D’un côté, Air France a choisi de transférer l’exploitation de la ligne Pau-Orly vers Transavia, sa filiale low cost ; de l’autre, Volotea est arrivé à Tarbes avec de très grosses ambitions, en installant une de ses bases permanentes. La différence vient aussi du fait que la plateforme bigourdane bénéficie d'une obligation de service public pour cette liaison avec Paris, avec un financement important de l'État à la clé. De quoi fausser la concurrence avec le Béarn.
Depuis le début de la pandémie, l’aéroport palois connaît un changement brutal de paradigme. En 2020 le trafic a été à l’arrêt pendant plusieurs mois, puis a connu une reprise timide.
« Le changement des habitudes des usagers a métamorphosé la physionomie de notre fréquentation et de notre offre de transport à l’aéroport. Nous sommes passés de 610.000 passagers et une quarantaine de liaisons Pau-Orly en 2019, à 368.000 passagers en 2022 et 12 allers-retours sur Orly par semaine en 2022. Pour la première fois, l’aéroport de Tarbes est passé devant celui de Pau », expose Didier Laporte, le gestionnaire principal de l’aéroport.
Desservant le 3e pôle économique du Grand Sud-Ouest, l'Aéroport Pau Pyrénées est une porte d'accès sur un territoire au cœur du bassin de l’Adour, couvrant le Béarn, le Pays basque, le sud des Landes, le Gers et la Bigorre.
Il est fréquenté majoritairement par une clientèle d'affaires, liée en particulier aux grandes entreprises de la région (TotalEnergies, Safran, Euralis, Lindt, Teréga, Toray...) autant de leaders dans des domaines stratégiques : géosciences, aéronautique, agroalimentaire, chimie et matériaux.
« L’arrivée de Transavia nous a réservé de bonnes surprises et a permis de réduire considérablement les tarifs des vols sur Paris. Nous avons touché une nouvelle clientèle qui ne prenait pas l’avion et qui ne venait pas en Béarn. Malheureusement, l’offre de Transavia ne correspond pas suffisamment aux attentes de notre clientèle historique (majoritairement une clientèle d’affaires), qui tend à s’éloigner peu à peu de notre aéroport », s’inquiète le président de la CCI Pau Béarn Pyrénées.
Une véritable zone d'activités s’est créée autour de l’aéroport, avec à la fois des entreprises industrielles ou de services et des entités militaires. Elle regroupe près de 500 entreprises employant 4.000 personnes dans les secteurs aéronautique (ADI-Exameca, Map, Sedemeca), logistique (SDV, Dachser France, Partnair, Henry Johnson Co Ltd), électronique (Aquitaine Electronique) et de service.
« Je crains qu’à terme, la concurrence avec nos voisins fasse peser un risque sur la continuité de la liaison avec Orly. Qu’adviendra-t-il alors ? C'est l'attractivité et la vitalité économique qui serton remis en cause. Nous devons absolument nous mobiliser pour éviter ce scénario », interpelle Didier Laporte.
Agir au service de l’économie locale
Pour le président de la chambre consulaire, « il est essentiel que les entreprises continuent de créer de la valeur. Car sans création de richesse, il n’y a pas de partage de valeur ». Loin d’être défaitiste, Didier Laporte a tenu à rappeler quelques bonnes nouvelles. Malgré la multiplication des crises nationales et mondiales, rien n’a entaché la volonté d’entreprendre, bien au contraire.
En France, 1 million d’entreprises a été créé en 2022, dont 5.000 immatriculations en Béarn. En 2022, 1.300 porteurs de projets ont été accueillis à la CCI Pau Béarn.
« Nous avons réussi à démontrer notre caractère utile et essentiel en relayant les actions de l’État sur le terrain, mais aussi grâce à la diversification du catalogue de formation et à l’adaptation de nos offres au service des entreprises du territoire », tient à souligner Didier Laporte.
À travers ses différents rendez-vous, tels que les Mardis de la Transmission" le salon Trans’Affaires et les deux Faites de la création & reprise d'entreprise (qui ont rassemblé 500 porteurs de projet), la CCI Pau Béarn Pyrénées entend répondre à l'ensemble des problématiques rencontrées par les chefs d’entreprise.
« Dans les prochaines semaines, nous serons en capacité de déployer une nouvelle offre de services, une large information auprès des chefs d’entreprise sur les aides de l’État… Mais également des initiatives en matière de diagnostic et de médiation, ainsi que des formations sur la thématique de l’énergie ».
De plus, à travers le dispositif Invest in Pau Pyrénées, lancé en 2011, la CCI propose un accompagnement premium des investisseurs nationaux et internationaux : mise en relation pour la recherche de foncier, de partenaires, de fournisseurs, de financement, de collaborateur... Sur les trois dernières années, la chambre consulaire a ainsi contribué à l’installation d’une trentaine d’entreprises et à la création de 300 emplois.
En 2023, la CCI Pau Béarn compte construire un outil digital afin d’exploiter les data des entreprises en faveur du développement économique du Béarn. « Des données harmonisées, fiabilisées et enrichies, nous permettraient d’agir pour l’attractivité du territoire, avec l’aide à la décision des politiques publiques, pour participer à sa réindustrialisation, accompagner l’implantation, l’expansion ou encore la rationalisation commerciale, pour mettre en place des indicateurs de suivi, pour réaliser des études d’impact et d’opportunité, pour anticiper les besoins de nos clients en matière de transition, transformation, modernisation et de transmission... », énumère Didier Laporte.
Pour œuvrer à l’attractivité du Béarn, le président en est convaincu, il faut mutualiser les compétences : « Le pays de Béarn est une formidable opportunité, il regorge d’acteurs économiques pertinents, les collectivités et les consulaires bien sûr, mais aussi les autres structures transversales ou sectorielles. Il faut additionner nos forces ».
Noémie Besnard
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