3 souhaits pour demain
Didier Laporte, président de la CCI Pau Béarn et président du groupe Caralliance
Pour les entreprises et l’économie locale…
Le réseau des CCI a récemment présenté ses propositions pour « une Europe souveraine au service de la croissance et de la prospérité ». Je partage les idées émises à cette occasion, elles doivent permettre de créer un environnement plus favorable et dynamique pour nos entreprises qu’il ne l’est aujourd’hui.
Tout d’abord, pour les TPE et PME de nos territoires, il est crucial de simplifier les réglementations et de réduire les charges administratives pour faciliter leur fonctionnement quotidien. Il est également essentiel d'améliorer et de simplifier l'accès aux financements et aux programmes européens afin qu'elles puissent innover et rester compétitives.
Concernant la transition énergétique, elle doit être encouragée par des dispositifs plus incitatifs qu’ils ne le sont aujourd’hui, tandis que des mesures pour améliorer la cyber-résilience sont nécessaires pour mieux protéger nos entreprises, très vulnérables face aux cyberattaques, comme nous le constatons chaque jour.
La reconnaissance mutuelle des qualifications entre États doit favoriser la mobilité de la main-d'œuvre, aidant ainsi les TPE et PME à recruter plus facilement.
Enfin, la valorisation des produits européens avec l’idée de la création de labels tels que "Made in Europe" doit favoriser leur compétitivité sur le marché international.
Pour les transports…
La mobilité et les transports sont devenus incontournables dans la politique européenne. Avec le Pacte Vert notamment, l’UE s’est fixée des objectifs de décarbonation très ambitieux à l’horizon 2030, puis 2050. Les transports représentant un quart des gaz à effet de serre de l’UE, les enjeux sont énormes pour notre secteur.
L'électrification des véhicules, ciblée par les normes européennes pour les nouveaux véhicules, est un des vecteurs de cette transformation. Mais l’électrique dans les transports lourds se heurte à plusieurs difficultés : les solutions viables sont rares pour le moment, avec des coûts très élevés, et elles sont non européennes pour la plupart (chinoises le plus souvent).
Je suis favorable à des vraies solutions de transition, qui permettent de baisser de façon sensible les émissions de gaz à effet de serre des véhicules lourds, et qui favorisent l’industrie européenne. L’hydrogène avec pile à combustible, les biocarburants et les biogaz sont des solutions à développer.
Il sera nécessaire d'agir sur plusieurs autres aspects. Le partage entre transports individuels et collectifs par exemple. Il faut aussi encourager l'utilisation des transports en commun et des solutions de mobilité partagée pour réduire la dépendance aux véhicules individuels.
Pour que les citoyens acceptent les transformations nécessaires pour atteindre les objectifs de décarbonation, la transition écologique doit préserver les ménages aux plus faibles revenus et ceux qui sont les plus éloignés des agglomérations. En déployant des solutions de transport partagées et adaptées aux contraintes des territoires, les transports publics permettent de répondre aux objectifs de transition du Pacte Vert.
À titre personnel…
J’espère une Europe plus unie qu’elle ne l’est aujourd’hui, même si cela peut sembler utopique. L’Europe est aujourd’hui très affaiblie, et j’ai le sentiment que les Etats de l’UE agissent avant tout pour leurs propres intérêts économiques.
Pendant ce temps, la Chine qui a fourni, en 2023, 35% de la production industrielle de la planète s’apprête à inonder l’Europe pour écouler des biens manufacturiers à bas prix qui ne trouvent pas preneurs sur son marché interne. C’est une vraie menace pour nos industries qui subissent une concurrence énorme, et l’Europe doit permettre de les protéger plus qu’elle ne le fait aujourd’hui.
Les questions de défense sont revenues sur la table suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il semble plus important que jamais que l’Europe parle d’une seule voix en termes de défense et sécurité.
3 souhaits pour l’avenir
Nathalie Terquem, présidente des Femmes chefs d’entreprise (FCE) Béarn Pyrénées-Atlantiques et co-gérante de GMT Conseil.
Pour les femmes chefs d'entreprise…
Même si nous sommes investies dans de nombreux mandats sociaux, il y a encore du chemin à faire afin que nous ayons plus de représentativité dans les instances, dans la gestion de notre territoire.
Créer une entreprise lorsqu’on est une femme est plus compliqué, car les garanties qui vous sont demandées sont plus exigeantes que lorsque vous êtes un homme. Nous avons toujours besoin de prouver que nous avons les compétences et la capacité à entreprendre. De fait, les femmes qui souffrent, pour beaucoup, du syndrome de l’imposteur, à l’inverse des hommes hésitent avant de se lancer dans l’entreprenariat. Très heureusement nous constatons que les écarts tendent à se réduire avec l’arrivée d’une jeune génération d’entrepreneurs/res.
Et puis, nous rencontrons des problématiques communes à tout chef d’entreprise . Nous avons besoin de réponses pratiques, réalistes et cohérentes sur la gestion de nos entreprises soumises aux réalités du quotidien.
Il est énormément question de la préservation du pouvoir d’achat. Cependant en actant le fait de conserver l’acquisition des congés payés aux salariés en arrêt maladie, c’est par voie de conséquence accélérer la pression fiscale sur les entreprises qui le répercutent sur leurs tarifs donc sur les particuliers et les professionnels. Sur le même thème l’augmentation des jours de carence (de 3 à 7) financés par les entreprises. Les TPE/PME que nous sommes, et qui représentent une partie non négligeable de présence économique sur notre territoire, appréhendent avec inquiétude les conséquences financières qui vont encore peser sur notre organisation et notre trésorerie au quotidien.
Pour rappel, une chef d’entreprise est une personne qui a décidé d’être acteur de son territoire en misant ses fonds personnels, parfois en hypothéquant sa maison et ce dans le but de créer de la richesse.
Un autre sujet important, et nous les FCE qui sommes sur le terrain en intervenant dans les collèges et lycées tout au long de l’année, en sommes plus que conscientes. Il est vraiment nécessaire d’ouvrir les écoles aux entreprises. J’entends par là développer des actions d’interractions entre chefs d’entreprises et élèves aux fins de développer l’envie d’entreprendre, de dégenrer certains secteurs d’activités et de donner l’envie aux jeunes générations d’oser.
Pour l’entreprise…
La Nouvelle Aquitaine se place en tête des régions françaises en termes de R&D. Pour autant, en tant que petite entreprise qui fait de la R&D, obtenir des aides et des subventions européennes relève du parcours du combattant. J’aimerais avoir des interlocuteurs clairement identifiés auprès de la région et/ou de l’Europe. Des interlocuteurs qui prennent nos dossiers en compte et qui nous accompagnent vraiment, concrètement, jusqu’à leur aboutissement. Les TPE/PME qui représentent une part importante de notre économie sont un vivier de compétences. J’ai, certains jours, l’impression que nous sommes vouées, à ramasser les miettes des grandes entreprises, ce qui veut dire que les règles du jeu sont faussées dès le départ. A cela se rajoutent les disparités entre les régions quant aux critères d’accès. Alors oui, c’est un « coup de gueule » que je pousse. Mais à un moment donné, il faut que nos institutionnels que nous élisons se penchent sur les réalités et problématiques du quotidien des entreprises et sur la souffrance des chefs d’entreprise. Les subventions européennes sont des soutiens financiers destinés à développer et valoriser la compétitivité de l’ensemble des acteurs économiques que sont les entreprises en général, et c’est grâce aussi à cela que la Région Nouvelle Aquitaine, plus grande région de France, brille par ses filières d’excellence en matière de recherche et d’innovation.
À titre personnel…
Dans un monde parfait, je pourrais garantir un avenir sécurisé, rassurant et pleins de beaux objectifs à mes enfants. Mais dans ce monde parfait, tout serait tellement plus simplifié, moins pollué matériellement et immatériellement, plus axé sur l’Humain et son évolution vertueuse.
Mais hélas il n’y aura jamais de monde parfait. Donc je vais me contenter de souhaiter avoir plus de temps pour ma famille et mes amis, et surtout pour pouvoir accompagner mes enfants au mieux dans leurs objectifs de vie personnelle et professionnelle. Et si j’y parvient le monde sera pour moi « presque » parfait.
3 souhaits pour le futur
Hubert Forgeot, président de la French Tech Pays Basque et président d’Aguila Technologies
Pour les start-ups et la French Tech…
J’aimerais voir la création d’un réseau européen – inspiré de la French Tech - intégré pour les entreprises de la tech qui facilite les collaborations notamment transfrontalières.
Pour mon entreprise…
J’espère qu’Aguila pourra poursuivre son développement européen dans plusieurs pays de la zone, renforçant ainsi sa présence sur le marché et sa capacité à innover grâce à une diversité culturelle accrue.
À titre personnel…
Je souhaite que l’Europe aille encore plus loin dans l’éducation européenne dès le plus jeune âge afin de maximiser les expériences multi culturelles européennes. Promouvoir une culture d’innovation, de responsabilité sociale, dès le plus jeune âge.
A lire également – Les souhaits de Cyril Gayssot, Marie-France Cazalère et Christian Houel.
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