« Nous nous sommes demandé pourquoi, effectivement, on trouvait si peu de femmes à ces places, y compris dans les autres pays comme on peut le constater dans le film “À la recherche des femmes chefs” de Vérane Frédiani. On se rend compte aussi que, dès qu’un métier se professionnalise, comme dans la couture par exemple, cela devient un métier d’hommes très fermé, et c’est étonnant ».
« Nous avons eu l’idée alors de constituer un réseau de femmes dans la restauration pour réfléchir ensemble et travailler sur différents axes », explique Charlotte Latreille du Château Bellevue à Cazaubon, la première femme à entrer dans la Ronde des Mousquetaires - dont elle est aujourd’hui présidente - en 2014.
Ce collectif – gersois, pour l’instant - regroupe des consœurs, réunies sous le nom des Maryses, un nom issu d’un instrument de cuisine indispensable, tout aussi pratique qu’intelligent et malin : Séverine Pailhès, du Bouche à Oreille à Simorre, Betty Villas, du Betty Beef à Mascaras, Laurence Couillard, du Racine à Lectoure…
« Nous sommes une dizaine pour l’instant, venues d’univers différents ; mais le réseau est ouvert à d’autres personnes – y compris des hommes - sensibles à cette cause, des formatrices, des cuisinières, des serveuses… Mais il pourra être dupliqué ou transféré à d’autres départements » précise Charlotte.
Les premiers échanges révèlent des situations de malveillance, de propos sexistes vécues par certaines, de vie familiale qui se complique avec l’arrivée des enfants, de soucis d’organisation en fonction de l’accès aux services… Des problèmes qui amènent alors les filles à quitter l’hôtellerie malgré leurs compétences et leurs diplômes, et qui font cruellement défaut à un secteur qui peine à recruter.
Les Maryses organisent des séances de travail en lien avec de nombreux organismes (Pôle Emploi, le Comité départemental du tourisme, la CCI…) et rallient à leurs côtés une douzaine de partenaires. En novembre 2021, elles établissent une charte dans laquelle elles s’engagent à valoriser et promouvoir les métiers de la restauration auprès des jeunes – et moins jeunes – femmes qui souhaitent découvrir ce milieu, à communiquer sur l’expérience et le rôle de celles qui s’y sont engagées, grâce à leur réseau soudé d’écoute, d’échanges, de soutien. Marie-Stéphane Cazals, de la CCI du Gers, est chargée d’animer le groupe.
Elles développent des événements conviviaux pour toucher le grand public, à l’image du club des vigneronnes gersoises “Les Bons crus Milady”, qui les a invitées lors du marché des productrices à la Maison de Gascogne à Auch.
C’est dans cet esprit que le lancement officiel des Maryses, avait proposé la projection du documentaire “À la recherche des femmes chefs” en présence de la réalisatrice, afin que chacun puisse débattre sur le sujet.
« Nous avions également une séance l’après-midi dédiée aux scolaires, car notre métier est aussi un métier de transmission de savoir-faire et de savoir-être. Or, les jeunes peuvent se retrouver parfois face à des violences verbales en cuisine, qui peuvent énormément les perturber dans leurs formations. Nous savons que l’on peut apprendre avec plaisir, dans une bonne ambiance, et c’est ce que nous voulons mettre en place, autant pour les filles que les garçons… ».
Cette initiative, née en terres gersoises, finira bien par arriver jusqu’aux oreilles de femmes chefs étoilées et médiatisées, qui pourraient alors avoir envie de mettre leur notoriété au service d’une juste cause ? Une pour toutes, toutes pour une !
Pour tout contact : lesmaryses@gers.cci.fr
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