Comme chaque semestre, la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Bayonne Pays Basque a dévoilé, ce lundi 14 octobre, les résultats de son baromètre économique semestriel, réalisé en collaboration avec la Banque de France.
Ce rendez-vous, désormais incontournable pour les acteurs économiques locaux, permet de dresser un état des lieux des principales tendances économiques, tant au niveau national que régional. André Garreta, président de la CCI Bayonne Pays Basque, et Marie-Anne Kozlowski, directrice de l'antenne économique de la Banque de France de Bayonne, ont ainsi partagé les chiffres clés du premier semestre 2024, tout en projetant les perspectives pour la fin de l’année.
Une croissance nationale ralentie, et une consommation atone
À l’échelle nationale, l’économie française a continué de croître modestement au cours du premier semestre 2024, avec une progression de 0,2% au deuxième trimestre. Cette légère reprise est principalement due aux dépenses publiques, qui demeurent la principale source de dynamisme de la demande intérieure. Parallèlement, le commerce extérieur a contribué à la stabilité de l’activité économique. Sur l’ensemble de l’année, la croissance devrait s’établir autour de 1,1%, ce qui confirme un redressement fragile après plusieurs années marquées par l’inflation et la crise sanitaire.
L’inflation, justement, a connu une baisse marquée, passant sous la barre des 2% pour atteindre 1,9% en juin 2024. Il s’agit d’un chiffre symbolique, après plusieurs années où la hausse des prix dépassait les 5%. Ce ralentissement de l’inflation s’explique notamment par la maîtrise des prix de l’énergie, des produits alimentaires et des biens manufacturés, qui avaient pesé lourd sur le budget des ménages. Néanmoins, cette amélioration sur le front des prix n’a pas suffi à relancer la consommation des ménages, qui reste atone, illustrant un climat économique encore tendu.
Une situation locale contrastée
Au Pays Basque, le baromètre révèle une situation économique plus contrastée. Si deux dirigeants sur trois constatent une amélioration ou une stabilité de leur chiffre d'affaires, un tiers reste insatisfait des performances économiques de leur entreprise. Le climat des affaires est stable, mais les conditions restent fragilisées, en particulier par la baisse de la demande. Les carnets de commandes se réduisent, et la fréquentation des clients diminue.
André Garreta souligne que la situation des entreprises reste fragilisée, avec des marges qui se réduisent et des trésoreries mises sous pression par des créances importantes.
Bien que l’inflation ait diminué, les chefs d’entreprise doivent encore faire face à des charges élevées, ce qui affecte leurs marges bénéficiaires. Les deux principales préoccupations des entrepreneurs sont, en effet, l’inflation, identifiée par 36 % des dirigeants comme une difficulté majeure, et la baisse de la demande (34 %). Ces difficultés se retrouvent dans plusieurs secteurs, où les perspectives pour le second semestre 2024 apparaissent incertaines.
Des secteurs sous tension
Le secteur industriel, en particulier, montre des signes de ralentissement. De nombreux industriels ont vu leurs marges se comprimer au cours du premier semestre, en raison d’une baisse des commandes et d’une hausse des coûts de production. 40% des entreprises industrielles signalent une dégradation de leur chiffre d'affaires. Dans le secteur du bâtiment, les carnets de commandes sont en baisse, affectant la stabilité de l’activité.
Le commerce, quant à lui, présente des dynamiques divergentes. Le commerce de gros est en recul, souffrant d’une demande insuffisante et d’un contexte inflationniste qui inquiète 42% des entrepreneurs. À l’inverse, le commerce de détail, notamment en centre-ville, a bénéficié d’un certain regain grâce aux soldes, qui ont permis une hausse de 5% du chiffre d'affaires.
Dans le tourisme, les incertitudes sont également palpables. Le début de l’été a été marqué par un ralentissement de la fréquentation, influencé par plusieurs facteurs, dont les élections et les Jeux Olympiques de Paris. Cependant, les acteurs du secteur restent confiants pour les mois à venir, espérant un rebond grâce à une saison estivale prolongée et une offre touristique renforcée.
Un solde entrepreneurial positif, mais fragile
Malgré ces difficultés, le solde entrepreneurial reste positif au Pays Basque. Durant le premier semestre 2024, le territoire a enregistré un excédent net de 730 entreprises, une dynamique encourageante qui témoigne de la résilience des entrepreneurs locaux. Toutefois, un phénomène préoccupant se profile : une augmentation des liquidations judiciaires par rapport aux simples redressements, indiquant une fragilité accrue pour certaines entreprises.
Les perspectives pour le second semestre 2024 restent floues. La visibilité des chefs d’entreprise est limitée, en raison de l’instabilité de la demande et des charges encore élevées.
Malgré ces incertitudes, une majorité d’entre eux demeure optimiste quant à l’avenir de leur activité : 79% des chefs d’entreprise interrogés se disent confiants pour les mois à venir. Ils expriment toutefois des attentes claires vis-à-vis des pouvoirs publics, avec une demande croissante pour la réduction des charges fiscales et la simplification des démarches administratives. 59 % des dirigeants considèrent ces aspects comme des priorités, tandis que 33 % réclament des mesures pour réduire le coût du travail et inciter à l’embauche.
Pour résumer, le baromètre de la CCI Bayonne Pays Basque dresse un tableau d’une économie locale encore fragilisée, mais résiliente. Les entrepreneurs basques font face à des défis importants, mais leur optimisme et leur confiance dans l’avenir soulignent leur détermination à surmonter ces obstacles, en espérant un second semestre plus favorable.
Sébastien Soumagnas
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