En 2022, cet agent général d’assurance a vu sa vie brutalement basculer lors du Grand Trail de la Vallée d’Ossau. Des difficultés respiratoires et une barre sous la poitrine l’ont poussé à abandonner la course au bout de huit heures.
Après un examen médical, la sentence tombe : c’est un début d’infarctus. « J’ai subi une opération en novembre 2022. J’ai eu du mal à l’accepter, j’éprouvais un sentiment d’injustice. Moi qui étais très sportif, j’ai dû passer plusieurs mois sans aucune activité physique, avant de débuter de long mois de rééducation. Mais le soutien psychologique que j’ai pu recevoir m’a aidé à me reconstruire et à reprendre confiance en moi », témoigne-t-il.
Après une année de rééducation, Bertrand Adoue est enfin autorisé à participer à sa première course post-infarctus, mais il a dû dire adieu aux ultra-trails. De là est né un tout nouveau projet, une idée inédite en son genre et qu’il nourrit depuis un an : traverser les Pyrénées en vélo. Après son accident, il a décidé de lui ajouter une dimension solidaire.
« Tout au long de mon parcours, j’ai été vraiment touché par la bienveillance des équipes autour de moi. Aujourd’hui, je souhaite remercier le personnel du Centre Hospitalier de la Côte Basque et partager mon expérience afin de sensibiliser le grand public sur l’importance de la prévention pour prévenir le risque d’infarctus. J’avais envie d’apporter ma pierre à l’édifice et rendre un peu de ce que l’on m’a donné durant cette période difficile pour moi. Si ça peut être utile à d’autres… », explique le sportif de 42 ans.
772 km à vélo pour les victimes d’infarctus
Du 14 au 19 octobre 2024, Bertrand Adoue va ainsi parcourir 772 kilomètres et 23 cols, d’Argelès-sur-Mer à Hendaye (en passant par Saint-Lary-Soulan, Laruns et Saint-Jean-Pied-de-Port), en collaboration avec le Centre Hospitalier de la Côte Basque. Lors des deux dernières étapes, Bertrand Adoue invite les amateurs de cyclisme à participer à l’aventure. Des adhérents de la section cyclisme du Biarritz Olympique Omnisports vont d’ailleurs se joindre à lui.
Son message est porteur d’espoir pour toutes les personnes victimes d’un infarctus : ce n’est pas la fin d’une vie sportive, il suffit d’adapter sa pratique. C’est aussi l’occasion de sensibiliser le grand public sur l’importance de la prévention pour prévenir le risque d’infarctus. Une cagnotte est d’ailleurs actuellement en ligne pour permettre de financer l’acquisition de tensiomètres connectés pour le Centre Hospitalier de la Côte Basque.
Les contours de cette initiative se sont précisés lorsqu’il a rencontré Dominique Desmay, Directeur de la Communication du Centre Hospitalier de la Côte Basque et en charge du Fonds de Dotation Santé Navarre Côte Basque.
« Son histoire personnelle est émouvante : il donne de sa personne sans vouloir se mettre dans la lumière. C’est la première fois qu’une personne de la société civile nous propose un projet qui soutient la santé. Il pourra peut-être en inspirer d’autres dans le futur », confie-t-il.
Créé le 19 août 2020, l’organisme a pour mission de favoriser la prévention et le développement de l’innovation, d’améliorer la qualité de vie des patients, des résidents et des personnels de santé et de préparer les établissements de santé de demain. C’est donc naturellement que le Fonds de Dotation Santé Navarre Côte Basque s’est joint au projet de Bertrand Adoue.
L’hypertension, un facteur à risque
En France, environ 100.000 personnes meurent chaque année d’un infarctus. Il s’agit d’urgences vitales qui peuvent avoir d’importantes séquelles, telles que l’insuffisance cardiaque, si elles ne sont pas prises en charge rapidement.
De tous les facteurs de risques (voir ci-dessous), l’hypertension reste le plus important. C’est pourquoi le service de cardiologie publique du Centre Hospitalier de la Côte Basque souhaite acquérir 40 tensiomètres, afin de mettre en place un suivi à distance de leurs patients à risques, à l’aide de tensiomètres connectés.
Pour cela, le Centre Hospitalier Côte Basque a besoin de 6.000 euros. Actuellement, les tensiomètres ne sont pas remboursés par l’Assurance maladie et l’achat du matériel peut représenter un coût important pour les patients…
En parallèle, le Dr Jean-Baptiste Berneau s’apprête à mener une étude inédite : pendant un an, entre 60 et 100 patients seront équipés d’un tensiomètre connecté. Ils utiliseront ce matériel trois fois par jour. Les données seront collectées sur une plateforme et les résultats seront analysés par l’équipe médicale. En cas de mauvais résultats, elle appellera immédiatement le patient pour adapter son traitement.
L’objectif est de sensibiliser les patients à l’hypertension artérielle grâce à l’automesure à domicile pour suivre l’évolution du traitement. Cette étude devrait ainsi prouver qu’en contrôlant l’hypertension, on peut limiter les risques d’un infarctus et d’AVC.
« Les mesures enregistrées à domicile reflètent plus fidèlement la tension artérielle au quotidien, on évite ainsi l'anxiété liée à une consultation médicale qui peut artificiellement augmenter la tension artérielle. Grâce à l'automesure, on peut établir un profil tensionnel précis en enregistrant les mesures à différents moments de la journée et sur plusieurs jours. Toute anomalie ou tendance peut être rapidement identifiée, permettant une adaptation plus rapide du traitement si nécessaire. Cela responsabilise également le patient dans la gestion de sa santé », assure le Dr Berneau.
L’infarctus
Pour rappel, un infarctus du myocarde, plus communément appelé crise cardiaque, survient lorsqu'une artère qui irrigue le cœur se bouche. Privé d'oxygène, une partie du muscle cardiaque meurt.
Heureusement, les symptômes d’un infarctus sont identifiables : trouble du rythme cardiaque, une douleur intense et persistante dans la poitrine (souvent décrite comme une pression, une lourdeur ou une sensation d'écrasement) irradiant dans le bras gauche, le cou, la mâchoire ou le dos, une difficulté à respirer, des sueurs froides, des nausées et des vomissements…
Les facteurs de risque sont nombreux : le tabagisme, le diabète, un taux de cholestérol élevé, l'obésité, la sédentarité, la prise de drogues, les antécédents familiaux… Mais l'hypertension artérielle reste le facteur de risque le plus important. En effet, elle représente 90 % des causes des infarctus et touche la moitié de la population.
Après une intervention et la pose d’un stent, les patients bénéficient d’un mois de rééducation, durant lequel le corps médical ajuste leur traitement. Ils font ensuite l’objet d’un suivi régulier de leur tension et peuvent progressivement reprendre une vie normale. « La dimension psychologique est importante dans la récupération du patient. Environ 20% de nos patients sont victimes de dépression. C’est un point de vigilance important pour le corps médical », souligne le spécialiste.
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