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COUP DE TONNERRELa ligne Pau-Orly suspendue le 27 octobre

Même si on s’attendait à cette décision catastrophique pour l’aéroport de Pau, l’officialisation de cet arrêt de la liaison pour la saison hivernale provoque un véritable choc.
PAU-ORLY – L’incertitude est totale malgré les promesses
La filiale d’Air France, Transavia, a mis en application ses menaces plus tôt que prévu, alors que parallèlement l’espagnole Volotea pulvérise les records de fréquentation entre Tarbes et Orly.

La compagnie low-cost française a justifié cette décision par un coefficient de remplissage trop faible et en baisse régulière sur cette ligne qui ne permet plus de la rentabiliser. Elle annonce donc une suspension pour l’hiver, mais tout laisse à penser que c’est la fin de l’aventure entre l’aéroport de Pau et Transavia.

Pour le moment, la plateforme béarnaise n’a pas trouvé de solution de remplacement, ce qui va élargir encore le fossé avec l’aéroport de Tarbes-Lourdes qui capte de plus en plus la clientèle vers Paris-Orly.

C’est un retournement de situation spectaculaire entre le Béarn et la Bigorre qui prend la main sur cette destination, alors que Pau a offert jusqu’à 8 aller-retour quotidiens quand Tarbes peinait pour en assurer un seul.

La liaison entre Pau et Roissy-Charles-de-Gaulle, elle, se poursuit au rythme de 4 vols par jour.

L’aéroport de Pau en crise…

Au-delà de l’aide financière, liée à une obligation de service public (OSP), dont bénéficie Tarbes, l’aéroport de Pau subit l’absence de dynamisme de Transavia sur cette destination d’Orly. Inversement, la Bigorre a su attirer Volotea, la compagnie espagnole porteuse de grosses ambitions.

Bien qu’ils aient chacun des clientèles de base différentes (historiquement d’affaires pour Pau et touristique/religieuse pour Tarbes), l’enjeu principal est le même pour ces deux territoires : le désenclavement et l’attractivité économique. Avant le covid, l’aéroport de Pau était très largement en tête, tandis que son homologue bigourdan était à la peine. Le premier regardait de haut le second. Depuis, la situation s’est largement inversée.

Avant la crise covid, l’aéroport béarnais accueillait au total 600.000 passagers ; en 2022, ils n’étaient plus que 320.800. Cette baisse vertigineuse s’explique principalement par l'effondrement du trafic entre Pau et Orly. La liaison assurée par Transavia est passée de 36 à 7 vols hebdomadaires, soit à peine un par jour. Avant la pandémie, 300.000 voyageurs utilisaient cette ligne avec Paris, contre seulement 120.000 cette année. Une offre déjà insuffisante qui amène de nombreux Béarnais à décoller depuis Tarbes, y compris des élus palois.

Pour autant, les chefs d’entreprise béarnais ont besoin de la plateforme paloise. Le Syndicat mixte de l’Aéroport de Pau Pyrénées leur avait envoyé un questionnaire afin d’avoir leur avis sur la nécessité d’avoir une liaison Pau-Orly. Les résultats ont été sans surprise : 97% des 217 répondants jugent nécessaire cette desserte, 86% sont insatisfaits par la liaison actuelle et 73% pensent que la ligne vers Roissy ne constitue pas une alternative satisfaisante. Enfin, 64% d’entre eux constatent un impact négatif sur leur activité.

Si la tendance se confirme, le trafic de l’aéroport béarnais pourrait être divisé par deux et un plan social devrait alors être envisagé par la direction. Ce scénario catastrophe aurait un impact économique considérable pour le territoire : cet enclavement pourrait remettre en question la présence d’entreprises nationales et internationales, telles que Safran ou TotalEnergies et refroidir les espoirs de renouveau du bassin de Lacq, selon le président du Syndicat mixte propriétaire de la plateforme béarnaise.

Il faut être lucide : certains acteurs du bassin de Lacq et du Sud Ouest des Landes ont déjà tendance à choisir l'aéroport de Biarritz. Quant à ceux du Sud-Est des Landes, ils commencent à se diriger vers Tarbes.

Parmi les pistes de développement du domaine aéroportuaire palois, qui héberge le 1er Régiment d’hélicoptères de combat (RHC), le président du syndicat mixte travaille sur un projet d’extension des réserves foncières permettant d’accueillir de nouveaux sous-traitants aéronautiques (les sites de Toulouse et Biarritz autour des aéroports sont complètement saturés), ou encore la mise en place d’une OSP sur la ligne Pau-Lyon, récemment supprimée. « D’autres modèles peuvent être créés, innovons ! », ajoute-t-il.

Mais, il est évident que la première chose à faire reste bien de mettre en place - d’urgence - une coopération intelligente et digne de ce nom avec Tarbes, dans un respect mutuel. Cela passe d'abord par une volonté politique partagée.

Commentaires (1)


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Christian LAINE
il y a 3 mois -
Mais qu’attends-tu on pour faire venir d’autres compagnies comme Tarbes l’a fait et que l’on ne me parle pas de la dsp attribuée à l’aéroport de Tarbes, Pau lui bénéficie de l’apport financier de l’armée qui utilise l’aéroport

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