Le Gifas (groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), interprofession représentant quelque 410 entreprises de son secteur (dont ses principaux donneurs d’ordres et équipementiers), organisait jeudi dernier une conférence de presse en forme de bilan, après bientôt deux ans de crise sanitaire et de turbulences économiques pour la filière.
Son président Guillaume Faury, par ailleurs celui d’Airbus, s’est cependant montré plutôt optimiste pour la suite. Si l’année 2020 a été celle de la « descente aux enfers » et 2021 celle de la « résilience » et du « début de la reprise », 2022 pourrait bien être celle du vrai redécollage.
En 2020, le chiffre d’affaires des entreprises du Gifas avait ainsi baissé de 28%, entraîné dans sa chute par les mauvaises performances du segment de l’aviation commerciale, dont l’activité avait décliné de 40% par rapport à 2019. Dans le même temps, les effectifs de ces entreprises (qui représentent la moitié des sociétés du secteur) n’ont finalement reculé que de 4%, soit 8.000 emplois perdus en un an. Fin 2020, les entreprises du Gifas employaient ainsi 194.000 personnes, contre 202.000 un an plus tôt.
Les commandes repartent
La tendance s’est poursuivie au premier semestre 2021 (avec encore 4% d’emplois perdus, a estimé Guillaume Faury), mais semble s’être inversée depuis l’été dernier. « On a passé le point bas et on est de nouveau en train de recruter », a affirmé le patron d’Airbus. Cette « reprise d’altitude » est d’abord liée à la remontée en cadence des grands donneurs d’ordres du secteur, dont les carnets de commandes recommencent à se remplir.
Ont d’abord été évoquées les commandes de fin d’année d’Air France-KLM, de la compagnie australienne Qantas et d’Indigo Partners auprès d’Airbus, ainsi que la lettre d’intention de Singapore Airlines. Dassault n’a pas été en reste en 2021, avec des commandes de la Grèce, de l’Égypte et surtout des Émirats Arabes Unis (qui ont passé une commande historique de 80 Rafale début décembre). Par la même occasion, les Émirats ont commandé 12 Caracal à Airbus Helicopters. Bref, il y a du pain sur la planche.
Tout cela devrait contribuer à de nouvelles créations d’emplois dans la filière. Même si les recrutements n’avaient pas cessé pendant la crise (6.000 en 2020 et 7.000 l’an passé), ils devraient retrouver leur niveau antérieur cette année, avec une prévision de 10.000 à 15.000 embauches dans l’Hexagone, tant des ouvriers qualifiés que du personnel administratif. Le motoriste Safran prévoit à lui seul 12.000 recrutements dans le monde, dont 3.000 en France.
Tout l’enjeu va désormais être de dénicher du personnel qualifié, principale difficulté pour la filière.
Relance et modernisation
On ajoutera que ce redécollage a aussi été favorisé par le plan de relance de l’État et le fonds de modernisation de la filière aéronautique. En novembre dernier, 45 nouveaux projets ont encore été retenus à ce titre (dont ceux de Micro Mécanique Pyrénéenne à Gurmençon, d’Aquitaine Électronique à Serres-Castet, de Mecadaq à Tarnos et de Lauak dans le Gers).
Un total de 385 projets industriels du secteur (dont environ 110 en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie) sont désormais soutenus pour 669 millions d’euros d’investissements, dont 293 millions engagés par l’État. Ces projets visent à moderniser la production de nos PME et à préparer le fameux « avion vert » de demain.
Avec « 220 projets industriels en cours dont 90 menés par des équipementiers », le Corac (Conseil pour la recherche aéronautique civile) participe activement à cette relance : plus de 200 PME sont soutenues en termes de R&D. Ces ambitions écologiques sont également valables dans l’espace avec la fameuse initiative « SpacEarth » regroupant des acteurs du spatial souhaitant « défendre la vision d’un secteur au service des citoyens et de leur environnement ».
Le redécollage, ça marche donc aussi pour les fusées et les satellites…
Plus d’informations sur le site internet du Gifas
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