Depuis plusieurs années, Mémoires et partages mène un combat rageur contre Biarritz. En décembre 2023, le Tribunal administratif de Pau avait rejeté la requête de cette association bordelaise. Il avait jugé que cette dénomination historique ne pouvait pas être considérée comme portant « atteinte au principe de sauvegarde de la dignité humaine ».
Les Biarrots étaient satisfaits, eux, qui n’y voyaient surtout pas une injure. Seulement, une locution comme une autre pour signer ce quartier autour de leur gare.
Ce jeudi 6 février, en appel, les magistrats bordelais ont jugé que, « quelles que soient l’origine supposée de cette appellation et sa dimension historique revendiquée par la commune de Biarritz, le terme “La Négresse” évoque aujourd’hui, de façon dévalorisante, l’origine raciale d’une femme dont l’identité n’a d’ailleurs pas été formellement identifiée ». Pour le moins surprenant !
Contrairement au Tribunal palois, cette Cour administrative se permet donc d’affirmer que ce mot est « de nature à porter atteinte à la dignité de la personne humaine » et qu’il comporte « un caractère offensant à l’égard des personnes d’origine africaine ». Sans commentaires...
La maire de Biarritz, Maider Arosteguy, n’a pas l’intention de rester sans réaction et envisage de saisir le Conseil d’État, simplement pour montrer que les Biarrots sont attachés à ce nom de quartier : « Ils sont choqués de cette lecture et ne comprennent pas qu’une association extérieure à la ville vienne imposer sa décision. Ils portent des valeurs d’ouverture au monde, d’accueil, de respect. Ce procès renvoie une mauvaise image d’eux ».
Cette manière de vouloir détricoter ainsi le passé, en allant chercher tous les prétextes, contre l’avis même des habitants d’un quartier, d’une rue, ne peut qu’inquiéter… Où s’arrêtera-t-on ?
Deux versions autour de La Négresse…
Jusqu’au XIXe siècle, le quartier s’appelait « Harausta », « terre poussiéreuse », en basque. Des chercheurs ont émis une hypothèse peu connue : La Négresse serait simplement une déformation de « lane gresse » (landes d’argile) faisant référence à des terres argileuses, dans un quartier de potiers et de briqueteries.
L’autre version, la plus connue, vient d’une légende racontant que, dans les années 1810, une femme noire y tenait une auberge. Les soldats de Napoléon Ier l’auraient alors surnommée « la négresse ».
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