Alors que le ministère de la Transition écologique et solidaire a lancé en janvier un appel à manifestation d’intérêt (AMI) sur la production de biocarburants aéronautiques durables, commence à se dessiner la perspective de voir naître une filière dans le Grand Sud Ouest.
Ce mardi en effet, étaient réunis du côté de Bordes, au siège de Safran Helicopter Engines, une dizaine d’industriels et d’institutionnels, tous signataires d’une lettre d’intention visant à étudier « la faisabilité technologique et économique de la création d'une filière d'approvisionnement en biocarburants aéronautiques dans le Sud-Ouest de la France ».
Euralis, Teréga, ACD (Aquitaine Chimie Durable), Chemparc, Agri Sud-Ouest Innovation, Xylofutur, la CCI Pau Béarn, l'Université de Pau et des Pays de l'Adour et le pôle de compétitivité Aerospace Valley se sont ainsi associés à cette démarche aux côtés de Safran et de la Région Nouvelle-Aquitaine, qui a, on le rappelle, adopté sa feuille de route Néo Terra pour la transition écologique l’été dernier.
De la nécessité de structurer une filière…
L’industriel de Bordes, qui travaille déjà depuis un moment à la conception de turbines d’hélicoptères moins gourmandes et plus écologiques, sera naturellement le « moteur » de cette filière encore hypothétique, mais tout à fait envisageable compte tenu des possibilités agricoles et technologiques régionales et des entreprises présentes.
« Depuis dix ans, avec nos partenaires, nous valorisons la production de bioéthanol dans le Sud-Ouest. C'est fort de cette expérience que nous souhaitons nous engager dans la création d'une filière », a ainsi noté Christian Pèes, président d'Euralis, groupe coopératif basé à Lescar, fédérant aujourd’hui 12.000 agriculteurs.
L’annonce du lancement de cette réflexion régionale sur les biocarburants fait écho à la volonté gouvernementale d’atteindre 5% de biocarburants dans la consommation totale en 2030. Un objectif qui imposera nécessairement la structuration de filières pour garantir des volumes suffisants… Et des prix en adéquation avec les problématiques du secteur aéronautique. En cette matière comme en d’autres, l’union fera la force.
« Le succès de cette transition environnementale nécessitera de mobiliser un éventail de technologies », a quant à lui expliqué Franck Saudo, président du leader mondial des turbines d’hélicoptères. « Safran Helicopter Engines est engagé sur plusieurs d'entre elles comme l'hybride électrique, le design de turbomoteurs optimisés ou les carburants alternatifs. La volonté de catalyser le développement d'une filière locale de biocarburants répond à cet objectif. Nos moyens d'essais moteurs pourront servir au développement de carburants alternatifs plus avancés sur le plan environnemental ».
L’objectif de l’industriel béarno-landais est de concevoir des moteurs « qui pourront accepter 100% de carburants durables à horizon 2030-2035 ».
L’étude de faisabilité lancée ce mardi devrait d’abord permettre d’évaluer les besoins et les savoir-faire locaux, ainsi que de questionner la rentabilité de cette future filière. Les premiers résultats de ces réflexions devraient être connus d’ici le mois de juin prochain.
Plus d’informations sur le site internet safran-helicopter-engines.com
Photo : Remy Bertrand - Safran
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