Comme on pouvait s’y attendre, Latécoère a annoncé fin janvier un chiffre d’affaires 2020 en net recul. L’équipementier toulousain n’aura finalement engrangé que 431,2 millions d’euros l’an dernier, contre 713,1 millions en 2019. Une chute de plus de 40%. Les deux segments d’activité du groupe ont à peu près également souffert : l’activité aérostructures est en recul de 43,1%, celle des systèmes d’interconnexion (meubles avioniques, harnais électriques, bancs de tests) de 37,5%.
C’est sur ce dernier créneau qu’opère l’usine landaise de Liposthey, forte de plus de 30 ans d’expérience dans le câblage, activité complexe (un meuble avionique comporte plusieurs kilomètres de câbles), méticuleuse et reposant largement sur les « petites mains ».
Comme les autres, le site a été secoué par la crise sanitaire et n’a pu conserver ses intérimaires, mais sa centaine de salariés en CDI n’a pas été touchée par le plan social de l’équipementier, qui aux dernières nouvelles avait été revu à la baisse, ne prévoyant plus que la suppression de 246 postes sur 1.504 en France.
Vers une diversification de la clientèle…
Le site de Liposthey (Latelec), qui s’étend sur 4.800 m2, travaille notamment pour son voisin Dassault (sur les programmes Falcon 7X et 8X), à Mérignac, ainsi que pour Airbus et ATR. Il est au centre d’un « projet transversal, global et offensif » de transformation de la branche systèmes d’interconnexion de Latécoère.
Au total, 20 millions d’euros seront investis dans la construction d’un pôle d’excellence industrielle. Dans le cadre du plan de relance de l’industrie française, l’État participera à hauteur de 4,4 millions. Le site de Liposthey, centre stratégique du projet, « poursuivra son activité de production, mais il évoluera pour devenir un véritable laboratoire technologique pour le développement d'initiatives de modernisation ».
Avec sa nouvelle usine intelligente, Latécoère espère des gains de productivité de l’ordre de 40% pour certaines opérations, et ainsi combler son déficit de compétitivité par rapport aux pays à bas salaires du sud-est asiatique.
« Il y aura beaucoup de digitalisation et d'automatisation dans les initiatives déployées, afin d'accompagner le travail des équipes et d'être plus efficace, avec par exemple l'utilisation de bras robotiques (ou "cobots") pour l'assistance au routage des harnais, la numérisation dans les opérations logistiques, voire la gestion de production numérique », expose Latécoère.
Certaines opérations ont déjà commencé à être automatisées via l’achat d’équipements. À terme, les salariés mobilisés sur ce type d’opération pourraient monter en compétences.
Car cette modernisation ne devrait pas avoir d’effet négatif sur l’emploi : selon l’équipementier, elle « rendra de nouveaux marchés accessibles grâce à des investissements technologiques et des innovations de rupture. Cela se traduira par plus d'agilité et de réactivité, afin de mieux répondre aux besoins des clients ».
En d’autres termes, son investissement pourrait permettre à Latécoère de diversifier sa clientèle, par exemple en l’étendant aux secteurs du ferroviaire, du naval, de l’énergie ou même de la santé.
Au Mexique, l’entreprise fabrique déjà des harnais pour des respirateurs. Mi-février, Latécoère a d’ailleurs annoncé avoir finalisé dans ce pays l’acquisition de l'activité « systèmes de câblage électrique et d'interconnexion » de Bombardier, à Querétaro.
Si sa stratégie fonctionne, Latécoère ambitionne à terme de bâtir 1.600 m2 supplémentaires sur Liposthey. En attendant, on espère que l’équipementier parviendra à se relancer cette année.
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