Votre parcours ?
Olivier Rebenne – J’ai un parcours plutôt généraliste, avec une expérience de 15 ans chez Euralis qui me permet de bien appréhender les différentes composantes du groupe. D’abord en charge des achats industriels, j’ai ensuite pris en charge la gestion de la famille énergie en 2013. J’ai ainsi mesuré l’importante d’optimiser davantage les énergies pour un groupe comme le nôtre. Il ne s’agit pas seulement de bien acheter, il faut également maîtriser les consommations et enclencher la décarbonation.
C’est aujourd’hui une mission à part entière ?
O. R. - Cette approche a pris de plus en plus de place au sein du groupe, bien avant la crise énergétique. D’où la décision de créer un service dédié. En 2021, j’ai ainsi été nommé à la tête de la Direction des Energies, avec pour mission de gérer et optimiser au maximum les dépenses énergétiques du groupe. C’est une activité différente de celle qui consiste à développer de nouveaux métiers autour de la production d’énergie avec les adhérents. Euralis dépense 30 millions d’euros en énergies par an. Comment limiter au maximum ces consommations et comment compenser les consommations résiduelles ? C’est tout le défi.
Pouvez-vous préciser ?
O. R. – Nous travaillons sur 4 axes principaux. D’abord, sur l’optimisation des achats d’énergie, au sens large. Y compris les mesures fiscales et les aides liées. Il faut savoir que nous utilisons chaque année 140 gigawatts de gaz et 100 gigawatts d’électricité, ainsi que 3.000 tonnes de propane. La volatilité des marchés depuis deux ans, nous oblige à monter en compétences à ce niveau, en mettant par exemple des routines avec la direction financière pour adapter en permanence nos prises de positions sur les marchés. Deuxième axe, nous avons mis en place un monitoring avec des logiciels dédiés, pour le contrôle et la réduction des consommations. Cela nous permet d’affiner quand et comment agir. Les deux autres priorités sont : la décarbonation, avec l’utilisation d’autres sources d’énergie propre ; la compensation de la consommation résiduelle, avec la création d’une richesse équivalente en énergies renouvelables.
D’où viennent les plus importantes consommations ?
O. R. – D’abord, les 3 principales usines agroalimentaires : Maubourguet, Les Herbiers et Yffiniac. Ensuite, les 14 silos de séchage. En fait, nous assurons un suivi particulier sur 40 sites du groupe qui représentent 90% de la consommation. En améliorant notre connaissance de chacun, indépendamment des données des fournisseurs, nous pouvons maîtriser la consommation très efficacement. L’objectif est de mettre en place une identification de la consommation pour chaque activité, et pour chaque produit, avec des indices de performance énergétiques dédiés (IPE).
Où en êtes-vous pour la décarbonation ?
O. R. – Une étude est en cours concernant l’installation sur le site de Lescar d’une chaudière biomasse, utilisant les rafles de la collecte de maïs semence non utilisées. Le but est d’effacer une grande partie de la consommation de gaz, plus de 50% dans une première étape. Nous effectuons également des tests de géothermie pour la décarbonation du siège social, en couvrant les besoins du siège, notamment pour le chauffage. L’investissement pour cette mise en place est supérieur à 10 millions d’euros.
Qu’en est-il des énergies renouvelables ?
O. R. – C’est le 4e pilier, la production d’énergie photovoltaïque peut s’appuyer sur 370.000 m2 de toitures et plus 40 hectares au sol sur les différents sites. Cela nous permet de préparer un plan ambitieux de développement de panneaux solaires. Cette énergie verte, sera auto consommée en partie par Euralis, et le surplus sera vendu pour financer une partie du désamiantage de 280.000 m2 de toitures. Une dépollution qui représente à elle seule un budget de 25 millions d’euros.
Les prochaines étapes ?
O. R. – Ce plan sera présenté, avant l’été, à la direction générale. Le temps de finaliser la préparation, l’organisation juridique, la recherche de financements… Les premiers chantiers devront être lancés en 2024. Un objectif est aussi de finaliser le site de Lescar qui sera particulièrement vertueux, en associant les énergies produites à partir de la biomasse, de la géothermie et du photovoltaïque.
Comment vous positionnez-vous ?
O. R. – Nous voulons être durablement à la pointe de la maîtrise des énergies, de la décarbonation et de la compensation. Cela impose une veille permanente et de nombreux échanges avec d’autres organisations, comme le Syndicat des énergies renouvelables, d’autres groupes coopératifs français et des grands opérateurs comme Engie, GrDF ou encore Teréga.
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