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Une épargne citoyenne pour financer les exploitations agricoles de demain

C'est la mission de Fermes En Vie (FEVE), une structure bordelaise fondée il y a deux ans et demi par trois entrepreneurs soucieux d’accélérer la transition agroécologique. L'objectif : acheter des exploitations et les louer à des porteurs de projets responsables.
Une ferme dans les Landes reprise par Fermes en Vie.Photo : FEVE.
Aujourd'hui, ce sont 7 exploitations qui ont été achetées par FEVE, dont une dans les Pyrénées-Atlantiques, et surtout deux dans les Landes. C'est par exemple le cas à Parleboscq, dans la Ferme du Trey gérée par Julie et Vivian...

Cela fait plusieurs années maintenant que le monde agricole a tiré la sonnette d'alarme concernant son avenir : c'est un secteur vieillissant, et près de la moitié des exploitants aujourd'hui se dirigent vers la retraite sans avoir de repreneurs pour leurs terres. « Pour les jeunes, le foncier est un souci. C'est très difficile de s'installer quand l'on est hors du cadre familial, car cela revient bien trop cher... », commence Vincent Kraus, l'un des trois fondateurs de Fermes En Vie (FEVE). « En plus de cette donnée, nous souhaitions accélérer la transition agroécologique, non pas en changeant les pratiques déjà en place, mais en participant au changement des exploitations elles-mêmes ».

C'est ainsi que le projet est né. Mais aussi ambitieux soient les trois entrepreneurs, ces derniers avaient besoin de fonds. « On s'est dit qu'on allait s'organiser en épargne citoyenne. C'est-à-dire que ce sont des particuliers qui nous aident à collecter des fonds en achetant des actions des exploitations ». Des actions disponibles à partir de 500 euros, pour des participations qui s'élèvent en moyenne tout de même à 10 000 euros.

« Pour ces personnes, ça leur permet de savoir où ils placent leur argent, et comment. Ils sont donc considérés comme propriétaires d'un pourcentage du foncier, comme cela pourrait être le cas en SCPI si l'on parle d'immobilier ». Un investissement qui, de par sa dimension solidaire et responsable, entraîne également une réduction d'impôts sur le revenu à hauteur de 25%.

Vivian (à gauche) discute avec Vincent Kraus (à droite) sur son exploitation.
Photo : FEVE.

« Nous sommes basés à Bordeaux, mais nous avons également des équipes à Toulouse et Paris. Cela nous permet aujourd'hui d'avoir racheté 7 exploitations en France, dont 3 dans le Sud-Ouest : la ferme de Barthouil dans le 64, la forêt de Higas dans les Landes, et la ferme du Trey, également dans les Landes. « Pour ce dernier projet, nous les avons accompagnés dans leur transition, car l'exploitation n'était pas en agroécologie », poursuit Vincent Kraus, évoquant un projet estimé à près de 2,5 millions d'euros.

C'est Julie et Vivian qui sont aux commandes de ce projet responsable visant à diversifier les cultures, arrêter le labour, et à implanter des couverts végétaux pour mieux stocker le carbone et l'eau dans les sols. Le couple loue donc l'exploitation à FEVE, une situation bien plus confortable lui permettant d'investir de l'argent dans la concrétisation de son projet, avant de pouvoir, s'ils le souhaitent, lever l'option d'achat contractuelle et acquérir définitivement la ferme.

« Ils avaient entamé plusieurs tentatives d'installations qui se sont toutes soldées par des échecs pour différentes raisons. Au fil du temps, ils commençaient à perdre espoir, jusqu'à ce qu'on les accompagne ». Un soutien pratico-pratique, puisque FEVE accompagne les porteurs de projets avant leur installation, notamment auprès des banques, puis pendant la première année pour évoquer avec eux leurs projets, les évolutions, etc. « L'objectif est de partir sur un projet stable, et de viabiliser l'exploitation ».

Bien que les Landes soient un territoire privilégié pour FEVE, puisqu'il est le seul département de France à accueillir deux exploitations de l'entreprise, cette dernière souhaite continuer à se développer. Dans le Sud-Ouest, avec notamment un projet de financement dans le Gers, mais de façon plus globale dans tout le pays, avec une dizaine de projets de financement en cours. « À court terme, l'objectif est de financer entre 12 et 15 projets. Pour cela, nous visons une enveloppe de 10 millions d'euros de récoltés en 2023 ». Des chiffres ambitieux que FEVE souhaite ensuite doubler en 2024...

Timothé Linard

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