Quoiqu’on en dise, c’est une histoire familiale de tout juste 60 ans et 3 générations qui vient de prendre fin à Gan. Ce fut en effet dans les années 60 que Pierre-Yves Latrille, ingénieur agronome, planta de vignes de Petit et Gros Manseng les premières parcelles du Château Jolys, jusque-là en friche. Un pari alors assez osé…
Patiemment développé pendant 30 ans, le domaine atteindra 32 hectares, se dotera d’un chai moderne et de moyens d’embouteillage et d’étiquetage qui feront de Pierre-Yves Latrille l’un des principaux producteurs indépendants de Jurançon. Sa fille Marion le rejoindra et prendra sa suite au cours des années 2000, lançant au passage le domaine de 10 hectares du Château de Jurque, exploité en fermage par la SCEA des Domaines Latrille.
Depuis 2012, les sœurs Bessou-Latrille, Claire et Camille, petites-filles du fondateur, prolongeaient l’aventure, perpétuaient la tradition et s’efforçaient de maintenir la bonne réputation de ces domaines. Tout récemment, elles ont finalement décidé de passer la main, après être allées au bout de ce qui était en leur pouvoir en termes de développement.
On devine que la décision n’a pas été facile à prendre, mais aussi qu’elle pourrait constituer « un mal pour un bien ». Traduction : il pourrait aussi s’agir pour les domaines de se doter des moyens de passer à la vitesse supérieure.
Vers de nouvelles perspectives pour le Jurançon ?
Première dans le vignoble de Jurançon, l’acquéreur est étranger… mais parle tout de même français. Il a 60 ans, s’appelle Michel Boutin et il est le PDG d’Athos, un important groupe québécois du funéraire, opérant dans ce que l’on appelle chez nos cousins les « services commémoratifs ». Mais il se trouve que nos cousins d’Outre-Atlantique seraient aussi des mordus de vins blancs liquoreux… Ils seront donc certainement très bien accueillis aux pieds des Pyrénées !
Rassurant, le nouveau propriétaire l’a précisé par l’intermédiaire du régisseur déjà installé sur place : il n’y aura pas de « révolution de palais ». L’équipe à la manœuvre, composée d’une douzaine de personnes, ne bougera pas davantage que le maître de chai et ses 37 ans passés dans la maison, laquelle produit environ 200.000 bouteilles de vins blancs secs, doux et en vendanges tardives par an, production à 40% destinée à l’export.
Or c’est justement à l’export que les perspectives de développement des Domaines Latrille, et derrière eux du vignoble de Jurançon en général, seraient les plus intéressantes. Parmi les « débouchés » potentiels, il y aurait le Canada, bien sûr, mais aussi plusieurs pays d’Asie et d’Amérique latine. Car on parle d’une des AOC les plus dynamiques de l’Hexagone, avec des vins accessibles et plutôt bien taillés pour les palais extra-européens.
C’est d’ailleurs aussi pour cela qu’un jurançon sec des domaines s’est imposé cet été à la table du G7. Cela valait bien la peine de débourser quelques millions d’euros…
En résumé, que les amateurs se rassurent, les Domaines Latrille ont changé de mains, mais devraient garder pour philosophie « de produire des vins de plaisir, dans le respect du savoir-faire familial et de l’environnement, à travers une agriculture raisonnée ». Autour de perspectives commerciales et partenariales étendues et renouvelées. Si le Jurançon peut en sortir grandi, alors on dit oui…
Plus d’informations sur domaineslatrille.fr
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