idée ? Associer au pin maritime d’autres essences capables de le compléter et de renforcer la résilience des forêts face aux éléments. Ainsi, des haies bocagères et plusieurs feuillus ont été introduits à proximité des routes et en sous-bois, afin d’expérimenter une sylviculture plus variée.

La pépinière Forelite SA développe des kits forestiers prêts à planter
Forelite DR

Parmi les surprises de l’expérimentation, le chêne-liège tire son épingle du jeu. Résistant aux incendies grâce à son écorce épaisse, il semble être un candidat sérieux pour diversifier le massif. D’autres espèces venues de climats similaires sont également mises à l’épreuve. Le hêtre d’Orient, originaire de Turquie, a été sélectionné pour sa capacité à supporter des sécheresses plus longues que son cousin européen. Quant au bouleau, il laisse les chercheurs plus perplexes car, bien qu’il atteigne rapidement une taille respectable, son tronc demeure trop fin pour en faire un bois d’œuvre intéressant.

Toutes ces essences sont testées sur une durée d’au moins cinq ans avant d’être adoptées plus largement dans les plantations. L’enjeu est de taille : sélectionner les bons arbres aujourd’hui, c’est dessiner le visage des forêts de demain.

Des kits forestiers pour le futur

L’expérimentation menée à Mont-de-Marsan ne se limite pas à la seule observation scientifique. En parallèle, la pépinière Forelite SA développe des kits forestiers prêts à planter, adaptés aux besoins spécifiques des propriétaires forestiers. Loïc Iffat, directeur des opérations explique que le climat, les caractéristiques du sol et les risques naturels sont analysés avant de proposer différentes essences adaptées.

Ainsi, le "kit Landes sèche" comprend du pin maritime, du pin parasol, du chêne-liège, du bouleau et de l’argousier. D’autres kits, pensés pour les zones plus humides ou les terrains exposés aux tempêtes, sont également en développement. L’objectif est de fournir aux sylviculteurs des solutions clé en main pour renouveler leurs parcelles tout en intégrant une diversité végétale plus adaptée aux nouvelles réalités climatiques.

Une forêt en transition, un défi sur plusieurs générations

Si les premiers résultats de l’arboretum de Mont-de-Marsan sont encourageants, il faudra encore du temps avant de tirer des conclusions définitives. La nature ne se précipite pas : il faut plusieurs décennies pour juger de la véritable adaptation d’une essence et de son intégration dans l’écosystème local.

Cependant, une chose est sûre : le modèle forestier landais doit évoluer. Face aux incendies de plus en plus violents, aux sécheresses prolongées et aux tempêtes destructrices, les forêts doivent se diversifier et s’adapter. Cependant l’essence du pin reste incontournable dans l’économie sylvicole. Mais d’autres espèces viendront désormais l’accompagner pour renforcer la résilience du massif.

Ce chantier sylvicole est un défi sur le long terme, qui nécessitera patience, observation et ajustements. Mais grâce aux expériences menées à Mont-de-Marsan, les forêts de demain commencent à s’enraciner dès aujourd’hui.


Sébastien Soumagnas

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