Abonnez-vous
Publié le

1500 COUPS DE POUCEHerri Urrats, pour que l'euskara ne se perde pas

L'association a lancé sa campagne de soutien « Erlezainak » pour collecter 50 000 euros en faveur de l'enseignement en basque, l'objectif étant de mobiliser 5 000 "apiculteurs" avant la grande fête du 11 mai à Saint-Pée-sur-Nivelle
Herri Urrats œuvre sans relâche pour offrir aux générations futures un accès à l’enseignement en basque
Herri Urrats DR
À l'image des abeilles, chacun est invité à jouer son rôle dans cette grande ruche solidaire pour assurer la construction et la rénovation des ikastola
Le fruit de cette collecte viendra renforcer le financement des ikastola
Herri Urrats DR

À Hendaye, face au fronton Gaztelu Zahar, un doux bourdonnement s’est fait entendre ce 28 février. Pas celui des abeilles, mais celui des fervents défenseurs de la langue basque. L’équipe d’Herri Urrats a donné le coup d’envoi de sa campagne de soutien 2024, baptisée « Erlezainak » (« les apiculteurs »). L’objectif est clair : mobiliser 5 000 contributeurs prêts à donner chacun 10 euros, soit une cagnotte espérée de 50 000 euros pour soutenir l'enseignement immersif en basque.

L’image choisie pour cette campagne est forte : la ruche symbolise à la fois l’effort collectif et la transmission d’un savoir précieux. C'est la métaphore que Pascal Marticorena, coprésident d’Herri Urrats utilise pour illustrer ces propos. En effet, le miel symbolise l'euskara et Herri Urrats, la ruche qui va protéger cette langue millénaire.

Le fruit de cette collecte viendra renforcer le financement des ikastola, ces écoles bascophones indépendantes qui accueillent aujourd’hui 4 300 élèves répartis dans 39 établissements du Pays Basque Nord. Cette année, les fonds seront spécifiquement dédiés à l’extension du collège Kattalin Elizalde Ikastegia, à Saint-Pée-sur-Nivelle, un projet essentiel pour accompagner la croissance du réseau Seaska.

Une ruche solidaire en pleine expansion

Depuis sa création, Herri Urrats œuvre sans relâche pour offrir aux générations futures un accès à l’enseignement en basque. L’événement annuel, qui se tiendra cette année le dimanche 11 mai autour du lac de Saint-Pée-sur-Nivelle, est le point d’orgue de cette mobilisation. Concerts, animations et spectacles viendront rythmer cette journée où des milliers de participants sont attendus.

Mais au-delà de la fête, c’est un défi de taille qui attend les organisateurs. Avec des besoins financiers toujours croissants, l’objectif de 300 000 à 350 000 euros de collecte pour cette édition ne suffira pas à combler les besoins réels. Selon les dires de Mañu Erviti, coprésidente d’Herri Urrats, il faudrait l'équivalent de trois ou quatre Herri Urrats chaque année pour répondre aux défis actuels.

Le but ultime, bien que lointain, reste inchangé : rendre l'enseignement en basque totalement accessible et gratuit. Une ambition qui, selon les organisateurs, pourrait prendre des décennies à se concrétiser, mais qui repose sur une conviction profonde : chaque euro donné est un pas de plus vers cet idéal.

Dans la ruche Herri Urrats, l'engagement se transmet comme une tradition. Mañu Erviti témoigne de cette continuité familiale. Ses parents y travaillaient, elle s'y est aussi mise, espérant que son fils reprendra lui aussi le flambeau.

Cette transmission de la langue et de la culture basques est au cœur du projet. Comme les abeilles assurent la pollinisation et la survie de l’écosystème, les bénévoles et donateurs garantissent la pérennité de l’euskara. Un engagement collectif qui dépasse le cadre éducatif pour s'inscrire dans une véritable démarche culturelle et identitaire.

Elgarrekin : une bande-son pour la mobilisation

Rendre l'enseignement en basque totalement accessible et gratuit
Herri Urrats DR

Chaque année, Herri Urrats s’accompagne d’un hymne musical dédié. Pour cette 42e édition, le groupe Dupla a été choisi pour donner le ton avec « Elgarrekin » (« Ensemble »). Présenté officiellement le 6 mars au Biltxoko de Bayonne, le morceau fusionne pop, électronique et hip-hop dans une dynamique moderne et engagée. Aux côtés du duo, le rappeur Pisoo et les légendaires Pantxoa ta Peio apportent leur voix à ce message fédérateur.

Le clip vidéo, déjà disponible sur YouTube, donne un avant-goût de la ferveur qui animera les bords du lac de Saint-Pée-sur-Nivelle le 11 mai. Des milliers de bascophones s’y rassembleront pour célébrer leur culture et apporter leur soutien à l’extension du collège Kattalin Elizalde, mais aussi à l’ikastola de Saint-Martin-d’Arberoue, récemment touchée par un incendie.

Herri Urrats ne se limite pas à une simple collecte de fonds. C’est une mobilisation collective qui traverse les générations et les frontières. La campagne Erlezainak illustre parfaitement cette dynamique en impliquant toute la diaspora basque dans une action concrète.

Le 11 mai, comme chaque année, le lac de Saint-Pée se transformera en un véritable essaim de solidarité. Dans cette ruche en pleine effervescence, chacun pourra apporter sa contribution, si minime soit-elle, pour assurer un avenir florissant à la langue basque. Car, comme le rappelle l’esprit de cette campagne, c’est en butinant ensemble que l’on récolte le meilleur miel.

COUP DE POUCE


« Euskara ez da galduko, ez badugu galtzen. » Traduction : La langue basque ne disparaîtra pas, tant que nous ne baissons pas les bras. Chaque don, même modeste, est une pierre à l’édifice, une goutte de miel ajoutée à cette ruche collective qu’est Seaska.

Avec la campagne Erlezainak, Herri Urrats appelle chacun à devenir « apiculteur » de la langue basque, à participer à la récolte qui permettra de bâtir l’avenir des ikastola. Dix euros, c’est le prix de deux cafés, d’un livre de poche ou d’un aller-retour en bus, mais c’est surtout un geste concret pour que des milliers d’élèves puissent continuer à apprendre, penser et rêver en basque. Sans écoles, pas de transmission. Sans transmission, pas d’avenir pour la langue.

Herri Urrats mérite vraiment un coup de pouce de notre part. Comment ? N'hésitez pas à partager cet article à vos proches ou encore sur les réseaux sociaux afin de perpétuer cette initiative en faveur de la langue basque. L’histoire de l’Euskara s’écrit aujourd’hui avec les moyens du bord, avec les mains et les cœurs de ceux qui y croient. C’est ensemble, elgarrekin, que nous pouvons garantir un avenir où cette langue millénaire résonnera encore dans les cours d’école, sur les places des villages, dans les rires des enfants.

Bascophone ou non, du Pays Basque ou d'ailleurs, chaque geste peut changer la donne. Dix euros, c’est peu, mais c’est déjà beaucoup si nous sommes des milliers à les offrir. Rejoignez la ruche et faites partie de cette aventure collective. Parce que l’Euskara, comme le miel, se partage et se protège.

Sébastien Soumagnas

Commentaires


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire