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DÉCRYPTAGERapprochement des aéroports de Pau et Tarbes, un leurre ?

L’effondrement de la plateforme béarnaise et la montée en puissance du site bigourdan ont complètement changé la donne. Le rapport de force s’est inversé.
DÉCRYPTAGE – Rapprochement des aéroports de Pau et Tarbes, un leurre ?Aéroport de Pau
Le président de l’agglomération paloise, François Bayrou, a annoncé une avancée, qui aurait été négociée avec le premier ministre, conduisant à une Obligation de service public partagée avec Tarbes en 2026. L'affaire n'est pas simple.

Il est évident que le dossier des aéroports de l’Adour est éminemment politique, que ce soit au niveau local ou sur le plan régional. Si Biarritz semble pouvoir mener une vie à part, en raison de sa forte attractivité touristique, les sorts de Pau et Tarbes-Lourdes sont forcément liés.

Le maire de Pau a déclaré que, finalement, la liaison entre Pau et Orly ne devrait pas être supprimée à la fin du mois comme programmé par Transavia. On peut s’en réjouir, mais cela ne règlera rien puisque, avec une seule rotation par jour, l’aéroport de Pau risque de continuer à perdre du trafic, alors que sa situation est déjà très grave. C’est évidemment mieux que rien. Mais…

Lire notre article : AÉROPORTS D'ICI - Contrastes saisissants entre Biarritz, Tarbes et Pau

Les aéroports régionaux sont totalement dépendants des choix des politiques, d’une part des collectivités locales, d’autre part des Régions. Et les gestionnaires des plateformes ne peuvent que tenter de rebondir efficacement sur les bonnes ou les mauvaises décisions...

La bonne nouvelle pour Tarbes-Lourdes a été d’avoir su décrocher, à l’époque, une Obligation de service public (OSP) pour sa liaison avec Paris. Les élus bigourdans ont fait front commun pour obtenir ce financement important, au moment où leur aéroport battait de l’aile. Pendant ce temps, les élus palois, enregistrant un trafic majeur autour du voyage d’affaires (jusqu’à 8 rotations par jour avec Paris), ne se méfiaient pas du tout et regardaient leurs voisins avec condescendance.

Aujourd’hui, François Bayrou annonce négocier une OSP partagée avec Tarbes-Lourdes en 2026, reposant sur une fusion (?) des deux aéroports en un seul avec deux pistes : pas simple ! Et qu’en sera-t-il d’ici là de la situation économique de l’aéroport de Pau ?

En fait l’autre décision essentielle prise par les élus bigourdans a été de convaincre la très dynamique compagnie espagnole Volotea de s’installer sur place et d’investir dans le développement du trafic vers ou depuis Tarbes-Lourdes, au niveau de la liaison avec Paris mais aussi pour d’autres destinations. Les résultats sont spectaculaires. Dans le même temps, les élus palois se sont laissés enfermer dans le désengagement d’Air France au profit de sa filiale low-cost Transavia, qui n’a pas vraiment investi sur Pau.

D’où la dégringolade de l’aéroport de Pau, avec un trafic de 300.000 voyageurs (2023), soit la moitié de celui de Tarbes-Lourdes et le tiers de celui de Biarritz !

Le projet de fusionner les aéroports de Pau et Tarbes-Lourdes, en gardant les deux pistes annonce un bras de fer très très chaud. Contrairement à ces dernières années, ce sont désormais les Bigourdans qui sont en position de force dans la négociation. Et on l’a senti dans toutes les dernières déclarations, ils n’ont pas l’intention de faire des cadeaux aux Béarnais, après des années à s’être sentis humiliés. D’autant plus que d’ici 2026, l’écart entre les deux aéroports pourrait se creuser encore davantage. Les élus béarnais vont-ils mettre de l’eau dans leur vin pour faciliter un accord ? A suivre…

Le rapprochement des deux aéroports est un véritable serpent de mer. L’occasion a été ratée, il y a déjà de nombreuses années, avec le projet d’un aéroport unique, à mi-chemin, sur le plateau de Ger. C’était la bonne solution. Les plans avaient même été réalisés. Mais les égos des uns et des autres ont fait capoter le projet.

La formule annoncée, basée sur une seule structure gérant les deux plateformes aéroportuaires, avec une navette entre les deux afin de pouvoir partir de Pau et arriver à Tarbes, ou inversement, ressemble un peu à une usine à gaz et rallongerait le temps total du trajet de manière rédhibitoire. Dans ce cas-là, on peut imaginer que les Béarnais de l’Ouest et les Landais du Sud prendront plutôt la direction de Biarritz, et que les Bigourdans de l’Est et les Gersois lorgneront vers Toulouse. Beaucoup d’autres préfèreront le train, pour peu que la LGV Bordeaux-Dax voit le jour.

En attendant, les entrepreneurs béarnais subissent de plein fouet cet effondrement de l’aéroport de Pau, qui fait perdre une partie de l’attractivité du territoire, avec des conséquences sur l’implantation et le développement d’entreprises, mais aussi sur le recrutement de collaborateurs.

Souhaitons pour eux, mais aussi pour l’ensemble des Béarnais, qu’une solution solide et pérenne soit rapidement trouvée face à la menace de marginalisation qui pèse de plus en plus sur l’aéroport de Pau.

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