Pour rappel, les Européennes se déroulent dans les 27 États membres de l’Union Européenne. Elles permettront d’élire les 720 députés qui siégeront au Parlement européen à Strasbourg. C’est pour l’Allemagne qui aura le plus d’eurodéputés (91), devant la France (81), l’Italie (76) et l’Espagne (61).
3 souhaits pour demain
Cyril GAYSSOT, entrepreneur social co-fondateur de FMS à Saint Geours-de-Maremne
Je souhaite une Europe qui soit un instrument, force motrice, du progrès et de la justice sociale. Une Europe créatrice, optimiste dans le respect de la dignité et de la liberté de conscience de chaque citoyen.
Pour l’Economie Sociale et Solidaire…
Je souhaite la reconnaissance européenne pleine et entière de l'Economie Sociale et Solidaire et de ses acteurs. En promouvant l’économie sociale et solidaire au niveau européen, pour proposer une fiscalité́ adaptée aux organisations y répondant (Entreprises sociales inclusives, coopératives, mutuelles, associations…) et pour soutenir les entreprises créatrices d’emplois qui placent l’écologie, l'utilité sociale et l’intérêt général au cœur de leurs modèles et de la production de biens et services. L'Europe porte et développe la création d'un fonds d'investissement de développement et de changement d'échelle des entreprises de l'ESS en lien avec les Régions. Il faut favoriser le développement de l’économie sociale et solidaire au niveau européen en étendant les programmes de financement des entreprises sociales et en facilitant leur accès aux financements européens.
Pour l’entreprise adaptée FMS…
Je souhaite la reconnaissance européenne d'un modèle de l'Entreprise Sociale Inclusive. Mais aussi l'existence d'un modèle d'entreprise qui pérennise l'emploi de plus de 30% de personnes en situation de handicap ou de personnes défavorisées dans la dignité et le respect des capacités de chacun de ses salariés. FMS est une entreprise qui a fait de l'emploi de ces personnes l'un de ses buts et pas seulement un moyen. Il faudrait augmenter les financements qui soutiennent les projets innovants de ces entreprises, notamment dans les solidarités et le bien-être, les solutions pour la transition écologique, l’économie circulaire, la compensation des conséquences du handicap ou toute limitation des capacités des êtres humains.
À titre personnel…
Je souhaite que l’'Europe travaille et instigue des politiques publiques fortes aux côtés des États membres afin de faire en sorte que l'espace de vie qui nous est commun soit de plus en plus habitable par tous. Je souhaite aussi un droit universel solidaire, doté de moyens financiers de compensation des situations de handicap et des limitations. Il faudrait expérimenter en Europe que les compétences des êtres humains (capital humain/capital compétence) au sein de l'entreprise ou de toute structure économique soit une richesse de l'entreprise et non pas une simple charge. C'est-à-dire d'expérimenter la modification de la norme comptable par la valorisation de l'être humaine comme un actif du patrimoine de l'entreprise et non pas comme une charge d'exploitation. L’être humain doit être au cœur des enjeux de l'humanité dans le respect des valeurs et principes de liberté, égalité et fraternité.
Souhaits pour l'avenir
Marie-France CAZALÈRE, haut-fonctionnaire, originaire du Béarn
Je mesure d’autant plus l’importance des prochaines échéances, que j’ai été pendant 30 ans en charge de questions européennes, en tant que fonctionnaire au ministère de l’Agriculture, porte-parole du gouvernement français dans les groupes d’experts à Bruxelles sur l’agriculture et l’alimentation. J’ai aussi participé pendant cinq ans aux Conseils des ministres de l’Agriculture à Bruxelles, en tant que responsable du secteur agriculture pêche alimentation au Secrétariat général des Affaires européennes (SGAE), auprès du premier ministre, qui est chargé de la coordination entre les ministères pour définir la position française dans les instances européennes.
Européenne convaincue, j’apporte une attention particulière aux prochaines élections car j’ai conscience de l’importance du rôle du Parlement au sein des institutions européennes notamment depuis la réforme du traité de Lisbonne de 2009. En effet, en application de ce texte la majorité des domaines d’activité de l’Union européenne relève de la codécision, cela veut dire que, pour qu’un texte législatif soit adopté au niveau européen, il faut que le Conseil (c est à dire les représentants des gouvernements) et le Parlement se mettent d’accord.
Avant 2009, les gouvernement seuls pouvaient décider dans de nombreux domaines, notamment celui de l’agriculture, sur simple avis du Parlement. Donc aujourd’hui, le Parlement a le pouvoir de bloquer en s’opposant aux propositions de la Commission et de paralyser l’Europe.
Je souhaite donc que le prochain Parlement européen soit constructif, qu’il ait le projet de bâtir avec le Conseil une Europe de progrès, car avec l’Europe la France est plus forte.
J’attends que l’Europe soit en pointe dans la lutte contre le réchauffement climatique, qu’elle soit indépendante sur le plan énergétique, qu’elle élabore une réelle politique de justice sociale et fiscale.
Il me paraît important aussi que, dans le contexte actuel, l’on donne les moyens à l’Europe de se défendre en la dotant d’un budget défense conséquent. Et enfin, dans ce monde en folie, j’attends de l’Europe qu’elle prenne des initiatives en faveur de la paix. Bref, j’appelle de mes vœux une Europe puissante et aussi qu’elle respecte sa devise « unis dans la diversité ».
3 souhaits pour le futur
Christian HOUEL président d'ADI N-A, Agence de développement et de l'innovation en Nouvelle Aquitaine
A titre personnel et industriel, c'est vraiment contrasté. Il y a un réel besoin de l'Union européenne et je la défends. Mais au quotidien, il y a une inquiétude légitime, non prise en compte pour les entreprises de tous secteurs.
Pour l’industrie…
Pour nos Industriels, il y a beaucoup trop de normes, avec des contraintes dans les délais d'application. Dans certains secteurs, il n'existe pas de produits de substitution (plomb, chrome, directives ROHS...) ce qui implique des dérogations et oblige à conserver des process de fabrication tout en développant et en industrialisant de nouvelles technologies. En parallèle, il faut intégrer des outils, des machines de production, former les équipes, recruter des compétences… Bien sûr, il y a un effet positif en matière de R&D générant de véritables avancées technologiques. Mais, cela pèse sur les finances et les marges des entreprises et, à mon sens, ne contribue pas à l'amélioration de la productivité avec des conséquences au niveau de la compétitivité et, sur le plan humain, du bien-être au travail (QVT). Tous les industriels le comprennent bien, la politique industrielle de l'Union européenne est de rendre nos industries plus compétitives, plus "vertes" afin de conserver une croissance durable et en favorisant la création (maintien) d'emplois, je sais combien c'est difficile mais il faut aussi entendre les revendications souvent contradictoires comme "nos élus Européens devraient aller sur le terrain à la rencontre des gens qui travaillent et qui souffrent de leurs décisions" !
Pour ADI Nouvelle Aquitaine…
L’agence a une mission d'intérêt général au service de l'économie régionale en informant, connectant et accompagnant les entreprises dans tous les secteurs d'activité. Notre équipe regroupe 82 personnes qui innovent au service des transitions tant sociétales, environnementales, énergétiques que numériques et technologiques. ADI N-A dispose d'un service Europe dédié et à ce titre permet aux entreprises d'être informées et de répondre à des appels à projets européens.
Je souhaite le développement de programmes comme EDIH Dihnamic, à destination de tous les pays européens, réalisé en partenariat avec la Région Nouvelle Aquitaine. C'est un projet collaboratif sur 3 ans, piloté en Nouvelle Aquitaine par ADI N-A, qui réunit 12 partenaires majeurs de la recherche, de l'innovation et de la formation. L’objectif pour les collectivités, les TPE-PME & ETI est d'accéder à un ensemble de services permettant d'intégrer les technologies digitales avec le potentiel d'intelligence artificielle, afin d'accélérer et d'orienter leurs transitions numériques et écologiques. Dihnamic propose des services autour de l'IA, l'Internet des objets, la robotique... Sans la contribution de l'Europe, ce programme n'aurait pas été possible.
À titre personnel…
Certainement beaucoup d'utopie, mais il est important et possible de rêver au futur ! L'Europe actuelle est à réformer. Nous devons avoir une Europe unie, solidaire et fédératrice, mettre en place une véritable gouvernance, forte et élue sur du long terme. Le système de présidence tournante, tous les 6 mois (même en trio), ne me semble pas appropriée (politique des petits pas) aux besoins des pays membres de l'UE et encore moins face aux difficultés que nous rencontrons au niveau de la souveraineté industrielle, de la défense, en matière fiscale, économique et sociale, culturelle... Il y a trop de disparités entre les pays, il faut réduire le nombre de pays, revoir le modèle en ayant des membres fondateurs, puis intégrer des membres associés. Et, c'est du bon sens. Il faut d'abord apprendre à travailler ensemble. Nous avons mis 50 ans à créer une monnaie unique, alors il va falloir des siècles pour harmoniser et avoir des "outils" communs tels que les imaginaient les "Pères" fondateurs français de cette Europe (Robert Schuman, Jean Monnet, puis Jacques Delors et bien d'autres). Pendant ce temps-là, les États-Unis, l'Inde, l'URSS, la Chine eux avancent à grande vitesse sur tous les sujets et nous regardent (en ricanant) nous chicaner et nous affaiblir, alors que c'est tout l'inverse qu'il faudrait montrer au Monde...
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