L'association « Femmes Chefs d'Entreprises (FCE) Pays Basque » est un pilier dans la promotion du leadership féminin dans la région, et elle va célébrer ce 27 septembre 2024 ses 30 ans d'existence. Créée pour soutenir et fédérer les femmes entrepreneuses, l'association œuvre à renforcer la visibilité des femmes dans le monde économique et à promouvoir leur rôle au sein des entreprises.
L'objectif de la FCE Pays Basque est multiple : elle permet à ses membres de partager leurs expériences, d'accéder à des conseils juridiques, économiques, et environnementaux, tout en promouvant la sororité et l'innovation dans un environnement en constante évolution.
L'association se distingue par ses actions en faveur de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), de la digitalisation, et par son engagement dans l'égalité des chances, notamment en incitant plus de femmes à entrer dans les secteurs de la Tech et du numérique.
Sous la présidence de Nahima Selouane, l'association continue à croître et vise à atteindre plus de 50 membres. Elle joue également un rôle clé dans la représentation des femmes au sein des instances patronales locales et nationales.
Chaque année, elle se mobilise autour de causes sociales et soutient des projets novateurs.
Nous avons rencontré Nahima Selouane, jeté un œil dans le rétroviseur, avons tiré un bilan de ces 30 années et abordé les défis à venir...
FCE Pays Basque célèbre ses 30 ans. Quelques moments marquants de son histoire ?
Nahima Selouane : La genèse, car elle symbolise et constitue notre ADN. C'était en 1945... des femmes, veuves de guerre, ont décidé sous l'impulsion de Mme Foinant de se regrouper et de créer l'association des Femmes Chefs d'Entreprise afin de continuer à développer les sociétés de leurs défunts époux et à conserver les emplois. Notre slogan est « Seules nous sommes invisibles. Ensembles nous sommes invincibles ». Ça dit tout non ?
En quoi le rôle des femmes dans le monde des affaires a-t-il évolué et comment FCE a contribué à cette transformation ?
N.S - Le rôle des femmes dans le monde des affaires a évolué car elles ont su défendre l'intérêt des femmes auprès des grandes instances dirigeantes et patronales afin d'obtenir des droits. L'Union patronale (aujourd'hui appelé Medef) dans les années d'après-guerre a soutenu cette initiative. Aujourd'hui ce que nous avons acquis nous leur devons. A nous de faire évoluer et faire grandir ces acquis, pour nous et les générations futures de Femmes Chefs d'Entreprise avec les innovations de notre temps. Aujourd'hui, la part des entreprises dirigées exclusivement par des femmes est de 22,5% d'après Infogreffe.
Dans certains secteurs d'activités comme dans la Tech, seulement 8,5% des fondateurs sont des femmes. Il reste encore beaucoup à faire et nous souhaitons contribuer au rayonnement de toutes ces femmes qui osent et créent de la valeur sur notre territoire.
Les principales qualités d'un leadership féminin efficace ?
N.S - Dans le contexte actuel et en général, les principales qualités d'un leadership féminin sont :
Rester positive et optimiste,
Savoir s'entourer et écouter,
Rester focus sur ses objectifs,
Transformer la peur ou crainte en énergie positive,
Savoir motiver et entraîner ceux qui nous entourent,
Insuffler un dynamisme et engager les femmes à être audacieuse
La RSE est devenue un enjeu clé. Comment la FCE Pays Basque sensibilise-t-elle à son importance ?
N.S - D'abord, dans la pratique au quotidien, au sein de nos entreprises. Car, c'est par l'exemple que nous pouvons contribuer à engager les autres. La RSE ce n'est pas nouveau. La réglementation vient appuyer le fait qu'il devient nécessaire pour les entreprises d'adopter des pratiques nouvelles pour être compétitive et continuer demain à exister. Le risque c'est le greenwashing !
Dès lors qu'une entreprise met en place des solutions en faveur de ses équipes tout en préservant l'environnement, elle est dans la RSE. Et cela, sur notre territoire, beaucoup d'entreprises le pratiquent, mais n'en parlent pas. Surtout les TPE et PME !
Pour nos 30 ans, nous avons décidé de dédier cet anniversaire à toutes les entreprises. Les thématiques abordées, lors des conférence de l'après-midi du 27 septembre prochain au Connecteur, porteront sur la RSE, le climat, l'économie... et le thème phare sera « Innovation & Humanisme ».
Les femmes étant moins nombreuses à entrer dans les secteurs de la Tech et du digital, quels conseils donneriez-vous aux dirigeantes qui hésitent à s'y engouffrer et adopter l'IA dans leurs activités ?
N.S - Il faut voir comment l'Intelligence Artificielle transforme les entreprises. C'est tout le thème de notre conférence. L'IA est un outil comme un autre. Lorsque le pack office est arrivé, il a transformé le papier et le stylo, mais pour autant les papeteries sont toujours là.
L'IA est un outil comme un autre. Se former à cet outil est indispensable pour une utilisation optimale. Mais là encore, pour entraîner les IA, il est nécessaire que les femmes s'y intéressent notamment pour la pérennité de leur entreprise et gagner en compétitivité et attractivité. Les modèles d'affaires évoluent même lorsqu'il s'agit d'économie circulaire.
Quels défis pour les femmes entrepreneures dans les années à venir, et comment les accompagner pour les surmonter ?
N.S - Les défis sont nombreux ! En premier lieu, celui de l'emploi. Nous avons un problème de recrutement sur notre territoire, faute de logement accessibles, et cela impacte la dynamique économique des entreprises. Il est urgent de trouver des solutions. Dans un second temps, l'Innovation, car adopter de nouveaux outils pour être plus efficace ou pour exporter devient un enjeu majeur.
Les réglementations comme la RSE, CSRD, la Taxonomie et autres que les entreprises ne maîtrisent pas, doivent faire l'objet d'un accompagnement. D'autres thématiques sont aussi à prendre en compte comme la santé des femmes entrepreneures ou encore les lourdeurs administratives...
Notre association, nous permet de faire état de ces sujets lors de nos réunions mensuelles. Nous allons accélérer sur ces sujets essentiels grâce à des intervenantes de qualité présentes au sein de notre association pour relever les défis actuels et futurs. Le partage de connaissances et d'expériences, c'est aussi cela une association.
Quel regard ou bilan portez-vous, depuis que vous êtes présidente, sur l'entrepreneuriat au féminin au Pays basque ?
N.S. - Un regard positif, car à force de parler entrepreneuriat féminin, de plus en plus de femmes se questionnent. Elles cherchent à savoir comment se lancer, mais elles se posent aussi beaucoup de questions et se mettent beaucoup de freins là où les hommes foncent et verrons après le résultat. Insuffler une modernité quant à la manière d'entreprendre, oser briser les plafonds de verre et prendre la parole notamment auprès des étudiantes et étudiants pour leur donner envie de créer leur entreprise, est un exercice qui nous est de plus en plus demandé. Et c'est une très bonne chose que d'être ambassadrice pour telle ou telle activité.
Je souhaite que des femmes qui ont de belles entreprises sur notre territoire osent donner de leur temps pour promouvoir l'entrepreneuriat féminin notamment dans des secteurs où nous avons du mal à les obtenir. Elles pourraient apporter beaucoup pour leur filière et pour porter la voix localement. Je pense aux agricultrices, aux femmes du bâtiments, aux femmes de l'Industrie, aux femmes de l'artisanat ... Et si nous regardons de plus près, nous avons des pépites ! La jeunesse, et pas que, a besoin d'exemples, de moteurs pour un jour oser se lancer... Elle a besoin de s'identifier à d'autres... comme dans le sport finalement.
Les femmes ont des ambitions différentes des hommes lorsqu'elles créent leurs entreprises. Seulement 6% des femmes se lancent dans l'entrepreneuriat pour gagner de l'argent contre 25% des hommes.
Propos recueillis par Sébastien Soumagnas
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire