Jusqu'à il y a trois ans, si vous croisiez Bérangère Capdevielle et que vous lui demandiez ce qu'elle faisait de ces journées, elle vous aurait sûrement répondu qu'elle était au bord d'un bassin, à entraîner les nageurs et nageuses artistiques de demain. « Pendant 30 ans ça a été mon métier. J'ai adoré ça. Très vite j'ai su que c'était ce que je souhaitais faire », commence-t-elle. Puis, il y a une dizaine d'années, elle fait la rencontre d'une créatrice qui va s'avérer déterminante.
« J'étais très curieuse et elle m'a beaucoup appris. C'était un domaine qui m'intéressait fortement ». Ainsi, chez elle, Bérangère Capdevielle commence la fabrication de petites pièces, jusqu'au jour où elle a décidé de plonger dans le grand bain. « J'avais envie d'autre chose. Comme j'avais la maroquinerie en tête, je savais que j'allais vers quelque chose de concret. Je me suis formée pendant un an pour obtenir un CAP, puis j'ai créé ma microentreprise en mars 2022 ».
L'atelier Rose du Cap était né. « Rose c'est une histoire de famille. Cap c'est pour Capdevielle, et car l'atelier est situé proche d'un lieu à Borce qui s'appelle le Cap de la Pasère. J'aimais bien le clin d'oeil. Mais c'est aussi une invitation au voyage... Les sacs sont fait pour voyager ! ». Un atelier qui est d'ailleurs très responsable, puisque réalisé en chaux, paille et bois. Une dimension écologique forte pour la créatrice qui se fournit également en matériaux locaux. « Tout est français. Je me fournis en cuir véritable à la Tannerie Carriat d'Espelette, et chez Cuir Naturel de Mazamet dans le Tarn-et-Garonne, un grossiste qui vend des peaux upcyclées. J'ai aussi du cuir de poisson qui provient de la tannerie Femer à Arcachon ».
Je travaille aussi sur-mesure en fonction des demandes de mes clients.
Avec ces peaux de chèvres, taurillons, vachettes, et donc poissons, Bérangère Capdevielle réalise des sacs, pochettes, portes-feuilles, portes-cartes, etc. « Ce ne sont que des pièces uniques. Il y a des modèles similaires mais chaque pièce est différente par ses couleurs par exemple. Je travaille aussi sur-mesure en fonction des demandes de mes clients », poursuit celle qui vend ses créations sur les marchés de sa vallée, et dans quelques boutiques dont une à Oloron Sainte-Marie et une à Arudy.
« On pourrait croire que la natation artistique et la tannerie sont deux univers très opposés, mais ils ont en fait beaucoup de similitudes. Ce sont deux mondes qui demandent beaucoup de travail, de rigueur et de précision, et dans lesquels la créativité à une place majeure ». De son côté, c'est en observant le cuir et ses particularités que l'inspiration vient. « C'est un matériau très noble, vivant. C'est très inspirant. Je le regarde, je le touche beaucoup, et c'est comme ça que les idées viennent ».
Une reconversion qui satisfait pleinement Bérangère Capdevielle, qui se retrouve complètement dans cette activité manuelle. « Le travail manuel c'est un travail qui vient du cœur. Et puis contrairement à ma vie précédente, je suis seule responsable du résultat de mon travail. Et je suis heureuse de travailler seule, c'est bien aussi ».
Une solitude tout de même relative, car la créatrice est d'une part pleinement soutenue par son mari. « Sans mon mari, je n'en serais peut-être pas ici aujourd’hui. Il m'a énormément aidée, et sa présence est super importante dans cette activité ». D'autre part, elle souhaite ouvrir son atelier aux visiteurs, pour que ces derniers voient le travail, comprennent le prix et la noblesse qui se cache derrière les pièces, et qu'ils puissent même repartir avec leur propre pièce. « Pour ce dernier point, c'est plutôt du moyen ou du long terme. Mais j'aimerais que les visiteurs puissent participer à la création de leur propre sac ».
Bérangère Capdevielle n'est pas dupe, elle sait que cela prendra du temps, et ça lui convient ! « Je ne souhaite pas brûler les étapes. J'ai envie de rester une petite artisane, et je n'ai pas envie de devenir esclave de cette activité. Je veux que ça reste mon plaisir, avoir du temps pour moi et pour ma créativité », conclut-elle. Alors donnons-lui du temps, et laissons sa créativité faire son travail...
Timothé Linard
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