C’est encore une vieille histoire comme on les aime à PresseLib’ et en Pays d’Adour : celle d’un commerce né il y a 144 ans sur la place Clemenceau et d’abord nommé « Comptoir des denrées coloniales ». Lancé par Jean « l’oncle » Arostéguy en 1875, il fit la preuve de l’intérêt porté dès ces temps lointains aux produits exotiques et aux « saveurs venues d’ailleurs ». Pourquoi l’oncle ? Et bien tout simplement parce que celui-ci fit de son neveu Arnaud Arostéguy son successeur.
C’est à l’heure de la première guerre mondiale que le commerce prit ses quartiers dans la rue Victor-Hugo, où s’étale toujours son appétissante vitrine, aussi immuable que la ville elle-même. Marie Arostéguy tiendra la boutique pendant qu’Arnaud sera sur le front.
Félix Arosteguy et son Cyclecar Villard à la grande plage 1935.
Et puis viendront les jours meilleurs et les années folles. L’épicerie se muera en « English and American Store » et verra défiler Picasso, Chaplin, le futur roi Edouard VIII et bien sûr la riche clientèle russe de l’époque.
Bientôt, Félix Arostéguy prendra le relais, après avoir vécu et s’être formé à Londres et Paris. Père de Jacques et de la regrettée Maïder, ce fondu de moto tiendra boutique pendant plus de 50 ans, accueillant des personnalités comme le fils Hitchcock, Luis Mariano, Henri Genès ou Catherine Deneuve. Mais impossible de refaire en quelques lignes le roman de cette figure bien connue de tous les Biarrots.
La romanesque saga d’un commerce biarrot…
L’ancien sera bientôt rejoint par son petit-fils Pierre, toujours en place et sous la houlette duquel fut créée la marque « Maison Arostéguy », qui se décline en gammes de piments, de plats locaux et de mélanges d’épices qu’on peut retrouver dans une centaine de Monoprix, dans une soixantaine d’épiceries d’Europe et du Japon ainsi que sur la toile depuis… 1999, preuve que dans cette boutique-là, on a toujours su évoluer entre tradition et modernité aussi bien qu’entre le terroir et un certain exotisme.
Pierre Arostéguy s’en ira lui-même chasser de nouvelles saveurs partout dans le monde, avec une prédilection pour currys et chutneys. Et il sera bien sûr l’un des grands artisans de l’AOP piment d’Espelette, dont il contribuera à élaborer le cahier des charges.
C’est dans les années 2000 que seront créés les mélanges d’épices qui ont fait un autre succès de la Maison Arostéguy. On pense évidemment à la désormais célèbre Force Basque, un genre de « sel fou » mêlant fleur de sel de Guérande, piment de vous savez où, baies roses et persil. Mais on pense aussi à cette « Force de l’Océan » inspirée par le poivre japonais budo sencho, qui y rejoint le sel de Salies et les filaments de safran.
Dans le même temps, l’illustre boutique sera rafraîchie, mais tout en conservant son élégance d’antan. Quelques séances photos, un émouvant voyage au Chili, une nouvelle identité visuelle et un lancement de conserves de la mer plus tard, Pïerre Arostéguy peut maintenant arroser ses 30 années de boutique. Et oui, déjà…
Bien entendu, l’histoire n’est pas terminée. Elle n’en est jamais qu’à sa cinquième génération… Pierre Arostéguy et Peio Etchelecu, dirigeant de la fromagerie Agour, se sont associés pour reprendre et remanier la boutique de Mille et Un Fromages, aussi dans la rue Victor-Hugo et fondée… en 1902.
Encore un nouveau chapitre ouvert dans la longue histoire de l’inusable comptoir biarrot. Et du commerce local…
Plus d’informations sur arosteguy.com
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